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Présentation des résultats d’un sondage d’opinion sur l’actualité de la gouvernance politique et la coopération Internationale : 98% des populations sont contre la présence des forces françaises au Niger

Du 27 août au 3 septembre, des chercheurs du Niger, du Burkina Faso et du Mali ont mené une étude portant sur l’opinion des populations de Niamey, de Bamako et de Ouagadougou sur l’actualité de la gouvernance politique et la coopération internationale dans ces pays respectifs. L’étude concernant Niamey a été, samedi 9 septembre à Niamey, l’objet d’un échange entre l’Enseignant chercheur à l’Université André Salifou de Zinder et chercheur à GRADE Africa, Dr. Nouhou Abdoul-Moumouni et la presse.

Cet exercice vise, selon le chercheur, trois objectifs à savoir celui d’apporter une contribution intellectuelle à l’amélioration de la qualité des débats sur la situation socio-politique dans nos pays, d’élargir le débat pour favoriser la prise en compte de la diversité des opinions lors de certaines prises de décisions ou positions, de souligner le potentiel des sondages d’opinion, et plus largement le rôle du statisticien dans la promotion d’un débat public sain de qualité.

Pour ce chercheur Nigérien, cette technique peut  être utilisée pour donner de la valeur aux discussions mais aussi pour aider la population à se positionner sur l’échiquier politique national car en utilisant un échantillon représentatif l’on obtiendra une idée globale des opinions de la population. Globalement, a-t-il soutenu, cette  étude montre une nouvelle tendance où la population est en train de se personnaliser le message de recherche de souveraineté. « Nous avons vu la proportion de ceux qui sont contre l’utilisation du franc CFA, les bases militaires étrangères notamment françaises, aussi par rapport à la CEDEAO. Ces opinions expriment un ressenti dans un contexte particulier. Un autre évènement peut intervenir et faire changer cette opinion », a-t-il expliqué.

Selon Dr Nouhou Abdoul-Moumouni, au-delà de la question de la souveraineté, le premier grand défi, c’est la lutte contre l’insécurité et le djihadisme, puis suivra la sécurité alimentaire, puis vient la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption. Près de 97% d’opinion sont prêts à subir les conséquences de la coupure d’électricité et la cherté de la vie pour accompagner la transition. S’agissant du choix porté sur Niamey, le chercheur a fait remarquer que cette ville est un carrefour dans lequel presque tout le monde est représenté. Un échantillon reparti dans les cinq communes avec une taille de 1200 individus donne une vision globale de ladite ville.

Notons qu’il est apparu de cette étude que la population est consciente des questions essentielles dont le défi sécuritaire occupe la première place, suivi de la lutte contre la pauvreté, la cherté de la vie et la crise alimentaire puis de la lutte contre le chômage, et la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.

En ce qui concerne la gouvernance en général, l’étude a relevé que globalement plus 77% d’opinions exprimées sont très satisfaites. Il ressort également de cette enquête que certains pensent que les militaires au pouvoir au Niger peuvent mieux faire dans la lutte contre le terrorisme. C’est ainsi que 93,9% sont de cet avis contre 0,6% partageant l’opinion contraire. L’enquête souligne aussi que 91,7% des interrogés sont très fiers de la capacité de l’armée à lutter contre les attaques lorsque 0,2% seulement ne sont pas du tout fiers.

S’agissant de la coopération Niger/France notamment de la présence de la base militaire française au Niger, il est apparu que 98% des interrogés sont contre cette présence des forces françaises contre 1,6% pour.  Selon les résultats de cette enquête, 89,2% de la population sont contre l’utilisation du francs CFA pour 5,9% d’avis favorables. Quant à la poursuite de la collaboration, 95% d’opinion est contre tandis que 3,3% partage cet avis. L’enquête note que 2,5% de la population pensent que la CEDEAO peut intervenir pour réinstaller le Président déchu contre 97% d’opinion contraires. Relativement aux sanctions de la CEDEAO contre le Niger, 97% de la population sont prêts à supporter ces difficultés pour soutenir la transition militaire en cours contre 1,1%. De manière générale, l’opinion est très favorable à la Russie (68,9%), à la Chine (62,5%), au Mali (96,9%) et au Burkina-Faso (97,1%). A l’inverse l’enquête montre  une opinion très défavorable à la France (95,5%), à la Côte-d’Ivoire (76,9%), au Bénin (72,3%), au Nigeria (63,6%) et aux USA (34,6).

Mamane Abdoulaye (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org