Niger - Patrimoine de l’Etat : des services de l’Etat logés dans des bâtiments privés
Image d'illustration Patrimoine de l’Etat : Des services de l’Etat logés dans des bâtiments privés
Telle est la préoccupation qui taraude l’esprit de bien de nigériens, soucieux du bien public et de la gestion du patrimoine de l’Etat. Des services, des sociétés d’Etat, et des offices sont, de plus en plus, logés dans des bâtiments et des immeubles privés, appartenant à des individus de l’establishment pour ainsi dire. Le phénomène, presque inconnu des Nigériens, est né et s’est amplifié sous le magistère de Mahamadou Issoufou. Locataires, ces services de l’Etat paient des millions en guise de loyers chaque année à des personnes proches du pouvoir, exerçant ou ayant exercé le pouvoir d’Etat. Pourtant, le patrimoine immobilier public est énorme à ce qu’il parait. Ce ne sont donc pas les bâtiments et immeubles vides, inoccupés, appartenant à l’Etat et pouvant abriter ces services publics, qui manquent. Bien au contraire. Mais, ils sont délaissés, malgré leurs capacités énormes d’accueil et la présence des toutes les commodités au profit d’immeubles privés où les frais de loyer sont majorés d’ailleurs à souhait pour enrichir des individus véreux. Certains, forts de leur position de pouvoir obligent même ces services publics à prendre en bail leurs propres immeubles ou ceux de leurs parents et amis. Alors qu’à côté, des bâtiments construits par l’Etat à coup de millions tombent en ruines, abandonnés sans entretien pour justement les ‘’vieillir’’ et les déclarer inhabitables et s’adonner à cette pratique honteuse pour des gouvernants pourtant chargés de gérer rationnellement les biens de l’Etat. Des fois, les immeubles de l’Etat, appartenant à ces mêmes sociétés et offices sont tout bonnement détruits afin que, déclarées sans domicile fixe, elles prennent en bail des bâtiments appartenant à des individus que l’on veut enrichir. Le cas le plus révoltant est l’Office des produits vivriers du Niger (OPVN). Le bâtiment abritant les bureaux et le personnel de cet office dont le rôle dans l’approvisionnement des populations en produits vivriers, sous forme d’aide gratuite ou de vente à prix modérés, a toujours été déterminant dans la lutte pour l’autosuffisance alimentaire, a été un beau jour, tout bonnement rasé par le régime de Issoufou pour obliger ledit office à squatter dans deux immeubles privés jumeaux, payant chaque année des millions à un individu proche d’une personnalité politique. Jusqu’à aujourd’hui, l’OPVN squatte à coup de millions alors qu’il dispose suffisamment d’espace, partout au Niger, pour avoir autant de bureaux que nécessaires dans ses propres locaux. Beaucoup d’autres bâtiments publics ont subi le même sort. Là où le bât blesse, c’est qu’ils ont nombreux ces services de l’Etat et ses démembrements qui sont dans cette situation, n’existant que pour enrichir des individus sur le dos de l’Etat, puisqu’obligés de quitter les immeubles publics au profit d’espaces privés construits justement pour gruger, encore et encore, l’Etat. Pendant ce temps, le patrimoine de l’Etat tombe en ruines, dans l’oubli, prêt à échoir dans l’escarcelle d’un béni de la République comme une prise de chasse. Le patrimoine mobile, notamment le matériel roulant reformé de l’Etat, subit le même sort que son patrimoine immobilier.
Des véhicules de l’Etat cédés ‘’gratuitement’’ aux parents, amis ou bien…à soi-même
S’il y a un domaine où le patrimoine de l’Etat est bazardé, l’Etat spolié et exproprié de ses propres biens, le bien public, c’est bien au niveau du matériel roulant mis à la disposition de ses différents services. Il arrive fréquemment que des véhicules de haute gamme, acquis à des prix exorbitants, ou reçus sous forme d’aide de pays amis ou d’organismes internationaux pour appuyer les différents services manquant crucialement de matériels roulants pour accomplir leurs missions, soient réformés, et cédés à des prix dérisoires, pour ne pas dire donnés tout simplement à des camarades par des camarades. Dans certains cas, certains responsables s’octroient carrément une bonne partie du parc automobile du service qu’il dirige surtout s’il se sait sur le point de partir. Des véhicules presque neufs, utilisés à peine pendant quelques années, bien avant leur amortissement, que l’on s’octroie gracieusement ou que l’on se partage entre amis, pour presque rien. C’est ainsi que le patrimoine de l’Etat détourné, le parc automobile ici, par des individus pour servir leurs intérêts privés, les services publics se retrouvent sans moyens, leurs moyens justement dans les mains de particuliers pourtant chargés de gérer ses biens de l’Etat dans le sens de l’intérêt général. De sorte que plus l’Etat se paupérise, plus certains hommes occupant ou ayant occupé des positions de pouvoir d’Etat s’enrichissent. C’est pourquoi il est urgent que les autorités de la Refondation se penchent sur ce bradage éhonté du patrimoine de l’Etat par des individus qui ont eu la chance d’exercer de hautes fonctions mais qui n’ont aucun sens de l’Etat ni de leurs responsabilités, afin de faire rentrer l’Etat et le peuple nigériens dans leurs droits. Il est temps de mettre fin à ces pratiques mafieuses, indignes de personnes qui ont pourtant prêté le serment de bien gérer les ressources nationales sacrées.
Bisso (Le Courrier)