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Patrimoine national : des avenues de Niamey rebaptisées en hommage aux figures historiques

Place Zancen Kassa NiameyLe dimanche 26 janvier 2025, la ville de Niamey a vécu une journée historique en rendant un hommage solennel à ses illustres figures à travers le baptême de certaines avenues et d’un boulevard au quartier Yantala. Cette initiative, portée par les plus hautes autorités du Niger et orchestrée par le CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie), s’inscrit dans une volonté de réécrire l’histoire et de renforcer l’attachement du peuple nigérien à sa souveraineté et à son identité nationale.

En parallèle, cet événement a marqué le lancement de la 9ᵉ édition de l’opération mensuelle de salubrité, soulignant l’engagement des autorités à allier mémoire et action citoyenne pour le bien-être collectif.

Un hommage vibrant à des figures historiques
Le Colonel Boubacar Soumana Garanké, administrateur délégué de la ville de Niamey, a supervisé la cérémonie avec gravité et fierté. Dans son allocution, il a rappelé que cet acte découle directement des directives du président du CNSP, le général de brigade Abdourahamane Tiani. Ce dernier, dans sa vision de refondation nationale, souhaite rétablir des repères historiques en honorant ceux qui ont marqué l’histoire du Niger.

« Aujourd'hui, nous avons baptisé quatre avenues et une place : la place Zancen Kassa, l’avenue Morou Karma, l’avenue Dan Koulodo, l’avenue Boubou Hama, et l’avenue Colonel Demba Maïnassara. Ces dénominations traduisent la volonté de redonner à notre pays les symboles de sa souveraineté, après des années d’aliénation coloniale », a-t-il déclaré.

Des témoignages empreints d’émotion
Les descendants des figures honorées ont exprimé leur gratitude avec des témoignages poignants.

Wada Kabara Dan Koulodo, aîné de la famille Dan Koulodo, a évoqué l’ironie historique qui voit aujourd’hui le général De Gaulle déclassé au profit de Dan Koulodo, ancien roi incontesté de Maradi, déporté par le colonisateur. « Cette nuit, je n’avais pas dormi… Ce geste est plus qu’un symbole », a-t-il confié, rappelant la lutte héroïque de son aïeul contre l’oppression coloniale.

De son côté, Hamidou Hamadou, fondateur et directeur général de l’Institut Africain de Technologie (IAT), a salué avec reconnaissance la décision de baptiser une avenue au nom de son ancêtre, Morou Karma. « La patience est un chemin d’or », a-t-il déclaré, ému que ce jour tant attendu soit enfin arrivé.

PHD Mamoudou Djibo, historien, a rappelé les exploits de Morou Karma face à la colonne Voulet-Chanoine en 1906. Avec un mélange de fierté et de tristesse, il a souligné l’inégalité des forces : « En face des flèches et des épées des guerriers de Karma, il y avait 90 fusils et un canon. Imaginez le rapport de force ! »

Pour le professeur Farmo Moumouni, représentant de la famille Boubou Hama, cette cérémonie est un acte chargé de symboles. « L’indépendance, la souveraineté et la liberté ne sont pas que des mots, ce sont des actes. Cette avenue, qui porte désormais le nom de Boubou Hama, débouche sur ce qu’il appelait la vallée de la culture, traçant l’itinéraire d’un homme et d’un militant de l’indépendance. »

Enfin, Ali Demba, représentant la famille Demba Maïnassara, a partagé des souvenirs personnels empreints de nostalgie. Il a décrit la rue portant désormais le nom de son père comme un lieu chargé de souvenirs, où le fondateur de l’armée nigérienne venait travailler et se recueillir.

Une refondation ancrée dans la mémoire collective
Cette cérémonie de baptême des avenues est bien plus qu’un simple acte symbolique. Elle traduit une volonté affirmée de réappropriation de l’histoire nigérienne et de ses héros, tout en redonnant à la population des repères enracinés dans la lutte pour l’indépendance et la souveraineté.

En rendant hommage à ces figures de proue, le Niger s’engage dans une dynamique de réconciliation avec son passé, tout en inspirant ses citoyens à regarder l’avenir avec fierté et détermination.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)