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NIGER-BENIN : Il faut aller à l’entente pour le bonheur des peuples

Frontier Benin Niger Les derniers événements tragiques survenus au Benin et ayant causé de nombreuses victimes nigériennes s’ajoutant au bilan sinistre du terrorisme, ont montré que, pour être des voisins, le Niger et le Benin devraient savoir prendre soin l’un de l’autre, car pour une raison ou une autre, ils pourront avoir besoin de l’autre. L’événement tragique l’a montré. Et, lorsque c’est dans des situations comme celle-là, très souvent, l’humain prend le dessus sur tout et les malentendus ne comptent plus. Le Benin a administré la bonne leçon car, avant que les autorités nigériennes ne courent au secours des accidentés, ce sont d’abord les autorités béninoises qui s’y étaient employées, ne se dérobant à ce devoir qu’elles doivent au voisin. Cette solidarité subite, non négociée, repose la problématique des extrémismes autour du maintien de la fermeture de la frontière avec ce pays qui ne peut, au regard de la gravité des menaces, avoir à porter, face à l’histoire, la responsabilité d’abriter des forces maléfiques qui pourraient mener des actions de déstabilisation qui visent le Sahel généralement, et le Niger particulièrement. Mais passons.

Il est préférable d’avoir de bonnes relations avec ses voisins que d’entretenir des relations tendues qui ne peuvent rien arranger à la situation entre les deux. Lorsque l’armée nigérienne peut être capable de sécuriser ses frontières et notamment sa frontière où le régime redoute le plus d’agression, il est clair que ce n’est pas sur le fil d’un pont qui lie les deux petites villes jumelles, frontalières, que l’on peut déstabiliser le pays. Si la sécurité est une raison invoquée pour justifier que la mesure soit maintenue deux années après, c’est que l’autre raison pourrait être aussi d’asphyxier le Benin économiquement quand on sait que son port sert plus l’économie nigérienne qu’une autre. Mais, sur ce plan, peuton croire encore que c’est le cas ? Le Benin semble avoir trouvé des portes de respiration pour son économie qui a, autant que celle du Niger, souffert de ces mesures injustes pour lesquelles l’on faisait preuve d’un zèle inouï. En effet, selon bien de sources, pour des raisons sécuritaires, la voie privilégiée depuis les sanctions de la CEDEAO qui obligent les opérateurs à choisir le port de Lomé et son corridor pour passer par le Burkina Faso, est progressivement délaissée pour repartir par le port boudé de Cotonou, sans doute plus proche, avec une voie plus en sécurité. L’on estime d’ailleurs qu’aujourd’hui près de 90% de transporteurs et d’opérateurs économiques nigériens font le choix de Cotonou, passant par le corridor du Nigéria pour faire rentrer au Niger leurs marchandises, évitant le passage par le pont fermé de Malanville et Gaya. Jouer pour les intérêts des deux peuples Quand on écoute les deux messages des autorités nigériennes, l’un à l’endroit des familles endeuillées pour leur exprimer leurs condoléances et leur compassion, et l’autre à l’endroit des autorités béninoises pour leur exprimer toute la gratitude et les remerciements du Niger pour la diligence avec laquelle elles ont mobilisé les hommes et les moyens nécessaires pour aller au secours des accidentés en retirant de la rivière Ouémé le bus submergé et en donnant les soins nécessaires aux blessés. Cette note officielle ne peut-elle pas, dès lors, servir de perche à saisir pour reprendre le dialogue qui était pourtant très avancé il y a quelques mois entre les deux pays ?

C’est une option que le gouvernement nigérien doit encore étudier pour aller à une paix des braves qui préserve les intérêts mutuels et mette fin au calvaire que vivent les populations des deux pays. Les populations des deux pays souffrent énormément ; il faut donc écourter leur martyr. Quand on voit certains, aller par le fleuve, pour rattraper de l’autre côté de la rive un bus nigérien, l’on ne peut que s’inquiéter pour eux, pour tant de risques qu’ils prennent avec leurs bagages, souvent avec des véhicules que le système D africain peut oser pour les faire traverser par des pirogues et à des tarifs qui valent les yeux de la tête.

Il se trouve que, forcément, un jour, cette tension entre les deux pays doit s’apaiser pour permettre aux deux peuples de commercer, aux deux économies d’échanger, aux deux cultures de dialoguer. Un concert de la réconciliation pourrait être organisé dans les deux capitales avec les artistes des deux pays.

Grandir…
Il est souhaitable de voir de part et d’autre les autorités privilégier le dialogue fécond en ouvrant des espaces de rencontre qui puissent permettre à la diplomatie de reprendre ses droits pour dissiper les malentendus, et aller vite à des solutions qui peuvent permettre de revivre la chaleur des relations de voisinage. Le Benin a certes besoin du Niger, mais, l’inverse est tout aussi vrai car le Niger a aussi, indiscutablement, besoin du Benin. Une géographie et une histoire obligent les deux peuples à conserver leurs relations et à les raffermir davantage pour préserver l’avenir des enfants qui auront le lourd héritage de perpétuer l’héritage qu’on leur aura légué. Il se trouve que la cohésion que l’on veut pour les deux peuples n’est pas qu’un souhait, c’est une réalité quand on sait qu’aujourd’hui – et des études l’ont prouvé – il y a même une fusion des deux peuples quand on sait que beaucoup de Nigériens vivant au Benin sont mariés à des Béninoises, se retrouvant finalement, dans les complexités d’une binationalité irréfutable qui lie, de part et d‘autre, des familles aujourd’hui liées par les liens conjugaux. Là également, l’inverse est tout aussi vrai. Que faire dès lors sinon que d’aider de plus, par les politiques, à rapprocher davantage les deux peuples qui ont compris la nécessité d’être ensemble et d’oeuvrer à des amitiés solides, indestructibles.

Il faut donc abandonner les égos, les orgueils, pour comprendre la nécessité de travailler au bonheur des peuples. Toute décision et toute action qui éloignent les peuples ne peuvent pas être les bonnes. Ouvrir cette frontière, après plus de deux années, c’est donner les chances à une fraternité nouvelle. Et c’est possible, puisque les autorités des deux ne sont que des humains !

Mairiga (Le Courrier)