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Niger-Benin : Les deux pays tendent-ils vers le dégel des relations tendues ?

Niger Benin PetroleDans ce qui a inutilement gâté les relations du Niger avec la CEDEAO, poussant même le Niger et les deux autres pays de l'AES à la quitter pour une nouvelle alliance, il y a des voisins qui sont souvent allés très loin dans les positions qu'ils prenaient vis-à-vis du Niger, jouant à la terre brûlée, sans rien préserver des relations que les deux pays, sous le leadership éclairé de leurs différents dirigeants, avaient entretenues et affinées durant de longues décennies. Ainsi, le Niger et le Benin virent se dégrader leurs relations comme ils ne l'ont jamais connu dans l'histoire de leur voisinage. Pendant de longues semaines, la situation s'est exacerbée au point où les deux pays ne se parlaient plus, les peuples regardant, inquiets, alors qu'eux pouvaient quand même continuer à échanger même dans les conditions éprouvantes que leur imposent, justement, les sanctions auxquelles les autorités béninoises s'associaient et la détérioration progressive des relations entre les deux pays.

C'était par médias interposés que la diplomatie fonctionnait, avec surtout le président béninois qui en abusait, exposant ses jugements qu'une diplomatie discrète aurait pu gérer autrement. La situation, ainsi, allait de mal en pis, donnant, au regard des extrémismes que l'on peut observer de part et d'autre, souvent à désespérer pour ces relations devenues tensives. Et les peuples souffraient, sans rien comprendre à ses intransigeances, à ces radicalités, somme toute destructrices pour les économies des deux pays et pour la relation sociale séculaire que les deux peuples ont cultivée pendant de longues décennies de coexistence pacifique, que rien, malgré quelques incompréhensions mineures qui sont souvent intervenues ici et là, à l'exemple du conflit autour de l'île de Lété, n'a pu entamer. Les gardiens, et anciens des deux pays en savent quelque chose pour se rappeler ce que Mathieu Kérékou fut pour Seini Kountché, Nicéphore Soglo pour Mahamane Ousmane. Le sachant, deux grands hommes d'Etat, ancien chefs d'Etat du Benin, inquiets aussi de la tournure assez tragique que prenaient les relations, s'invitaient dans le débat, prenant l'initiative de séjourner au Niger pour prendre langue avec les autorités du Niger.

Première détente…
Cette médiation des deux anciens dirigeants qui rappelait à juste titre la qualité des relations séculaires entre les deux pays qui hébergent, de part et d'autre des deux frontières, des populations qui ont appris à vivre ensemble, partant chacun, à travers des activités diverses, pour faire prospérer les économies des deux pays. Après quatre jours de séjour en terre nigérienne, Thomas Boni Yayi et Nicéphore Soglo rentraient satisfaits de l'honneur dont ont les couvrait et des contacts qu'ils avaient eus à Niamey et allaient en rendre compte à leur président qui, depuis lors, changeait dans sa manière de gérer la crise que ses communications avaient aidée à dégrader.

Autres signes…
Dans la foulée, intervenait la présentation des lettres de créances du nouvel ambassadeur du Benin au Niger, puis l'on apprit l'assouplissement des conditions de mobilité au Benin avec des bus de compagnies nigériennes et béninoises qui pouvaient reprendre la navette pour assurer leurs services, même quand, par le Niger, la frontière devrait restée fermée pour des raisons de sécurité que le gouvernement du Niger pouvait continuer à invoquer pour justifier ses intransigeances à l'égard du Benin voisin par rapports à la gestion de la frontière. Dans le même temps, comme, en signe de détente et de bonne disponibilité des autorités béninoises, l'exportation du brut nigérien qui passait, via le pipeline, par les ports de Sémé, a repris avec le chargement des navires chinois qui venaient s'y accoster. Enfin, quelques jours après la venue au Niger de la délégation des deux ex-présidents, une forte délégation nigérienne, conduite par le Ministre d'Etat de l'Intérieur, le Général de Brigade Mohamed Toumba, s'était rendu à Cotonou pour échanger avec les autorités du pays, signant ainsi le rapprochement définitif des autorités du pays qui peuvent enfin se parler officiellement.

En Chine, la volonté commune des deux pays de passer l'éponge sur le froid de leurs relations s'est affirmée…

C'est à la faveur du sommet Chine- Afrique tenu à Beijing auquel participait le Chef de gouvernement nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, que l'on a encore vu des responsables des deux pays se rencontrer, échanger et parvenir même à signer des accords qui aident à aller vite à l'apaisement, et on l'espère aussi, à la normalisation. Ce prolongement diplomatique délocalisé montre, si besoin est, que les deux pays sont désormais prêts à se servir de toutes les occasions pour se parler et arriver rapidement à une solution qui mette fin aux calvaires que vivent les populations de part et d'autre des deux frontières. Les conclusions auxquelles parvenaient, en terre de l'Empire du Milieu,les deux délégations qui parlaient de leurs propres problèmes donnait le ton du renouement des relations conjoncturellement brisées. Il s'agissait de recréer la confiance entre les autorités des deux pays, toute chose qui ne peut être possible que lorsque chacun des deux pays donne à l'autre des gages d'assurance, et notamment en ce qui concerne le Benin par rapport au Niger, relativement à la présence de militaires étrangers chassés du Niger. Et à cette préoccupation qui, seule, bloque aujourd'hui, les autorités du Benin sont aussi les seules à pouvoir apporter les réponses nécessaires pour rassurer le Niger voisin.

L'espoir est permis…
Les termes de la déclaration de Beijing donnent à espérer le meilleur dans ces relations qui commencent à s'assouplir depuis que les autorités, de part et d'autre, revenaient avec moins d'intransigeances, engagées à mettre fin à la situation que l'on vit depuis plus d'un an maintenant. On a parlé d'une probable réouverture de la frontière, toute chose attendue par les populations - et même de la tenue prochaine de la Commission mixte Niger- Benin dont la date devra être arrêtée de commun accord par voie diplomatique.

La volonté politique est aujourd'hui réelle au niveau des deux autorités notamment avec l'engagement de chacun à accompagner cette dynamique, ce en maintenant et en multipliant les rencontres qui peuvent permettre de se comprendre et d'avancer.

Mairiga (Le Courrier)