Pétrole et corruption au Niger : les dessous explosifs d’un dossier opaque
GESTION DU PETROLE : Des révélations sur l’affaire Barké
L’arrestation de de l’ancien ministre du pétrole du premier gouvernement de la transition serait-elle la face cachée de l’iceberg de ce dossier costaud de la gestion de la manne pétrolière qui met en cause de nombreux milliards ? Alors que les tout premiers ministres de pétrole de l’ère de la Renaissance croupissent en prison – l’ami du père et le fils de l’ancien président Issoufou – l’on se demande, ce qu’il y a encore à découvrir dans ce dossier qui n’a pas fini de révéler ses secrets. Le pétrole a aiguisé bien d’appétits au sein de certains milieux politiques et des affaires qui y avaient vu le Jackpot pour s’enrichir et constituer dans le pays des familles de pétrodollars qui devraient s’imposer par le pouvoir de l’argent à gouverner indéfiniment le pays en réussissant à aristocratiser la démocratie nigérienne. On voyait d’ailleurs comment, par des logiques héréditaires des enfants sont mis dans l’ascenseur politique, rêvant de les pousser ainsi, à la suite de leurs géniteurs, à reprendre en main le pays pour réduire les autres Nigériens au rang de roturiers qui n’auront droit qu’à la soumission, à un certain esclavagisme politique. Jusqu’ici, les Nigériens se demandent pourquoi, alors qu’il est celui qui est resté moins longtemps à la tête du ministère du pétrole, c’est bien lui Barké qui réussit à se faire débarquer dans des conditions humiliantes pendant qu’il était en déplacement comme cela arrivait à un autre Fama, Hassoumi Massaoudou ? Pourquoi, considérant les conditions dans lesquelles certains devenaient ministres, d’autres peuvent-ils si vite oublier pour tomber dans des travers, les mêmes que l’on a, pendant douze années de socialisme et de je-m’en-foutisme, décriés dans le pays ? La tentation de l’argent facile, quand des collaborateurs hérités de l’ancien régime qu’on a souvent quand même conservés peuvent pousser à la faute, montrant, pour aiguiser leur appétit, ce que l’on pourrait gagner dans de telles pratiques, peut-elle avoir obnubilé de nouveaux acteurs qui n’ont pas été capables de comprendre les défis du moment pour savoir se comporter de manière vertueuse ?
La maldonne…
La convention signée dans le cadre de la vente du brut entre l’Etat du Niger et la Chine, et notamment en ce qui est du volet transport, n’a pas échappé à la trituration de certains acteurs pour tirer leur épingle du jeu. Les termes de cette convention, apprend-on de sources crédibles, auraient été changés en catimini pour favoriser l’entreprise chinoise au détriment du Niger, pour prendre, on l’imagine dans de telles conditions, des dessous de table par lesquels des gens se seraient gravement compromis. Ces pots de vin emportés par ceux qui avaient la responsabilité de défendre les intérêts du Niger dans ce partenariat, finalement, comme ceux de l’ancien régime, firent le choix de se faire mouiller la barbe afin de s’engraisser, oublieux de leurs responsabilités et des résultats que les nouvelles autorités attendent d’eux dans ce domaine qui, par les controverses et l’opacité qui ont entouré sa gestion, fonde bien d’espérance de vérités pour permettre aux Nigériens d’être rassurés sur la gestion qui en avait été faite et mettre à l’abri des prédateurs des ressources du sous-sol.
On apprend d’ailleurs que l’ancien directeur des hydrocarbures qui avait été arrêté, serait l’intermédiaire qui sortait à chaque round de réunion pour aller faire le compte-rendu aux Chinois à qui il s’adressait en anglais afin que ses compatriotes ne le comprennent rien de ses conversations et ne le soupçonnent pas d’être dans un autre jeu. L’affaire, en tout cas, semble être grave car, ainsi qu’on peut le comprendre, le secteur du pétrole est si juteux que presque personne, du moins jusqu’à maintenant, ne puisse résister aux tentations auxquelles il expose ceux qui sont dans le domaine. On pourrait croire que toutes les dénonciations et tout ce que les Nigériens ont reproché à l’ancienne gestion n’auront servi à rien pour que ceux qui arrivent, sachent gérer autrement pour agir différemment. Malheureusement, ils sont tenus par les mêmes pratiques malsaines.
L’affaire n’a donc pas fini de révéler ses secrets.
Après Barké, à qui le tour ? De gros poissons dans la nasse ? Ces questions taraudent les esprits et les uns et les autres, depuis que, sans aucune communication qui rende compte des motivations qui ont conduit à renvoyer le ministre Barké, l’on a laissé libre cours aux supputations et autres allégations tendancieuses qui ne font que rajouter au flou. On apprend alors que l’affaire est si sérieuse qu’elle ne devrait pas tarder à révéler d’autres tenants afin d’en saisir toute la complexité. D’autres gros bonnets risquent alors, selon certaines indiscrétions, d’être éclaboussés par cette affaire qui sent le roussi.
Il y a quelques jours, l’on apprenait que le rapport de l’audit que le ministre Barké avait commandé et dont on apprenait, par quelques conclusions, que quelques quantités de barils n’étaient pas déclarées et partaient directement dans des mains gloutonnes, aurait été récupéré sans qu’on ne sache pour quelle raison et sous quelle injonction. En tout cas, la récupération de ce document dont une copie aurait quand même été mise à la disposition de la Coldeff rajoute un autre mystère à cette affaire qui, forcément, devrait révéler tous ses secrets pour que tous ceux qui, à un niveau ou à un autre, impliqués dans l’affaire, puissent répondre de leurs actes et en subir les rigueurs de la loi.
Et cette question revient encore envahissant les esprits des Nigériens : peut-on encore cacher la vérité aux Nigériens sur la gestion de la manne pétrolière ? Tant de silence et de zones d’ombre qu’il urge d’éclaircir…
Mairiga (Le Courrier)