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OPVNgate, des nouvelles pièces du puzzle : La fondation Tatali de Malika au centre de l’affaire

Plus de six ans, aujourd’hui, de l’éclatement de cette affaire criminelle, Le journal Le Courrier découvre au bout d’une enquête, minutieuse, menée avec professionnalisme des nouvelles pièces du puzzle. Un document qui éclabousse l’ancienne première dame Malika Issoufou à travers sa fondation Tatali Iyali. Dans le document c’est le sort des 10 000 tonnes restantes qui a été scellé et jeté dans l’escarcelle de la fondation Tatali et de l’ONG Al Noor Globaux. Par lettre N° 00550/Dircab/PM/ CCA/SCC en date du 24 mars 2016, le directeur de Cabinet du premier ministre, Gado Mahamadou informe l’ambassadeur de Pakistan au Niger que la fondation Tatali Iyali et Al Noor recevront une quantité du don du fait de leur contribution dans le cadre des actions alimentaires salvatrices en faveur des populations nigériennes vulnérables. Ainsi, Tatali Iyali et Al Noor ont « basmatisé » les 10 000 Tonnes des 15 000 T don de la République islamique de Pakistan destiné au peuple nigérien. Au bout donc de cette enquête, l’opinion interpelle les députés pour qu’ils prennent en charge l’affaire. Cela, au nom de l’intérêt du peuple nigérien qu’ils prétendent représenter...

EN 2016 avec des villages déplacés ; des écoles fermées à Maradi, Tahoua et Zinder ; des élèves obligés d’abandonner l’école, ce sont là les effets dévastateurs de la sécheresse comme cela se passe au Niger et dans le vaste Sahel. Selon Ocha, ce sont 33 000 enfants d’éleveurs, dont 17 169 à Zinder et 12 043 à Tahoua, qui avaient abandonné l’école pour suivre leurs parents à la recherche de zones de pâturage favorables. Les repas gratuits, distribués à environ 6 800 élèves présents dans les salles de classe traduisaient un drame plus grand. Car, il n’y avait pas que le pâturage qui manquait. Le grain, aussi, manquait cruellement. C’est dans cette situation, synonyme de détresse humaine, que des individus, nichés au coeur du pouvoir — un pouvoir noyé dans une pourriture sans égal — exploitaient à leurs fins personnelles.

L’insécurité alimentaire donnait ainsi lieu à un marché florissant qui alimentait, non pas les magasins de l’OPVN [Ndlr : Office des produits vivriers du Niger], mais les comptes bancaires d’individus véreux. Leur aubaine, c’est de voir des milliers, voire des millions de Nigériens condamnés à l’errance, en proie à la faim et à la soif. C’est de ça qu’ils se repaissent, tels des vautours et des charognards. Tant pis si cela doit coûter la vie à des Nigériens pour lesquels la saison agricole a été particulièrement désastreuse désastreuse. Les partenaires extérieurs, toujours prompts à voler au secours des populations en proie à l’insécurité alimentaire, débloquent souvent des milliards pour sauver des vies humaines. C’est le cas de la République islamique du Pakistan qui a consenti au Niger, en pleine période de soudure où la situation alimentaire de millions de Nigériens est des plus précaires, 15 000 tonnes de riz Basmati. Le Niger en prend officiellement le contrôle par le biais du directeur général de l’OPVN de l’époque, Alassane Souleymane au nom duquel les 15 000 tonnes de riz basmati ont été consignées au port de Cotonou. Un don béni pour une population qui paie, à chaque fois, un lourd tribut à la sécheresse et à l’insécurité alimentaire consécutive. Mais, là avait commencé une autre histoire. Une histoire douloureuse et répugnante comme celles de ces 200 milliards de la Sopamin. Ce riz, destiné à sauver des milliers de personnes tenaillées par la faim, ne parviendra jamais à destination dans son intégralité. Une bonne partie, précisément 5 000 tonnes, passe à la trappe. Ils ont été vendus à Cotonou et le produit de la vente a atterri, comme les 200 milliards de la Sopamin et bien d’autres milliards, quelque part, dans des comptes bancaires privés.

Les 15 000 tonnes de super riz basmati, sous emballage de 50 kg, don du peuple de la République islamique du Pakistan au peuple de la République du Niger, sont arrivées au port de Cotonou, le 14 février 2016 et déchargées. Le bateau qui les avait convoyées, M.V. Moleson, est reparti dès le 28 février 2016 et le riz, stocké dans deux magasins loués au port de Cotonou. Sur les 15 000 tonnes de riz pakistanais, des nigériens disposant sans doute d’un permis à tout faire, avaient décidé de se faire de l’argent sur le dos des populations nigériennes en détresse. Ces nigériens se sont rapidement employés à faire disparaître les 5 000 tonnes. Dans ce trading frauduleux, pour parler comme Hassoumi Massoudou, ils feront appel à une société dénommée MZK traders dont le directeur général est un certain Khalid Mehmood Khan. Probablement un Pakistanais. C’est ce dernier qui agira pour le compte du gouvernement du Niger à qui il est affublé une boîte postale, 13003, qui appartient, en vérité, à un certain Soumana Souna Soufiane, domicilié à Talladjé Est. C’est du moins l’adresse qu’il a donnée à l’ouverture de la boîte postale. Conclu le 4 mai 2016, l’accord prend fin le 5 mai du même mois. C’est ce que dit l’article 6 dudit accord. De quoi faire pâlir de jalousie Djoggol midi. En 24 heures, les 5 000 tonnes de riz offerts par le Pakistan pour venir en aide aux populations nigériennes en proie à l’insécurité alimentaire ont été vendues.

À l’article 2 de l’accord signé entre, d’une part, l’acheteur sur lequel il y a un total mystère, d’autre part, le vendeur, Khalid Mehmood Khan agissant pour le compte de l’État du Niger, il est bien spécifié que les 5 000 tonnes de riz que l’acheteur s’engage à acheter sont prélevées dans le don pakistanais. Vendu en raison de 230 000 FCFA la tonne, le tonnage en cause a procuré aux voyous qui ont agi à travers MZK traders de Khalid Mehmood Khan la rondelette somme de 1 150 000 000 FCFA.

Les dessous de la vente frauduleuse et la répartition des produits du trading

Djoggol midi ne ferait pas mieux que les voyous qui ont fait main basse sur le don pakistanais. Tout s’est passé entre le 4 et le 5 mai 2016. En l’espace de 24 heures, les 5 000 tonnes ont été vendues, l’acheteur a payé par virement bancaire et a produit les preuves de son paiement et les intermédiaires ont empoché leurs commissions. L’article 5 de l’accord de vente mentionne d’ailleurs que l’acheteur paiera la totalité du montant au moment de la signature qui intervient en même temps que la réception par celui-ci, des documents originaux de la marchandise. Payés par virement bancaire dans les comptes de la banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (Bsic) de Cotonou, les 1 150 000 000 FCFA ont été virés, pour une bonne partie, dans le compte bancaire n° 020695010111 Bsic appartenant à un certain Sita Mahamadoul Kaïrou. Ce sont précisément 737 500 000 FCFA qui ont été virés sur ce compte tandis qu’Abdul Qayyum Khalid Mahmoud Khan, l’intermédiaire qui a vendu les 5 000 tonnes pour les voyous en agissant pour le compte de l’État du Niger, se voit arrosé d’un chèque de 150 millions. Il reste toujours 637 500 000 FCFA qui n’apparaissent nulle part sur les documents en possession du Courrier. Une fiche présentant les montants soustraits du milliard de francs CFA restant après le désintéressement de Khalid Mahmoud Khan fait bien état de deux autres parts : l’une, de 24 500 000 FCFCA ; l’autre, de 38 000 000 FCFA. Seulement, ça ne fait pas le compte. Ces deux montants déduits du prix de vente, il reste toujours 200 millions de francs CFA qui se sont évaporés dans la nature…rose.

Après les centaines de milliards détournés, les tonnes de vivres

En 2017, ce sont près de deux millions de personnes (1,9 million), qui étaient en insécurité alimentaire. Chaque année, les organisations humanitaires estiment à plusieurs millions, les Nigériens qui tombent sous le coup d’une insécurité alimentaire ; une situation exacerbée, depuis le début des exactions de la secte Boko Haram, par l’arrivée massive de plus des refugiés et retournés du Nigeria. Sans parler de ceux du Mali, dans le nord de Tillabéry. La situation était tellement critique qu’une mission du Conseil de sécurité des Nations Unies, conduite par le Représentant du Royaume Uni aux Nations Unies, avait effectué une visite de 48 heures au Niger. Cette mission avait relevé que plus de 340 000 personnes vivant dans la région de Diffa, soit près d’une personne sur deux, ont besoin d’assistance humanitaire. Pour parer à la situation, 140 millions de dollars, soit 50% des fonds recherchés pour l’ensemble du pays, étaient requis pour répondre aux besoins humanitaires les plus pressants de plus de 326 000 personnes ciblées dans la même région.

«Il est urgent, notait un communiqué rendu public par Ocha Niger, à l’issue de la mission, d’agir ici et maintenant pour, non seulement, soutenir les opérations humanitaires, mais aussi et surtout bâtir la résilience des populations…afin de restaurer l’espoir et construire un avenir meilleur pour Diffa, le Niger et le bassin du lac Tchad ». Un vain appel puisque ceux qui ont vendu les 5 000 tonnes du don pakistanais ne croyaient ni au Niger ni à l’idéal humanitaire grâce auquel des millions de Nigériens doivent leur survie. La situation humanitaire de nombreux Nigériens vivant en milieu rural est presque toujours préoccupante. Sans une assistance alimentaire conséquente pendant la période de soudure, leur situation alimentaire risque de tourner au drame. Quant à l’alimentation animale, elle est préoccupante presque partout. Elle est même critique dans plusieurs régions du pays. Peut-on, donc, admettre que des individus mettent en péril des millions de personnes et se la couler douce ?

Le début et la fin …

En 2016, si les véritables auteurs, commanditaires et complices de cet acte hautement criminel à l’endroit des populations nigériennes n’étaient pas tous connus, il était toutefois facile de les identifier rapidement. Le directeur général de l’OPVN à l’époque des faits , au nom duquel les 15 000 tonnes de riz ont été acheminées au port de Cotonou et Sita Mouhamadoul Kaïrou dans le compte duquel les 737 500 000 FCFA ont été virés, offraient de belles pistes pour une enquête. Plus de six ans, aujourd’hui, de l’éclatement de cette affaire criminelle, Le Courrier découvre au bout d’une enquête, minutieuse, menée avec professionnalisme des nouvelles pièces du puzzle. Un document qui éclabousse l’ancienne première dame Malika Issoufou à travers sa fondation Tatali Iyali. Dans le document c’est le sort des 10 000 tonnes restantes qui a été scellé et jeté dans l’escarcelle de la fondation Tatali et de l’ONG Al Noor Globaux. Par lettre par lettre N° 00550/Dircab/PM/ CCA/SCC en date du 24 mars 2016, le directeur de Cabinet du premier ministre, Gado Mahamadou informe l’ambassadeur de Pakistan au Niger pour l’informer que la fondation Tatali Iyali et Al Noor recevront une quantité du don du fait de leur contribution dans le cadre des actions alimentaires salvatrices en faveur des populations nigériennes vulnérables. Ainsi, Tatali Iyali et Al Noor ont « basmatisé » les 10 000 Tonnes des 15 000 T don de la République islamique de Pakistan destiné au peuple nigérien. Au bout donc de cette enquête, l’opinion interpelle les députés pour qu’ils prennent en charge l’affaire. Cela, au nom de l’intérêt du peuple nigérien qu’ils prétendent représenter.

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