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Pénurie d’hydrocarbures - Le chaos pétrolier au Niger : Le Général Tiani doit réagir

penurie dhydrocarbures le chaos petrolier au niger le general tiani doit reagirLe mot de chaos n’est pas trop fort ou trop exagéré pour qualifier ce qui se passe, ces jours-ci, au Niger, à savoir ces scènes hallucinantes de files interminables d’automobilistes que l’on voit dans les différentes stations-services de la capitale et des villes de l’intérieur du pays. A un moment, l’on avait pensé que l’on en avait pour quelques heures, voire quelques jours, mais la situation commence à prendre des proportions de plus en plus inquiétantes. D’une situation de pénurie provisoire, l’on est en train de basculer carrément dans une situation de crise, voire de chaos généralisé.

Alors, forcément, des questions se posent, celles de savoir les causes ou les responsables de ce chaos pétrolier, ainsi que les pistes à explorer pour solutionner durablement cette crise énergétique. Les stigmates de la gestion désastreuse du régime déchu Pour l’instant, personne ne sait quand prendra fin définitivement cette situation chaotique de pénurie d’hydrocarbures dans le pays. Manifestement, le gouvernement de la Transition semble un peu dépassé par les événements, car jusqu’à présent, l’on ne note aucune réaction officielle allant dans ce sens. Les Nigériens se demandent légitimement comment le Niger, pays producteur de pétrole, puisse tomber en panne sèche d’essence pour ne plus avoir une seule goutte de carburant dans son moteur, pour parler en termes mécaniques ? L’on a beau se tourner et se retourner, pour tenter de trouver un début de réponse satisfaisante à cette question gênante et étrange, il faudrait, peut-être, remonter le temps pour cela.

En premier lieu, pour comprendre la situation de chaos actuelle, il faudrait sans doute se situer au régime de la 7ème République, là où tout avait commencé avec le lancement de l’exploitation pétrolière par le biais de l’inauguration de la Société de Raffinerie de Zinder (SORAZ), en grande Pénurie d’hydrocarbures Le chaos pétrolier au Niger : Le Général Tiani doit réagir pompe, en 2011. En effet, après la signature de la convention d’exploration du bloc pétrolier d’Agadem entre l’Etat du Niger et la China National Petroleum Corporated (CNPC), en 2008, les deux parties étaient convenues de la construction et de la mise en service d’une raffinerie. C’est ainsi que la SORAZ vit le jour, en novembre 2011, avec une capacité de production de 20.000 barils/j. Dans le contrat initial conclu entre l’Etat du Niger et la SORAZ, la commercialisation du pétrole raffiné revenait 100% à la SONIDEP qui disposait de deux (2) mois pour régler la SORAZ. Mais, du fait de la mauvaise gestion de la SONIDEP, à cette époque, les arriérés de paiement commençaient à s’accumuler au point que la partie chinoise demanda une révision de la convention initiale pour faire du kif-kif (50-50) pour la commercialisation du pétrole raffiné entre les deux sociétés. Même avec ce réajustement contractuel, l’incurie de mauvaise gestion de la SONIDEP avait continué pour atteindre des niveaux abyssaux. Mais à l’époque, sur les 20.000 barils/j, seuls 7.000 barils étaient destinés à la consommation locale, car du fait des reversements opérés sur le pétrole en transit sur le Nigeria, toutes les régions frontalières des villes du Nigéria se ravitaillaient avec ce pétrole frauduleux. Seules les régions de Niamey, Tillabéry et Agadez, dépourvues de cette proximité géographique avec le grand voisin du Sud, recouraient aux stations-services de la place. Une année, une étude du ministère du pétrole avait révélé que le Département de Torodi consommait à la pompe, plus que les cinq (5) régions réunies de Maradi, Zinder, Tahoua, Dosso et Diffa. La raison de ce paradoxe, les Burkinabés venaient, régulièrement, les weekends, faire le plein de leurs véhicules à Makalondi du fait de la différence des prix à la pompe très sensible entre le Niger et le Faso (540 et 800 f cfa). Mais, entre-temps, l’ardoise de la SONIDEP vis-à-vis de la SORAZ n’avait cessé de grimper et de se corser pour culminer à 500 millions de dollars us (environ 240 milliards de francs cfa). Aujourd’hui, que faire pour résoudre définitivement cette crise énergétique majeure ?

Les solutions à court, moyen et long terme pour mettre fin au chaos actuel
A court terme, seule l’importation de pétrole raffiné, comme du temps où le Niger n’en produisait pas, pourrait atténuer le choc pétrolier actuel. On avait entendu le Directeur Commercial de la SONIDEP dire que de grosses cargaisons de pétrole raffiné commandées par la SONIDEP étaient sur le quai du Port Autonome de Lomé, mais le problème restait leur acheminement par voie terrestre. Or, du fait des risques sécuritaires sur ce corridor, via le Burkina-Faso, les transporteurs rechignent à emprunter cette voie. D’ailleurs, le Syndicat National des Transporteurs Nigériens avait rendu publique une déclaration pour alerter contre le fait que les citernes de ses militants étaient incendiées et les chauffeurs tués sur cet axe. La seule solution demeurerait, de l’avis de plusieurs observateurs, la réouverture de la frontière terrestre avec le Bénin en vue d’acheminer ces cargaisons de fuel via l’axe Bénin-Niger. A moyen terme, il faudrait que la SONIDEP puisse éponger ses énormes arriérés vis-à-vis de la SORAZ. On sait comment cette colossale dette s’était accumulée et au profit de qui, et il suffirait d’engager des poursuites judiciaires contre tous les mauvais débiteurs de la SONIDEP, les anciens DG de celle-ci ainsi que les anciens ministres du pétrole pour faire rentrer la Société dans ses droits afin qu’elle puisse, à son tour, être réglo vis-à-vis de son partenaire de la SORAZ.

A long terme, la SORAZ ne saurait se contenter de se limiter à cette faible production journalière de 20.000 barils. En effet, il est inconcevable qu’en quatorze (14) années d’existence, la SORAZ en soit toujours à ce chiffre, alors que les besoins nationaux en produits pétroliers se sont multipliés par trois, quatre, voire cinq, dans le même temps ! C’est à ce niveau qu’il conviendrait d’épingler la responsabilité de la partie chinoise qui n’a rien fait, en termes de nouveaux investissements, pour accroître les capacités productives de la SORAZ. En outre, elle n’a rien fait dans le plan de carrière du personnel nigérien pour former celui-ci dans les hautes tâches de production, car celui-ci n’est affecté qu’aux fonctions mineures de la Société.

En tout état de cause, si la SORAZ n’effectuait pas ces investissements pour augmenter sa base productive, elle risquerait d’en faire amèrement les frais avec la mise en exploitation de la future raffinerie de Dosso qui sera d’une capacité de production journalière de 90.000 barils !

Halidou Maiga (Le Monde d’Aujourd’hui)