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Rapport de la Cour des comptes : Les ressources de l’État entre les mains de quelques individus

Le rapport 2022 de la Cour des comptes n’a pas appris quelque chose de nouveau aux Nigériens. Les chiffres qui y sont publiés sont certes choquants, mais ils ne révèlent qu’un petit bout de l’Iceberg. « Des déclarations mensongères ! », a lâché le président de la Cour des comptes lors de son point de presse. Comment peut-on croire qu’un Abba Issoufou soit plus riche que Pierre Foumakoye Gado, Ouhoumoudou, le Premier ministre et ancien directeur de Cabinet du président de la République et ancien ministre des Finances. Et même Bazoum Mohamed, le président de la République. C’est un vaste cinéma, ont souligné nombre d’acteurs de la société civile présents lors de la présentation du rapport. Cet enrichissement exponentiel de la classe dirigeante nigérienne accorde largement du crédit à ceux qui qualifient les gouvernants actuels d’opérateurs politiques. Autant ils sont riches comme Crésus, autant le Niger est obligé, pour faire face à des dépenses de souveraineté, de contracter des prêts. Récemment, l’État a dû recourir à un emprunt obligataire de 30 milliards de francs Cfa et selon des sources crédibles du Trésor, l’État paie, chaque semaine, plus de 20 milliards de francs Cfa de dette extérieure. Ce qui rend difficile le paiement des fournisseurs intérieurs.

Les centaines de millions pour les uns, les milliards pour les autres, ne reflètent nullement l’énorme montagne de scandales financiers qui ont scandé la gouvernance publique sous Issoufou, puis sous Bazoum. Depuis plus d’une décennie, la corruption, les détournements des deniers et de l’aide publics, les trafics de drogue et d’armes ont été révélés à travers la presse et les réseaux sociaux. Les 1000 milliards contractés sous Issoufou auprès de Eximbank de Chine, les 200 milliards de l’uraniumgate, les 6 milliards dissipés à la Soraz, les huit milliards de la Centrale d’achat, eux de la Sopamin, les 24 milliards du budget nation affectés à l’achat de l’avion présidentiel, les 35 millions d’euros d’Areva pour le même achat de l’avion présidentiel finalement achetés à crédit, les 20 milliards de l’Artp, etc. Il y en a eu tellement que les déclarations de biens faites à la Cour des comptes est une grosse injure faite au peuple nigérien. Où sont passés les 1000 milliards d’Eximbank ? Dans l’escarcelle de ceux qui ont contracté le têt au nom de l’État mais dans la plus grande clandestinité ? Où sont passés les 200 milliards de l’uraniumgate ? D’abord dans le compte bancaire d’un escroc international logé à Dubaï et qui a ses atomes crochus à Niamey, puis probablement dans ceux qui l’ont utilisé. « Pour voler des milliards et échapper à la prison, a expliqué un ancien pensionnaire de la maison d’arrêt de Say, il suffit de partager avec ceux qui dirigent ». Et il s’en est bien sorti après des transactions menées par son avocat.

Qu’est-ce que la Cour des comptes peut révéler qui ne soit pas connu ? Le scandale financier du ministère de la Défense n’a-t-il pas coûté des centaines de vies humaines parce que des Nigériens, investis du devoir de défense et de protection, ont monnayé la sécurité de leurs concitoyens pour s’enrichir ? L’État nigérien, on le sait, n’a jamais été autant riche que sous la «renaissance». Mais il n’a jamais été autant spolié que sous ce régime où, manifestement faire main basse sur les ressources publiques est un talent apprécié au sommet de l’État.

Laboukoye