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Niger-Nigeria : Des relations séculaires à l’épreuve des intérêts capitalistes

Niger NigeriaAussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire, les relations entre le Niger et le Nigeria ont été chaleureuses. Il aura, d’ailleurs, fallu les colons Britanniques et Français pour séparer les populations. Cela n’a jamais été un frein dans la cordialité de ces relations. Et c’est toujours aux moments difficiles pour l’un ou pour l’autre qu’elles se manifestaient de la manière la plus intense. On ne compte plus les forts gestes de solidarité de l’un vers l’autre. Et c’est tout naturellement que les deux pays, qui partage une très longue frontière, avec des populations des mêmes groupes ethniques, parfois parents, se retrouveront dans les mêmes organisations communautaires.

La plus importante, par le nombre des pays qui la composent, était au départ, à sa création par une majorité de présidents militaires ayant renversé des présidents issus de partis mais tout de même élus, un regroupement plus porté sur l’économique. Surtout son harmonisation. C’est pourquoi la libre circulation des personnes et des biens en était son crédo à sa création en 1975. Depuis l’ouverture de nos pays au système démocratique du type occidental, nos hommes politiques, spécialisés dans le mimétisme, ont voulu copier les démarches de l’Union européenne, sans filtre.

Avec en ligne de mire le libre échange du capitalisme international. Pour pérenniser les intérêts de ce capitalisme, nos politiques, en parfaits larbins, ont fait des additifs dans la charte pour dicter la conduite à suivre comme si les pays membres ont délégué toute leur souveraineté. Nos pays sont devenus des appendices de l’occident. Profitant des avantages de l’intégration, les occidentaux délocalisent en Afrique certaines de leurs sociétés. Elles produisent et profitent des avantages de l’intégration au sein de la CEDEAO. Les pays de l’inter land comme les pays du Sahel sont réduits en des consommateurs.

Dans l’impossibilité de mettre sur des industries locales, ils n’ont d’autres perspectives que quitter l’organisation pour prendre leur destin en mains. Devant l’incapacité de nos hommes politiques de se défaire de cette domination, les militaires s’en mêlent. Ce qui a le don d’énerver les occidentaux qui font pression sur la CEDEAO pour qu’elle empêche la tentative de libération de ces pays. La sortie des pays de l’AES de l’organisation est un drame pour certains pantins. On comprend alors aisément la volonté, en dépit des choses qui nous unissent, les autorités nigérianes de prendre certaines décisions à l’encontre du Niger.

Après la surenchère guerrière, la fermeture des frontières terrestres, elles décident d’interdire leur espace aérien pour les avions en provenance et à destination du Niger. L’envie de faire plaisir à la France ne semble pas être la principale raison qui irrite Tinubu. On sait son prédécesseur avait mis toute son énergie pour prolonger la ligne ferroviaire jusqu’à Maradi au Niger. Cet investissement permettra d’acheminer des marchandises au Niger. Le pays de Tinubu beaucoup plus industrialisé déversera ses productions. Un marché sur.

En sortant de la CEDEAO, le Niger empêche le retour de l’investissement car les produits ne bénéficieront du désarment tarifaire de la communautaire et ne seront pas attractif en matière de prix. Même dans ce cas, les deux pays peuvent trouver des solutions. Ils avaient une coopération fructueuse avant la création de la CEDEAO. Une Commission mixte nigéro –nigériane existe. Des accords bilatéraux qui pourraient être plus attractifs que dans le cadre communautaire. D’autant que voisin, le Benin, envisage sérieusement de revoir sa position. C’est le président Talon qui l’a dit et avec qui on peut avoir des accords bilatéraux nouveaux.
Modibo (L'Actualité)