Niger-Bénin : Vers une réouverture de la frontière
Ceux de nos compatriotes qui pensent qu’on ne doit en aucune manière reprendre les échanges économiques avec le Bénin à la suite de la levée partielles des sanctions de la CEDEAO contre notre pays intervenue le 24 février 2024, perdent de vue certains paramètres dans leur analyse du problème.
OEil pour oeil, dent pour dent ! Pour eux, les autorités béninoises nous ont causé de graves préjudices pendant de longs mois en fermant systématiquement leur frontière, privant du coup notre pays de toute possibilité d’approvisionnement en produits alimentaires, pharmaceutiques et autres biens non alimentaires à partir du port de Cotonou, qui est notre corridor maritime naturel. Il est bien vrai que le coup reçu est très dur, ressenti de plein fouet par les populations nigériennes, qui sont actuellement encore confrontées à des pénuries ponctuelles et une inflation sans commune mesure des prix des produits sur le marché. Depuis lors, les marchandises à destination de notre pays passent par le Burkina Faso via le Togo.
C’est la raison principale pour laquelle nombre de Nigériens se disent foncièrement hostiles à la réouverture de notre frontière avec le Bénin, estimant qu’on doit rendre aux autorités de ce pays frère et voisin la monnaie de sa pièce, en maintenant notre frontière fermée. Nul besoin de dire que les autorités béninoises regrettent aujourd’hui leur acte consistant à appliquer aveuglement les sanctions de la CEDEAO contre notre pays au détriment de leurs propres intérêts. Car autant la fermeture de la frontière béninoise a durement affecté nos opérateurs économiques et les consommateurs nigériens à la base, autant l’Etat béninois, les opérateurs économiques et les producteurs ruraux béninois ont aussi beaucoup bavé de l’application de ‘’la mesure illégale et sauvage’’. De productions importantes de fruits et autres féculents ont pourri sur place par manque de clientèle qui vient généralement du Niger, des opérateurs du secteur de transport marchandises ont broyé du noir du fait de l’immobilisation de leurs camions, le port autonome de Cotonou dont les recettes sont générées à hauteur de plus de 60% par les importations nigériennes a tourné au ralenti, engendrant un manque à gagner considérable pour les caisses de l’Etat béninois. Sur la base de ces éléments d’appréciation, dire que la poire est divisée en deux entre le Niger et le Bénin est peut-être un peu exagéré, mais c’est tout comme ! Pour preuve, c’est aujourd’hui le Bénin qui fait des pieds et des mains pour voir le Niger rouvrir rapidement sa frontière qui reste toujours fermée alors que la sienne est ouverte depuis la levée des sanctions de la CEDEAO intervenue samedi 24 février 2024. Signes de détente L’impatience des autorités béninois de voir la frontière nigérienne rapidement rouverte ne sera pas, peut-être, longue au regard de la reprise timide des échanges entre des délégations des deux pays constatée ces jours-ci. La visite du préfet de Gaya, capitaine Boureima Seyni, à Malanville, en début de cette semaine, s’inscrit dans cette volonté de réouverture et la reprise des échanges économiques avec le Bénin. Accompagné par l’autorité béninoise locale, le préfet de Gaya et sa délégation ont visité le poste de contrôle juxtaposé et le parc des camions de Malanville, situé à Bodjécali. Ce qui augure d’une réouverture de la frontière et la reprise du trafic routier, qui soulagera grandement les échanges entres les populations des deux pays. Dans la même période, une délégation de hauts cadres de notre administration douanière s’est aussi rendue au Bénin pour prendre langue avec leurs homologues, en prélude au démarrage de l’exportation du brut d’Agadem par pipeline, en direction de la station terminale du port de Sèmè Kpodji, en vue de sa commercialisation à l’international. Il s’agit, apprend-on, de définir les modalités pratiques de la collaboration entre les deux pays dans le cadre du projet.
Sous le coup de la colère et d’une passion aveugle, nous avons entendu des Nigériens exiger la remise en cause du projet avec le Bénin pour chercher un autre pays partenaire pour l’exportation du brut. Comme si notre pays est seul à décider du sort de projet entièrement financé par les partenaires chinois. C’est sûr, les actes posés par les autorités béninoises contre notre pays nous ont fait beaucoup de mal. Mais est-ce pour autant qu’il n’est pas possible de retourner la page et regarder devant nous, à partir du moment où elles ont, elles-mêmes, reconnus avoir agi très mal envers notre pays ?
Taweye (L'Actualité)