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Niger - Affaire Mohamed Bazoum : de la détention à l’option judiciaire, un dossier central de la transition

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bazoum mohamedDepuis le 26 juillet 2023, la détention de l’ancien président Mohamed Bazoum demeure l’un des points les plus sensibles de la période de transition au Niger. Entre la mise en résidence surveillée, l’épisode de la tentative d’évasion d’octobre 2023, les accusations d’atteinte à la sûreté de l’État et les préparatifs d’une éventuelle procédure de levée d’immunité, le dossier est progressivement passé du registre politique au registre judiciaire. C’est désormais la façon dont il sera traité qui permettra de mesurer la solidité des institutions en cours de réorganisation.

Une détention née d’un changement de pouvoir
Le 26 juillet 2023, la prise de pouvoir par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a immédiatement soulevé une question de droit : comment gérer la situation d’un chef de l’État déposé, toujours présent sur le territoire, et soupçonné de démarches contraires aux intérêts du pays ? La solution retenue a d’abord été la résidence surveillée, présentée comme un dispositif de contrôle visant à éviter toute escalade politique ou militaire.

L’épisode d’octobre 2023 comme tournant
L’annonce officielle d’une tentative d’évasion déjouée en octobre 2023 a constitué un moment de bascule. À partir de là, les autorités ont justifié un renforcement des mesures sécuritaires autour de l’ancien président et de sa famille, en arguant d’un risque réel pour la sûreté de l’État. Cet épisode a fait entrer le dossier dans une phase plus structurée : celle de la collecte d’éléments, de l’audition de personnes impliquées et, surtout, de la préparation d’un traitement judiciaire.

Vers une judiciarisation progressive
Au fil de l’année 2024, plusieurs signaux ont montré que l’option d’un règlement purement politique s’éloignait au profit d’un traitement par les voies de droit. La question de la levée d’immunité, préalable indispensable à tout jugement d’un ancien chef de l’État, a été évoquée. Cette étape est déterminante : elle permet de clarifier le cadre juridique, d’établir les charges éventuelles et d’ouvrir un espace de défense. Plus la procédure est formalisée, plus elle est lisible, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Un dossier compliqué par les rivalités de l’ancien système
Parallèlement, des prises de position publiques de proches de l’ancien président, y compris à l’encontre d’anciennes figures du pouvoir, ont rappelé que ce dossier ne se limite pas à un face-à-face entre le CNSP et Mohamed Bazoum. Il s’inscrit aussi dans un contexte de rivalités politiques plus anciennes. Pour les autorités de transition, cela impose d’autant plus de s’en tenir à une démarche juridique claire, afin d’éviter que le traitement de l’affaire soit perçu comme une manœuvre de règlement de comptes.

La question centrale : transparence et droit à la défense
L’enjeu principal réside désormais dans la capacité à mener ce dossier jusqu’au bout avec des règles de droit connues, des faits établis, un droit à la défense effectif et, à terme, une décision rendue par les instances compétentes. Un traitement public, documenté et conforme à la législation nationale permettrait de montrer que l’État agit pour la stabilité institutionnelle.
Tobo Altiné (Nigerdiaspora)

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