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Perspectives : Qui veut sauver le soldat Issoufou ?

Mahamadou Issoufou Des révolutions ont toujours jalonné l’histoire de l’humanité. Et ces révolutions ont, pour la plupart, été détournées. Celle du Niger risque de subir le même sort. A l’image de ceux du Burkina et du Mali, le coup d’Etat du 26 juillet au Niger sonne le glas des relations déséquilibrées avec la France, l’ancienne puissance coloniale. Comme pour leurs voisins du Sahel, les militaires nigériens dénoncent les accords. Inconcevable avec le régime de la renaissance qui durait depuis 13 ans. On se rappelle que le président Issoufou Mahamadou a régné dix ans avant de passer le témoin à Bazoum Mohamed. La candidature de ce dernier est exclusivement l’oeuvre de son prédécesseur. Le parti n’a jamais été consulté. Les élections seront scandaleuses. La candidature et l’élection de Bazoum Mohamed seront de bout à bout l’oeuvre de son prédécesseur.

Tout a été mis en oeuvre pour qu’Issoufou Mahamadou conserve une main mise sur le pouvoir. A défaut de s’offrir, comme ses camarades des autres pays, un troisième mandat, il aura choisi parmi tous ses camarades de parti celui qui pensait pourvoir manipuler. Celui qui n’ouvrira pas le premier les hostilités et qui ne voudrait jamais trahir ou même offusquer. Celui qui éprouvera des difficultés pour convaincre de sa nationalité d’origine. Un handicap qui fera de lui un obligé de son prédécesseur. Le président Issoufou a, en réalité, caressé le voeu de s’offrir un troisième mandat. Seulement, il avait une peur bleue de la réaction de l’armée. Il l’aurait même confié à son ami Alpha Condé que les militaires nigériens allaient le lui empêcher. Alors qu’on célébrait, à grand renfort de propagande, l’alternance, le président sortant se démenait pour imposer son fils comme ministre du pétrole, supervisait les nominations, recommandait ses hommes pour les marchés le plus juteux. Cette situation mettait mal à l’aise l’entourage immédiat du président Bazoum. Certains de ses proches justifiaient son laxisme par sa fidélité à l’amitié et à la parole donnée-tout le contraire d’Issoufou.
D’autres par contre dénonçaient sa légèreté. Aurait-il voulu s’affranchir de la tutelle ? Toujours est-il que le coup d’Etat intervint dans cette situation.
Et le président Issoufou se serait constitué médiateur entre les militaires et son ami et camarade, le président déchu. Cela n’aura pas duré devant l’intransigeance des deux parties. Issoufou se bunguérise dans sa villa de la corniche de Yantala bas, il fait le dos rond, ne pouvant plus s’adonner à ce qu’il adore le plus : les voyages. Devant le semblant de lenteur et d’indécision du CNSP, il reprend confiance et espoir. Organisations de la société civile et presse sont mises à contribution pour lui donner une nouvelle virginité. Tout est mis en oeuvre pour le présenter comme le bénéficiaire de ce coup d’Etat. Pour être dans l’air du temps, on l’oppose aux Français. Des mensonges éhontés sont diffusés. On le présente comme un homme qui n’a jamais exécuté du doigt à l’oeil les instructions des Français. L’audition à l’Assemblée nationale française, il y a déjà quelques mois, de l’ancien ambassadeur français au Niger a été bizarrement remise au goût du jour. Histoire de présenter Issoufou comme une victime des Français. On annonce en grande pompe une plainte contre l’ambassadeur Ité. Cette plainte se fera-t-elle attendre comme celle dans l’affaire dite T3. Ce que les gens refusent de voir, ce sont les habitudes du personnage. Comme on dit ‘’qui a trahi, trahira.’’ Sa carrière politique en est jalonnée.
Il trahira ses camarades de l’AFC. Mahamane Ousmane et Moumouni Djermakoye en feront les frais. Après 2011, date de son accession au pouvoir, il ne mettra pas du temps pour trahir ceux qui l’on aidé au second tour de la présidentielle : Abdou Labo et Hama Amadou. Sa dernière victime est le président Bazoum qui n’a pas retenu les leçons du passé. S’il a quelque chose à voir dans les évènements du 26 juillet, il est tout à fait logique que les Français prennent le devant pour mettre à nu le roi. Dans ces conditions, ceux qui croient encore à son amitié doivent être sur leur garde. Plus précisément ceux qui sont aux affaires aujourd’hui.
Comme on dit chez nous « celui qui a vu l’hyène le jour, ne se laissera pas manger par elle la nuit ». En français, on dit un homme prévenu en deux. On a beau vouloir le présenter comme un homme neuf, les Nigériens retiendront ce qu’il a fait. Personne ne se laissera abuser.
Par Modibo (Le Nouveau Républicain)