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Niger - Quelle réflexion nous inspire le bilan économique de deux années du pouvoir du CNSP ? Par Isssoufou BOUBACAR KADO MAGAGI

Isssoufou BOUBACAR KADO MAGAGIÀ notre humble avis il appartient au gouvernement de la refondation de faire le bilan de ses activités durant ces deux dernières années. Nous , en tant qu'analyste notre rôle est d'analyser et d'apprécier ce qui a été fait et ce qui reste à faire et esquisser quelques propositions d'amélioration dans le cadre de l'élaboration et d'exécution du budget général de l’Etat.

Le budget général de l'Etat est un acte de prévision, un acte d'autorisation à travers la loi des finances, un acte de périodicité du fait de l'annualité de l'acte .

C'est un instrument qui permet de mesurer le niveau de développement économique et social d'un pays. C'est donc un indicateur économique.

Pour bien apprécier les progrès réalisés pendant les deux années d'exercice de pouvoir par le CNSP, il sera analysé l'évolution du budget général, 2023, 2024 et 2025.
Cependant le non disponibilité des lois de règlement des années budgétaires passées ne permettrait pas de bien apprécier avec exactitude les différentes réalisations , les écarts entre les prévisions et les réalisations. Donc l'analyse sera incomplète faute des éléments d'appréciations officiels très indispensables pour ces genres d'exercices .

L 'analyse des budgets pour les années,
2023, 2024 et 2025 nous permettra d'apprécier l'évolution économique du Niger.

1/ Le budget 2023 :
Le président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, chef de l'Etat , le général Abdourahamane Tiani avait signé une ordonnance portant rectification de la loi N°20-12-44 du 6 décembre 2022,portant loi de finances pour l'année 2023.
Ainsi , conformément aux dispositions de la loi N° 2012 -9 du 29 mars 2012, portant loi organique relative aux lois des finances, notamment aux articles, 5, 47 et 48 , le budget général de l'Etat, 2023 est ramené en ressources publiques et en charges publiques, à une somme globale de 1 981 milliards de francs CFA contre le budget précédent qui s'élève à une somme globale en ressources publiques et en charges publiques à une somme de
3 291,62 milliards de francs CFA, soit une baisse de
1 310, 68 milliards de francs CFA.
La baisse d' une somme de 1 310 ,68 milliards de francs CFA correspond en partie aux recettes attendues de l'extérieur .
Dans la note explicative, il a été précisé que cette baisse est due aux sanctions illégales, illégitimes et inhumaines de l'UEMOA et de la CEDEAO, contre le Niger.
L' arrêt de certains projets dits de développement économique et social aurait un impact négatif sur certaines dépenses publiques d'investissement qui étaient suspendues.

À notre humble avis, les sanctions ne pourraient justifier en elles seules la baisse du budget qui était opérée.

Le budget initial 2023, qui était modifié, comme les autres budgets précédents, n'étaient pas réalistes, les réalisations n'avaient jamais dépassé 60% des prévisions. C'étaient des budgets dont les financements sont attendus à 60% de l'extérieur.

En période de régime d'exception, un minimum des précautions légales seraient hautement souhaitables d'être observées en matière des finances publiques.
Car la période d'exception n'excepte pas les ordonnateurs et les comptables publics principaux de presenter , d'une part, les comptes de gestion à chaque fin d'année budgétaire et d'autre part, d'être soumis aux contrôles juridictionnels de la plus haute autorité judiciaire de contrôle des finances publiques et des autres organes de contrôles administratifs.

Il serait hautement souhaitable d'organiser des conférences budgétaires entre les ministres dépensiers, sous la présidence du ministre de l'économie et des finances pour arrêter provisoirement les prévisions des recettes et des dépenses, avant de présenter les dites prévisions en conseil des ministres sous l'arbitrage du président de la république, chef de l'Etat, ce qui aurait pour avantage de tenir compte des priorités dégagées par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, ( le CNSP).

Aussi ,une présentation détaillée des ressources publiques et des charges publiques aux citoyens à travers les médias nationaux permettrait d'impliquer les citoyens dans la gestion du budget général de l'Etat car le budget est l'affaire de tous les citoyens nigériens.

Les statisciens, les économistes, les chercheurs, les partenaires économiques nationaux et internationaux ont besoin des chiffres officiels détaillés pour pouvoir participer à l'effort national du redressement économique et financier qui est possible pendant la période de la transition politique vers une véritable refondation.

Les mesures d'économies budgétaires prises par le gouvernement devraient être chiffrées et bien détaillées pour permettre aux citoyens de bien mesurer la portée des dites mesures et susciter en eux l'adhésion à l'effort de la solidarité nationale pour pouvoir aider le gouvernement à faire efficacement face aux grands défis qui assaillent le pays.
Quelque soit le régime de la gouvernance, le budget est un indicateur économique . Il y a lieu de s'efforcer à respecter ses principes, gage, de l'efficacité de l'exécution budgétaire, d'une transparence et d'une saine gestion des finances publiques .

L' initiative de s'adapter aux réalités socio-économiques est une bonne chose.

En 2024 un progrès a été constaté dans l'élaboration et l'exécution du budget général de l'Etat.

2/Année 2024:
Le budget général de l'Etat est arrêté en ressources et en charges à une somme de 2 653 milliards de franc CFA pour l'année 2024.
Le budget 2024 malgré la suspension de l'aide budgétaire extérieure a connu un accroissement significatif . Il passe de
1 981 milliards en 2023 à 2 653 milliards de francs CFA en 2024, soit une augmentation de 54,22%.

La croissance du PIB en 2024 est en moyenne de 7,5 % contre 7,2% en 2023.

La période 2024/ 2026, selon les prévisions, la croissance est portée essentiellement par le secteur secondaire, ( industries, construction ect ) avec une croissance de 10, 5 %, suivie des secteurs , primaire ( agriculture, pêche, extractions des ressources naturelles) ,vecteur de la croissance économique au Niger. Mais dans la réalisation est de 7,8%.
Dans le classement général du PIB des pays membres de l'UEMOA, le Niger est tête grâce aux investissements réalisés par les partenaires chinois dans le Pipeline.

Il est constaté que les dépenses publiques relatives au développement économique et social, représentent 59% des crédits budgétaires affectés, ce qui est un bon signe dans la prise en compte des préoccupations nationales.

Il faut noter aussi que des mesures sociales par le biais des exonérations fiscales de certaines activités de waqf et du fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie sont prises afin d'améliorer le bien être des citoyens nigériens.

Les dépenses d'investissement sont évaluées à 476,96 milliards contre 257,68 en 2023, ce qui prouve une amélioration de la situation socio-économique malgré les sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et injustes infligées au Niger.
Les dépenses du personnel ont augmenté de 17,977 milliards de francs CFA, en 2024 elles devraient être de 369,90 milliards de francsCFA, ce qui permettrait un recrutement du personnel dans les secteurs de l'éducation et de la santé publique en vue d'améliorer les secteurs sociaux qui portent la croissance économique vers le bas.
Faute de la loi de règlement , il est difficile de constater les améliorations chiffrées prévues. En réalité les difficultés économiques et financières n'ont pas permis au gouvernement d'honneur des engagements d'où le conflit social observé avec les partenaires sociaux.

Le budget général de l'Etat permet de mesurer la qualité de la conduite de la politique de développement économique et social des dirigeants politiques.

À partir des chiffres indicateurs économiques produits on peut dire que le gouvernement est sur la bonne voie de redressement économique et financier car le budget 2024 est élaboré sur la base essentielle des ressources propres sans intervention extérieure , grâce sans doute à l'apport de la vente des produits pétroliers et la mobilisation des ressources internes. Les difficultés se sont relevées au grand jour en 2025 suite à la fermeture des frontières avec les pays voisins du Niger et des incompréhensions avec les partenaires stratégiques économiques du Niger, en occurrence les chinois.

3/ Le budget 2025 :
Le budget 2025 a connu une diminution de de près de 284 milliards, soit 9, 36 % .
Ce qui prouve , qu'il y a des difficultés financières et tensions de trésorerie et que l' État est tenu d'adapter les dépenses aux ressources.
Dans l'ensemble malgré les difficultés le gouvernement a fait face aux dépenses de souveraineté. Certaines dépenses d'investissements sont en train d'être réalisées, les artères de la capitale, Niamey, et la route Maradi-Zinder sont en train d'être rénovées grâce à un prêt de la banque mondiale.
Des infrastructures routières, notamment des ponts et chaussées sont en d'être construites par le ministère en charge de l'équipement.
Les hôpitaux nationaux, les centre de santé nationaux ont été restaurés et équipés en matériels adéquats.
Les restaurations de certaines infrastructures scolaires et universitaires ont connu quelques améliorations .

Quelques suggestions :
Au regard des conclusions des différents rapports de la cour des compte sur les gestions précédentes , les agents chargés des contrôles administratifs internes de l'exécution du budget, se doivent de fournir davantage des efforts.
Une renforcement de la capacité des intéressés est plus que nécessaire.
Un contrôle en priori bien exécuté est plus efficace pour la protection des deniers publics que le contrôle à posteriori.

Malgré les moyens limités on peut noter dans l'ensemble une amélioration mais il reste beaucoup à faire dans le domaine des investissements et la gestion des projets de développement économique et social.
Il ressort d'un point de presse d'un représentant de la banque mondiale, que des crédits d'une somme de près sept mille milliards ( 7 000 000 000) de francs restent encore non consommés.
Il serait hautement souhaitable d'auditer ces crédits disponibles afin de pouvoir les consommer au lieu de contracter des nouveaux prêts.
Une utilisation rationnelle des ressources financières et humaines est plus que nécessaire.

La nouvelle problématique qui se pose , est-ce que le dispositif de contrôle administratif actuel des recouvrements des recettes publiques et de l'exécution des dépenses publiques, permet-il réellement de bien contrôler la qualité des recettes publiques et des dépenses publiques avec efficacité ?
Une restructuration du dit dispositif serait hautement souhaitable.

C'est le Niger qui gagne !

Isssoufou BOUBACAR KADO MAGAGI.