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Niger : gouvernance publique et le défi de l’intégrité

Justice Niger 1Amères vérités Tant que la gouvernance publique ne fait pas l’objet de catharsis profonde en faisant juger les affaires qui ont porté un grave préjudice à l’Etat, la lutte pour la souveraineté nationale ne servira qu’à élargir l’assiette des malversations de ceux qui sont désormais persuadés que l’impunité, c’est leur MANTEAU ÉTERNEL.

C’est la France et les Français qui plongent, a dit l’ancien Premier ministre français Dominique De Villepin, mais la France d’ Emmanuel Macron est trop fière pour se remettre en cause et tirer les leçons utiles afin de se remettre en selle. Car, la France est tombée, elle ne compte plus sur l’échiquier mondial où il ne lui reste plus qu’à entretenir une image qui ne reflète pas la réalité actuelle, aussi bien au plan économique que géopolitique. Ce n’est pas nous autres qui le disons, ce sont des Français et non des moindres, qui le soutiennent avec force arguments. C’est donc un fait attesté par ailleurs par de nombreux reportages de médias occidentaux et il n’y a que les petits nègres de service, obnubilés et hypnotisés par la toutepuissance de la France colonialiste et impérialiste, pour penser que l’esclavage doit continuer et que leur maître doit rester prééminent et omnipotent. Il n’y a que ces nègres renégats pour vouloir demeurer dans les fers d’une exploitation éhontée qui dure depuis d’interminables décennies. Oui, il faut être un apatride opportuniste et vénal pour comploter avec ceux qui veulent demeurer, y compris au prix de nos vies, maîtres de nos ressources et de notre destin.

C’est dire que la lutte pour la souveraineté nationale est un combat patriotique, juste et admirable. Mieux, c’est un combat salutaire pour tout Nigérien. S’engager par conséquent aux côtés du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) et du Général Tiani va de soi pour tous ceux qui savent que le Niger est leur patrie, la terre de leurs pères et de leurs grands-parents. Une terre que nous devons protéger au prix de nos vies, contre tout danger extérieur. Mais…, car il y a un «mais» qu’il faut clarifier. Ce «mais» à clarifier, c’est que nous avons les yeux grands ouverts sur nos rapports avec l’étranger, en particulier la France contre qui nous menons une lutte féroce de souveraineté, mais nous les fermons honteusement sur les calamités intérieures.

Les calamités intérieures, ce sont ces compatriotes à qui le pouvoir déchu a donné la permission de violer les textes, de faire main basse sur les deniers et biens publics et qui continuent à bénéficier des largesses et des privilèges du pouvoir. Alors que la loi pénale leur réserve le pire, c’est-à-dire la peine de mort pour tout détournement atteignant ou dépassant 500 millions de francs CFA, ils trônent encore et toujours au sommet, riant à gorge déployée de ceux qui leur prévoyaient la potence ou la prison à vie. C’est extraordinaire ! Dans un pays où la loi ne sert que d’ornement et où le gouvernant, malgré ses promesses et ses serments, change les règles de jeu en fonction d’intérêts partisans, pour protéger des individus qui, dans le meilleur des cas possibles, doivent finir leurs vies en prison, il n’y a aucun espoir de refondation de la gouvernance. Oui, nous devons nous battre pour notre souveraineté. Mais il est inadmissible d’attendre des Nigériens qu’ils passent l’éponge sur des crimes et délits qui ont ruiné le Niger.

La vérité est amère, mais elle est bien meilleure que le faux et le mensonge. Le Cnsp doit changer son fusil d’épaule. Il doit non seulement se rendre à l’évidence qu’aucun corps de métier, y compris l’armée, n’a l’apanage de l’intégrité et du patriotisme, mais que la première valeur d’un gouvernant, c’est le respect de la parole donnée. Mieux, l’instance dirigeante doit se convaincre qu’en tolérant des détournements estimés au bas mot à plusieurs centaines de francs CFA sous la 7e République, il ne fait pas autre chose que de renforcer la culture de l’impunité. Oui, ceux qui ont été témoins des affaires scabreuses qui ont ponctué la vie de la 7e République n’oublieront pas de sitôt, du moins dans ce pays, que ce sont les imbéciles qui s’interdisent de détourner le bien et l’argent publics. C’est triste et dommage que ce soit cette culture que le Cnsp risque de léguer à la postérité si les tendances qui ont jusqu’ici prévalu sont maintenues en l’état.

Pour résumer, il faut savoir que tant que la gouvernance publique ne fait pas l’objet de catharsis profonde en faisant juger les affaires qui ont porté un grave préjudice à l’État, la lutte pour la souveraineté nationale ne servira qu’à élargir l’assiette des malversations de ceux qui sont désormais persuadés que l’impunité, c’est leur MANTEAU ÉTERNEL.

BONKANO (Le Canard en furie)