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Réclamer justice pour les martyrs de l'Union des Scolaires Nigériens (USN) : un appel renouvelé lors des Assises nationales

Assises Nationales Niger ouverture''L'histoire est marquée par des hommes forts et intègres'', Bagalé Kelloumi Malah, le 02 avril 2017, sur sa page Facebook.
A l'issue des Assises Nationales pour la refondation de la République, tenues à Niamey, du 15 au 20 février 2025, sous le haut patronage du Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la patrie (CNSP), chef de l'Etat, les participants ont fait des recommandations dans tous les domaines sociopolitiques et économiques du pays, passés à la loupe à travers cinq thématiques. La thématique n°5 a porté sur la ''Justice'' et les ''droits de l'homme''. À ce niveau, les participants ont recommandé de rendre justice au peuple nigérien en jugeant plusieurs dossiers dont celui du 09 février 1990. Il s'agit de ces trois étudiants, notamment Alio Nahantchi, Issaka Kainé et Abdou Mamane Saguir, tombés sous les balles de la répression policière, le vendredi 09 février 90, au cours d'une marche pacifique organisée par l'Union des Scolaires Nigériens (USN). Depuis, l'USN a toujours réclamé justice pour ses militants assassinés, mais ils n'ont jamais été entendus, malgré le rôle prépondérant joué par les scolaires nigériens dans l'avènement même de la démocratie et du multipartisme intégral au Niger. Même à la Conférence nationale oû les évènements du 09 février ont été abondamment débattus et utilisés contre le pouvoir de l'époque, l'affaire n'a pas été portée devant les tribunaux. Pourquoi ? Le peuple nigérien l'ignore encore.

Mais, certains dossiers ne s'oublient jamais dans la vie d'une nation, tant qu'ils n'ont pas été jugés. Comme des spectres, ils reviennent toujours hanter la République qu'ils rattrapent et interpellent. C'est cette mauvaise conscience de la République que les participants aux Assises Nationales ont exprimée en demandant la lumière sur les évènements tragiques du 09 février 90. L'on peut, désormais, espérer qu'avec le CNSP, jusqu'ici en phase avec le peuple souverain, que les parents des trois martyrs, pourront enfin faire le deuil de leurs enfants. Mais, en demandant la lumière sur le 09 février, les participants n'ont pas, eux, rendu justice à d'autres martyrs, plus récents, de l'USN. Il s'agit de Tahirou Harouna, Laminou Maikanti et Bagalé Kelloumi Mallah. Le premier, étudiant en 1ère année de philosophie, est tombé sous les tirs des forces de maintien de l'ordre le 10 mars 1994, soit 4 ans après le 09 février, au cours d'une manifestation estudiantine, au campus ; le deuxième, tombé le 06 décembre 2012, à Zinder, au cours d'une intervention musclée des forces de l'ordre ; et le troisième, étudiant en Licence Sociologie, mort dans les mêmes conditions, le 10 avril en 2017 sur le campus universitaire de Niamey. Si, relativement aux trois martyrs du 09 février 90, beaucoup de salive a coulé, pendant la Conférence nationale et même longtemps après, même si l'affaire n'a jamais été jugée, le peuple attend encore des éclaircissements sur l'assassinat des trois autres, à des moments différents certes, mais chaque fois sous la gouvernance de Mahamadou Issoufou. Lorsque Tahirou Harouna a été assassiné, Mahamadou Issoufou était Premier ministre chef de gouvernement de l'AFC ; et les deux autres, Laminou et Bagale, ont été fauchés par les tirs des forces de l'ordre, l'un en 2012 et l'autre en 2017, quand le même Mahamadou Issoufou était président de la République. Il faut rendre justice à l'USN, au peuple nigérien. Le peuple y a droit, l'USN le mérite. Pour que les parents de tous les martyrs de l'USN fassent le deuil de leurs enfants, pour que le Niger fasse le deuil de ses fils. ''La justice est l'honneur d'un pays'', dit Amadou Ousmane.
Bisso (Le Courrier)