Niger : bilan des ministres de la transition sur le pétrole, en attendant toute la vérité
Depuis quelques jours, les villes de Niamey et de Tillabéri connaissent de sérieuses difficultés en approvisionnement de carburant. Quand on voit les files d’attente, l’anxiété des gens las d’attendre pour se faire servir ou, carrément ceux qui, faute de carburant, ne peuvent se déplacer, dans la ville, l’on ne peut qu’en être dérouté pour ne rien comprendre à cette situation que rien ne laissait augurer, en tout cas pas les raisons invoquées par le commercial de la SONIDEP qui était venu prêcher presque dans le désert quand il ne peut pas répondre à des questions bien simples : la production de la SORAZ, peut-elle satisfaire la consommation intérieure ?
La SONIDEP, paie-t-elle la SORAZ ? Pourquoi le Niger qui produit du produit du pétrole, ne peut-il pas répondre aux besoins de la demande intérieure pour sécuriser la consommation nationale ? Faut-il croire que le personnel trafiqué par l’ancien régime pour faire exploser les effectifs de la SONIDEP, fidèle à l’ancien régime, se servirait de la boite pour discréditer la transition, créant ces situations de frustration qui pourraient affecter la cote de popularité du CNSP déjà en mal dans l’opinion ? Cela peut-il se justifier quand, cela fait déjà des jours longs que cette situation intenable est imposée aux Nigériens, au risque en même temps, d’affecter les cultures irriguées dans le pays ?
Les Nigériens ne comprennent rien à cette situation et se posent mille et une questions. La transition estelle incapable de trouver une solution rapide à cette situation, pire de communiquer pour donner des raisons qui tiennent la route, non celles débitées chez le commercial ? Les Nigériens commencent par s’inquiéter et pour cause, pour avoir fait le choix de composer avec le même personnel hérité de l’ancien système, souvent comptable de la mauvaise gouvernance, la transition aura fait un choix risqué d’abord pour sa crédibilité mais aussi pour ne pas changer les pratiques ruineuses qui ont détruit le pays. Peut-on continuer ainsi quand on ne peut rassurer le peuple qu’on est engagé pour la changement pour justifier qu’on ait de bonnes raisons de lui demander de supporter davantage ? Et l’on pense tout de suite au bilan de sa gestion que présentait, il y a quelques jours, le ministre du pétrole, un oral qui a laissé les Nigériens perplexes et dubitatifs quant aux changements de paradigmes dans la gouvernance de l’or noir qui semble bien opaque aujourd’hui encore. Il ne faut pas oublier que l’une des raisons du coup d’Etat, c’était, même si l’on ne le dit pas haut, cette guéguerre, entre les deux clans du pouvoir – Issoufou et Bazoum – qui voulaient, par le choix de leurs hommes, tout contrôler dans le secteur pétrolier naissant. Faut-il croire que la transition, et le CNSP surtout, finiraient par être découverts dans le jeu de cette lutte de positionnement ? Ce pays, à la vérité, inquiète. Et c’est dommage soit des choix de l’ambiguïté.
Genèse…
C’est avec le pétrole nigérien que découvraient les Camarades, que l’ancien régime avait fait sa bamboula, festoyant sur la manne pétrolière qui ne servait presque pas le pays si ce n’est le clan qui s’en est accaparé. C’est sans doute stratégiquement que l’ancien président Issoufou qui peut enfin comprendre que ce n’était pas de l’eau ainsi ses ingénieurs venaient le lui confier, plaçait là, dans le nouvel eldorado de l’or noir, ses hommes de confiance. Il pouvait enfin comprendre, contrairement à ce que ses géologues réputés avaient fait entendre, à travers l’expertise de ses ingénieurs et autres géologues de pacotille, aux Nigériens, quand Mamadou Tandja décidait de la prospection et de l’exploitation pétrolières, à savoir qu’il n’y aurait que de l’eau dans notre sous-sol, que l’affaire était bien sérieuse. Il y avait d’abord l’ami – Pierre Foumakoye Gado –puis le Fils, quand, par une autre intrigue, sous l’ami qu’il propulsa président contre vents et marées, et notamment contre la volonté du parti et du peuple nigérien dont le vote a été trafiqué pour répondre aux injonctions de Paris à qui le candidat-philosophe donnait des gages, il voulut que les siens seuls en profitent pour en faire un domaine réservé du clan. Le pétrole nigérien est sans doute devenu pour le régime, sinon pour un clan qui avait fait main basse sur la manne, la caverne d’Ali Baba et des quarante voleurs qui s’en sont servis à coeur-joie, conviant enfants et toute la marmaille à essaimer autour du miel-pétrole. Les Nigériens savent qu’une opacité entoure la gestion du pétrole qui a eu la malchance de trouver comme premiers managers des socialistes prédateurs qui rêvent de brillance et qui avaient trouvé là le moyen express de se faire rapidement de l’argent. Ils ont ainsi vu comment le premier ministre du pétrole, Foumakoye Gado, a tout de suite changé de vie, se retapant un embonpoint qu’une traversée du désert en de longues années d’opposition avait éprouvé. Ah, que la vie est dure que quand les hommes étaient humbles ! C’est pour toutes ces raisons que les Nigériens avaient attendu le ministre du pétrole qui venait, à la suite d’autres ministres, pour présenter son bilan aux Nigériens. Mais, il a paru évasif et on peut lire chez les journalistes qui l’interrogeaient une certaine insatisfaction car visiblement, l’homme ne venait pas avec les vérités que les Nigériens attendent de lui pour voir un peu clair dans la gestion qui a été celle du pétrole ayant produit des milliardaires dans le landerneau politique des Roses Nigériens. On se rappelle des relevés, pour montrer la gabegie du régime, où quelques 100 millions sont envoyés presque chaque mois dans le compte d’une dame sans que rien ne puisse justifier de tels profits. C’était cela le Niger de la Renaissance à propos duquel les Nigériens voudraient tout savoir pour mettre fin à une certaine manière de faire de la politique et de servir l’Etat.
Evasif et souvent peu précis…
Visiblement donc le ministre du pétrole n’a pas convaincu. C’est du reste l’impression que l’on a quand on voit ces regards perdus de journalistes, souvent presque absents, pour ne pas trop comprendre que l’universitaire ait des difficultés à dire magistralement ce qu’il sait du secteur afin de rassurer les uns et les autres que l’on est aujourd’hui sur la bonne voie. Les téléspectateurs et auditeurs étaient presque restés sur leur soif car, on n’entend rien des recrutements faits dans le secteur, rien des gestions incriminées, rien de ces quantités de barils dont on ne sait pas dans quelles poches elles tombaient car l’on a appris qu’elles ne sont déclarées et serviraient des intérêts obscurs. Des gens venaient s’engraisser avec le pétrole et ils avaient cru que leur pouvoir était éternel pour ne pas en rendre compte au peuple spolié. Comment ne pas avoir ces préoccupations quand on apprend quand même du ministre, peut-être trop gêné de faire du déballage alors que le contexte le lui commande, qu’en 2024 le pétrole avait généré comme recettes 204 milliards contre 64,1 milliards en 2020. Comment comprendre cette différence abyssale si ce n’est la mauvaise gouvernance qui avait cours dans le secteur où on en faisait ce que l’on veut, le pétrole étant devenu une affaire de quelques familles qui en ont fait leur chasse gardée, leur bien privé. Quand on écoute le ministre devant les deux journalistes de la RTN, l’on entend plus de verbes au futur dans ses propos comme s’il n’avait pas eu le temps d’agir et surtout comme s’il venait juste de s’installer pour mettre tout en projet pour mettre tout au futur impossible. Cela a davantage renforcé les doutes et à croire que le secteur reste aujourd’hui, après deux ministres sous la transition, un mystère qui n’est pas prêt de s’élucider. La transition, serait-elle incapable de faire la lumière sur la gestion du pétrole ?
Pourtant, on ne peut pas protéger la pègre du secteur…
Les Nigériens attendent beaucoup d’en savoir sur cette gestion. Ils ne peuvent donc pas croire à ces raccourcis qui taisent bien de faits. Entre le ministre du pétrole de Bazoum – le Fils – et celui – le premier – du gouvernement de la transition, il y a bien de choses à dire aux Nigériens pour qu’ils comprennent ce qui a valu à celui-là d’aller en prison alors même que l’on sait qu’il avait appelé à auditer le secteur afin qu’il comprenne mieux la gestion dont il a hérité. Cette volonté de fouiller cette gestion patrimoniale, peut-elle avoir dérangé ? Qu’est-ce qui lui est reproché ? Nos hommes ne peuvent- ils pas changer à gérer du pétrole ? Peuvent-ils tous être les mêmes chaque fois qu’il s’agit de gérer le pétrole ?
En décidant de faire le focus sur la seule nigérisation des postes – toute chose défendable politiquement et moralement – l’on ne peut occulter l’autre aspect, à savoir la gestion telle qu’elle a été faite pendant les douze dernières années. Par exemple, du ministre l’on n’a presque rien compris des problèmes entre la SORAZ et la SONIDEP. L’on savait depuis Issoufou que cela a même provoqué un incident diplomatique avec un responsable chinois renvoyé par Issoufou alors que la SORAZ ne comprenait pas qu’on prenne le pétrole et qu’on ne le lui paie pas. Quand on écoute le ministre c’est comme si le problème perdure, la SONIDEP accumulant des dettes qu’elle ne peut toujours pas rembourser à la SORAZ alors que dans le secteur il n’y a pas de mévente et voilà qu’on ne peut même satisfaire la demande intérieure. Si la vente d’essence de contrebande a presque disparu dans la ville de Niamey, il reste que le dossier du pétrole reste un gros os à croquer pour une transition qui, sachant peut-être qu’en allant dans le dossier, celui-ci pourrait conduire directement, à des cases qu’elle voudrait éviter, et s’éviter des désagréments, jouerait à la prudence, toute chose qui risque de compliquer sa relation avec une opinion nigérienne qui attache du prix à la lumière autour de la gestion du secteur et de bien d’autres affaires sulfureuses qu’on ne peut pas taire au nom d’une volonté de réconciliation ou de pardon. Les militaires, peuvent-ils être aussi, dans cette guerre des clans ?
Il y a donc encore des choses qui ne sont pas dites sur ce dossier. Bien de zones d’ombre planent sur le pétrole nigérien.
Korombeyzé (Le Canard en furie)