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Pénurie d’essence au Niger : une conséquence de la lutte contre la fraude des hydrocarbures ?

Station essence NigerUne grave pénurie d'essence sévit au Niger ces derniers temps. Impactant toutes les activités humaines, dans tous les secteurs de la vie socioéconomique du pays, le précieux liquide étant incontournable pour faire tourner les machines de façon générale et rendre possibles les déplacements et le travail dans l'administration. Dans la capitale, ce problème se sent beaucoup plus que partout ailleurs. Les usagers courent de station d'essence à station d'essence dans l'espoir de pouvoir s'approvisionner et s'adonner à ses activités journalières, le plus souvent après une longue queue, des disputes inutiles et même des insultes au niveau des quelques rares stations qui disposent encore d'essence. Cette pénurie a atteint ces trois derniers jours, un pic jamais atteint. Du jamais vu, disent d'aucuns. Un autre paradoxe nigérien, diront d'autres. Car, le Niger est un pays producteur de pétrole depuis 2011. Qui plus est, la production est passée de 20 mille barils jours au quadruple. Comment est-ce possible ? Et qu'est-ce qui peut justifier ce manque qui risque de bloquer, à terme, si les autorités ne prennent pas les mesures énergiques qu'il faut, bloquer les activités économiques des nigériens ? Le problème est mal vécu et la vie est au ralenti avec, en sus, l'absence de toute communication officielle qui explique et rassure. Sans être dans le secret des dieux, comme on dit, et sans prétention aucune d'entrer dans la polémique stérile entre la SONIDEP et la SORAZ, puisque les deux entités sont censées chacune savoir de quoi cette pénurie rime en réalité, pour Le Courrier, ce phénomène dispose d'éléments d'analyses solides qui peuvent expliquer ce phénomène et que les nigériens ne doivent pas perdre de vue. Jusqu'à une date récente, bien d'utilisateurs d'essence n'avaient que l'embarras du choix, s'alimenter à la pompe ou s'approvisionner en carburant fraudé couramment appelé soogu-soogu. Toutes les voies, surtout à l'intérieur du pays, sont bordées de dispositifs de vente de l'essence fraudée, au vu et au su de tous. Et chacun sait que la fraude est un cancer pour l'économie nationale puisqu'elle prive d'apports substantiels en ressources internes tout en développant la concurrence déloyale. D'autres sautent tout simplement la frontière pour faire le plein d'essence pour la semaine. L'Etat lui-même, à un certain moment, complète son stock national en s'approvisionnant auprès de ce pays frère, mais d'Etat à Etat pour compléter son stock national destiné à la consommation intérieure, et pouvoir ravitailler tous les usagers sans rupture, sans anicroche. Mais, aujourd'hui, surtout à partir du 26 juillet 2023, conscientes du danger que représente la fraude, les autorités combattent avec succès ce phénomène inadmissible dans un Eta qui se respecte. Il n'y a plus de soogu-soogu. Tous les consommateurs sont redirigés vers les stations d'essence pour s'approvisionner à la pompe. En plus, pour ceux qui s'approvisionnaient au Niger oû l'essence coûtait moins de 200 FCFA en dehors même du liquide fraudé, l'essence est devenue de nos jours plus chère qu'au Niger avec les réformes de l'actuel président Bola Ahmed Tinubu qui a supprimé beaucoup de subventions. Enfin, le troisième élément à prendre en considération, et non des moindres, est que c'est notre pays qui approvisionne en carburant, les deux autres pays de l'AES, le Burkina Faso et le Mali notamment, avec il partage désormais une communauté de destin. Donc, moins de nourriture pour trop de bouches. La demande est nettement supérieure à l'offre. Ce sont là quelques éléments, tangibles et indiscutables, qui peuvent être compris de tous et qui peuvent expliquer cette pénurie que nous vivons très mal au pays. Et à laquelle le CNSP et le gouvernement doivent rapidement trouver une solution, parce que c'est leur rôle, pour que le pays n'arrête pas de fonctionner et de vivre. Parce qu'à ce rythme, même les fonctionnaires ne pourront plus aller au bureau, et les commerçants au marché.
Bisso (Le Courrier)