Que retenir de la gouvernance CNSP: 26 juillet 2023 – 26 mars 2025?
Le 26 juillet 2023 constitue un moment charnière dans l’histoire politique du Niger, marquant l’accession au pouvoir du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), sous la direction du Général Tiani. Cette prise de pouvoir répondait à un fort ressentiment populaire face à la gestion jugée inefficace et corrompue de l’ancien régime. Dans un contexte marqué par une insécurité galopante, une économie en difficulté et des problèmes de gouvernance structurelle, le peuple nourrissait des attentes claires visant à améliorer la sécurité, promouvoir la justice sociale et instaurer une bonne gouvernance. Après vingt mois passés à la tête du pays, le régime du Général Tiani bénéficie d’un large soutien populaire, non seulement pour avoir rétabli une certaine stabilité, mais également pour son engagement contre la corruption endémique . Toutefois, ce soutien est mis à l’épreuve par des défis importants, notamment la lenteur dans la mise en oeuvre des réformes promises. Parmi les principales attentes de la population figure la gestion des prisonniers politiques et militaires laissés en détention par l’ancien régime. Pourtant, après 20 mois, ces prisonniers demeurent incarcérés, générant frustration et sentiment d’injustice au sein d’une partie de la population. Parallèlement, des figures de l’ancienne élite, souvent accusées de détournements de fonds publics, continuent d’échapper aux poursuites judiciaires, exacerbant le malaise des citoyens qui réclament des actions concrètes pour mettre un terme à l’impunité. Malgré les efforts déployés par le CNSP et la collaboration des citoyens avec les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) , l’insécurité demeure omniprésente dans plusieurs régions du pays, notamment en raison des attaques terroristes perpétrées par des groupes armés tels que l’EIGS et d’autres factions. Ce fléau, qui menace la stabilité du pays, reste une priorité pour l’État, mais son éradication semble un objectif éloigné, alimentant le scepticisme au sein d’une population fatiguée par des années de violences. Un autre sujet de préoccupation majeur réside dans l’administration publique, où les structures sont largement influencées par l’ancien régime, provoquant une inertie administrative qui entrave la mise en oeuvre effective des réformes promises. La bureaucratie, souvent synonyme de lenteur et de corruption, constitue un obstacle significatif à l’efficacité gouvernementale. La majorité des Nigériens espérait que les conclusions des Assises Nationales, réunissant les divers acteurs sociaux et politiques, aboutissent à une gouvernance plus inclusive et réactive. Parmi les principales résolutions des Assises figurent l’instauration d’une justice sociale véritable, l’amélioration de la sécurité, une réforme administrative ambitieuse, et une lutte incessante contre la corruption. Ces attentes devraient servir de balise au Général Tiani, en particulier dans le domaine de la justice, de la sécurité et de la gouvernance.
Justice et transparence :
La population réclame une justice indépendante accompagnée de réformes structurelles mettant l’intérêt général au premier plan.
Sécurité et stabilité :
Les Nigériens aspirent à un contrôle plus strict de leur territoire et à une protection efficace contre les menaces internes et externes.
Réformes administratives :
Une administration publique plus performante, décentralisée et mieux rémunérée est essentielle au développement du pays.
Lutte contre l’impunité :
Le peuple souhaite des actions concrètes contre les anciens dirigeants accusés de malversations.
Conclusion et recommandations au Général Tiani :
Il est indéniable que le CNSP a enregistré des progrès dans les domaines de la gouvernance et de la stabilité, mais les attentes populaires demeurent très élevées. Il est impératif que le régime agisse avec détermination pour garantir la justice, la transparence et la sécurité. Il est également crucial que les Assises Nationales ne demeurent pas un simple événement symbolique, mais se traduisent par des actions tangibles et mesurables. Le Conseil doit absolument tenir ses engagements envers la population, notamment en ce qui concerne la réhabilitation de l’État de droit, la réforme de l’administration publique et la lutte inlassable contre la corruption et l’impunité. Pour le bien de la paix et de la stabilité au Niger, il est vital de rétablir rapidement une justice équitable et visible pour tous les citoyens, qu’ils soient prisonniers politiques ou anciens gestionnaires. Un appel à l’unité nationale, transcendant les divisions passées, est également essentiel pour redonner au pays l’élan nécessaire à sa reconstruction. Enfin, il incombe au Général Tiani et au CNSP de canaliser le soutien populaire vers un processus de développement inclusif, où chaque Nigérien, dans sa diversité, se sentira acteur du changement et de la prospérité nationale.
Maiga Abdoulai Ali Moumouni (Le Monde d’Aujourd’hui)