Niger/Gouvernement : Un simple réaménagement technique qui fait déjà remuer beaucoup les langues
En lieu et place d’un remaniement en profondeur du gouvernement pour marquer la mise en route de la Refondation auréolée et célébrée, le 26 mars dernier, dans le somptueux Centre International des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey, c’est un réaménagement technique qui a été opéré, avec toutefois quelques nouveaux entrants (8 sur une équipe de 26 membres, le précédent comptant 21 ministres) et 3 portefeuilles morcelés. Le Premier Ministre, Ministre de l’Economie et des Finances Ali Mahamane Lamine Zeine conserve son fauteuil et ses deux chasses-gardés
Les caciques constitués essentiellement des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) demeurent à leur place à l’exception du Colonel Major Abderahamane Amadou qui change carrément de portefeuille. Le Généraux Salifou Modi (n°2 de l’appareil militaire qui dirige le pays depuis le 26 juillet 2023) et Mohamed Toumba (n°3) ainsi que les Colonels Maïzama Abdoulaye et Elhadji Mahamane Ousmane gardent, chacun, intacte, l’appellation de son département ministériel, sans une virgule de plus ni une virgule de moins. Ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale pour le 1er ; Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et de l’Aménagement du Territoire pour le 2e ; Ministre de l’Environnement, de l’Hydraulique et de l’Assainissement pour le 3e ; et Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage pour le 4e (nonobstant l’ordre protocolaire). Le Médecin Colonel Major Garba Hakimi reste à la Santé non sans laisser tomber la Population et les Affaires Sociales, quoi que flanqué de l’hygiène publique (?). Le Colonel Major Salissou Mahamane Salissou ne bouge pas à l’Equipement raccommodé désormais des infrastructures même s’il lui a été soustrait les Transports. Le Colonel Major Abderahamane Amadou quitte carrément la Jeunesse, les Sports, les Arts, la Culture et porte-parolat du Gouvernement (ce porte-parolat qui est parti renforcer le Ministre Directeur de Cabinet du Président de la République Dr Soumana Boubacar), pour les Transports et l’Aviation Civile. A tout Seigneur, tout honneur, les autres membres du Gouvernement en Kaki : Commissaire Colonel Ousmane Abarchi demeure aux Mines ; un nouvel arrivant, le Colonel Abdoul Kadri Amadou Daouda prend en charge l’Urbanisme et l’Habitat.
Parmi les civils, partants de la ligne de départ (26 juillet 2023), M. Bakari Yaou Sangaré conserve la diplomatie, Professeur Mahamadou Saidou, l’Enseignement Supérieur et l’Innovation Technologique, M. Alio Daouda, la Justice et les Sceaux auxquels viennent s’ajouter les Relations avec les Institutions (notamment le futur Parlement de la Refondation), Mme Aïssatou Abdoulaye Tondi, la Fonction Publique, le Travail et l’Emploi, Mme Soufiane Agaichata Guichène, Tourisme et Artisanat, et Mme Elisabeth Shérif, l’Education Nationale, l’Alphabétisation et la Promotion des Langues Nationales tout en prenant congé de l’Enseignement Professionnel.
Parmi celles et ceux qui ont pris le train de la Transition en marche, Mme Amadou Haoua est priée de continuer à l’Energie et Sahabi Oumarou au Pétrole.
Les nouveaux arrivants, sont au nombre de 8 : 1) le jeune Sidi Mohamed Al Mahmoud, jusque-là président du CNJ (Conseil National de la Jeunesse), à la Jeunesse et aux Sports (profil/poste respecté) ; 2) Cheikh Al Ben Sallah Hamouda, jusque-là Haut-Commissaire du COHO (Commission d’Organisation du Hadj et de la Oumra, à la Refondation, la Culture et la Promotion des Valeurs Sociales (l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut, peut-on lire dans plusieurs réactions à chaud dans les commentaires sur les réseaux sociaux) ; 3) Professeur Sidikou Ramatou Djermakoye Seini (Biologiste, Enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences de l’Université Abdou Moumouni de Niamey) à la Population, l’Action Sociale et la Solidarité Nationale (nouvelle appellation de l’Action Humanitaire et la Gestion des Catastrophes) ; 4) Professeur Farmo Moumouni jusque-là Conseiller au Cabinet du Premier Ministre, à l’Enseignement et la Formation Professionnelle et Technique) ; 5) M. Adji Ali Salissou, jusque-là Directeur Général de l’ANSI (Agence Nationale de la Société de l’Information) à la Communication et aux Nouvelles Technologies de la Communication ; 6) M. Abdoulaye Seydou (Coordonnateur du M62) au Commerce et à l’Industrie (du lourd sur les épaules d’un animateur de notre oisive société civile) ; 7) M. Mohamed Sidi, Délégué en charge du Budget ; et 8) le Colonel Abdoul Kadri Amadou Daouda cité plus haut dans le lot des ministres en kaki.
Les débarqués au nombre de 5 sont : M. Asman Seydou (Commerce et Industries) critiqué, à tort ou à raison, au sein de l’opinion dans gestion de la vie chère ; Mme Aïssa Lawan Wandarama qui voit son portefeuille (Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes) disparaitre, emportée probablement par sa mauvaise gestion des hommes (des nombreuses démissions dans son cabinet, a-t-on fait circuler) ; M. Sidi Mohamed Raliou (un départ attendu au Ministère de la Communication, des Postes et de l’Economie Numérique avec la gestion catastrophique du dossier Canal 3 et son intrusion malveillante dans la vie des organisations socioprofessionnelles des médias) ; M. Salissou Sahirou Adamou (de l’Urbanisme et de l’Habitat. Que lui reproche-t-on ? Est-ce en lien avec le dossier foncier actuellement en cours à la Justice ?) ; et Moumouni Boubacar Saidou (Délégué chargé des Finances).
Pure coïncidence ou choix calculés, à travers l’entrée dans le Gouvernement d’Abdoulaye Seydou (M62) et de Sidi Mohamed Al Mahmoud (CNJ), le CNSP apporte de l’eau à son moulin qu’il vient de renforcer sa capacité de mobilisation citoyenne, les organisations des deux promus étant représentatives sur le territoire national. Ces deux-là ajoutés à la coqueluche USN (Union des Scolaires Nigériens), le sulfureux, versatile et incertain Front Patriotique pour la Souveraineté (FPS) et ses suppôts voient leurs marges de manœuvres réduites comme une peau de chagrin.
Bouclons ce décryptage par ce constat : la recommandation des Assises Nationales relative au retour dans la composition du gouvernement relative d’un ministère dédié à la Femme, (toute chose qui existait avant les événements du 26 juillet 2023) doit encore attendre.
Omar Kané (Le Hérisson)