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Pour un nouveau départ : Propositions pour une refondation transformatrice et porteuse d’espoir et de progrès pour le Niger

Pour rompre avec le cycle de transitions bâclées que nous avions connues et qui renferment les germes d’instabilité en mettant en mode téléchargement le prochain coup d’état, nous nous devons de faire appel à notre intelligence collective pour conceptualiser et mettre en place les fondations solides d’une nation harmonieuse, réconciliée avec elle-même, remettre notre pays sur une trajectoire vertueuse pour son développement économique, social et culturel et assurer l’épanouissement de sa population. La présente proposition s’inscrit dans cette dynamique et fait suite à l’appel du CNSP pour un dialogue inclusif en vue d’une sortie par le haut de la situation actuelle.

Une telle entreprise titanesque, requiert nécessairement du temps et c’est pour cette raison que le focus ne doit pas être sur la durée de la transition, mais plutôt comprendre cette dernière comme une exigence des ambitions et des espoirs portés par le peuple nigérien. La rupture avec les modelés antérieurs de transition expérimentés nous commande de faire preuve d’originalité et de proposer un séquençage en deux phases :

La première phase qui pourrait porter sur une période d’un an, visera essentiellement à mettre en place une assemblée constituante (AC), qui règlera partiellement le problème de la légitimité des institutions et rassurera nos partenaires par la même occasion. Durant cette phase, les actions principales suivantes doivent être menées :

• Il faudra dans l’immédiat, procéder à la libération des personnalités détenues à l’issue des événements du 26 juillet 2023 sur lesquelles ne pèsent pas de charges criminelles. Cela créera les conditions nécessaires pour décrisper la situation et s’engager sereinement avec nos partenaires de bonne volonté.

• Le gouvernement doit s’atteler à faire lever toutes les sanctions imposées à notre pays, particulièrement dans le contexte régional de l’Union économique et monétaire ouest africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

• Restaurer la sérénité et le professionnalisme dans le système judiciaire pour asseoir une justice équitable et acceptable par et pour tous. Il faut que la justice soit pleinement intégrée comme pilier et fondement de la société nigérienne, et non un instrument aux mains des gouvernants.

• Mettre fin aux exécutifs locaux et procéder à leur remplacement par des administrateurs délégués puisés dans les rangs des administrateurs civils et militaires du Niger. Cela permettra d’extirper le virus politique dans les prises de décision au niveau local.

• Réorienter les flux commerciaux du Niger en direction de l’Algérie pour contrebalancer la dépendance trop forte de l’approvisionnement du pays par les ports du sud sur l’atlantique. Il faut dépêcher une mission de haut niveau à Alger incluant les opérateurs économiques pour discuter avec les autorités algériennes de la mise en place d’un corridor Alger-Tamanrasset-Assamaka-Arlit en utilisant le transport multi modal train-route et envisager la concession d’un port sec à Tamanrasset.

• Développer des trésors d’ingénierie financière afin d’alléger les effets de sanctions et maintenir les passerelles de connexion au système financier international ainsi que l’usage des moyens de paiement.

•Renforcer la coopération régionale dans le cadre de l’Alliance des Etats du sahel, particulièrement sur le volet sécuritaire et consolider les capacités opérationnelles de nos forces de défense et de sécurité pour une meilleure efficacité de la lutte contre le terrorisme.

• Instruire sans faiblesse aucune les dossiers de crimes économiques et renforcer la gouvernance économique, sociale et politique. La commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (CoLDEFF) mise en place à cet effet doit bénéficier des pouvoirs les plus étendus pour ce faire, être animée par un personnel intègre et à l’abri de toutes influences administratives ou politiques.

• Mettre en place un système d’état civil fiable en utilisant la technologie digitale pour que chaque citoyen de ce pays ait un identifiant numérique unique en s’inspirant du système Adhaar en Inde qui a permis de reconnaitre un milliard d’indiens. Cette entreprise représentera l’héritage majeur de la transition et posera les jalons d’une citoyenneté maitrisée et permettra d’économiser des dizaines de milliards de FCFA alloués aux recensements électoraux qui deviendront inutiles entre autres et permettra une meilleure maitrise des investissements sociaux dans le domaine de l’éducation et de la santé. Il permettra aussi d’étendre plus facilement l’inclusion financière de nos populations si dramatiquement basse et facilitera la couverture santé universelle.

• Organiser l’élection d’une assemblée constituante sans implication des partis politiques en utilisant les circonscriptions électorales existantes. L’assemblée constituante aura pour mission principale de préparer la constitution qui sera soumise à referendum ainsi que l’élaboration de la charte des partis politiques et le code électoral. Cela obéit à une logique de rupture avec les constitutions élaborées par un groupuscule d’experts sans la base sociale et la légitimité nécessaire pour une appropriation par l’ensemble de la population. L’AC aura aussi tous les pouvoirs législatifs après sa mise en place.

La deuxième phase qui s’étalera sur une période de 3 ans (ajustable) visera à créer les conditions d’une refondation de la République, de notre démocratie et mettre en place les institutions démocratiques. Les actions ci-après doivent être au cœur de cette phase:

• Il est nécessaire de donner un cap et des orientations claires à l’action gouvernementale durant cette phase. Très clairement, le gouvernement dans sa configuration actuelle, constitué dans la hâte, n’a ni le profil, ni les compétences pour faire face aux enjeux et défis de l’heure. L’Assemblée Constituante devra approuver la nomination d’un premier ministre consensuel, valider la composition du gouvernement ainsi que valider la nomination des ministres individuellement. Le premier ministre est chef du gouvernement et est responsable devant l’assemblée constituante, qui pourra mettre fin à ses fonctions par le vote d’une motion de censure.

• Le CNSP continuera à assurer pendant toute la période de transition, ses fonctions d’orientation et de représentation. Le Président du CNSP prête serment devant l’assemblée constituante pour être investi Président de la Transition et garant de l’unité nationale.

• L’assemblée constituante doit procéder également à un redécoupage administratif pour faire émerger les régions naturelles du pays. En effet la carte administrative actuelle étouffe certaines potentialités et ne permet pas l’émergence des régions fortes.

• Sur le plan économique, il faudra procéder à une nécessaire évolution du FCFA car le mécanisme actuel, longtemps décrié, constitue une aberration pour le Niger et ne doit pas se perpétuer indéfiniment. La meilleure option serait d’accélérer dans le cadre de la CEDEAO la mise en place de l’ECO, à défaut le Niger devrait envisager sérieusement sa sortie du FCFA et assumer son avenir monétaire autrement.

• Organiser des élections locales et générales transparentes, crédibles et honnêtes dont les résultats issus des urnes seraient reconnus et acceptées par tous les acteurs. Il nous appartient à tous de tracer les sillons de notre avenir collectivement pour léguer à nos enfants un pays viable, apaisé, démocratique et prospère. Nous en avons l’opportunité, soyons à la hauteur de cette mission historique. L’Afrique et le monde nous observent.

Dieu bénisse le Niger et son Peuple !

Dr Abdallah Souleymane

Economiste Statisticien,

Candidat aux élections présidentielles 2020/21