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Niamey face à l’incivisme : échecs répétés des décisions municipales

ville de NiameyVILLE DE NIAMEY - Ces décisions que personne ne respecte : incivisme ou choix mal réfléchis ?
S’il y a des autorités qui prennent des décisions, c’est bien celles de Niamey. Du gouvernorat comme de la Ville. Régulièrement des décisions tombent, avec la meilleure intention possible : améliorer le cadre de vie des citadins. Et Dieu sait que plusieurs décisions ont été prises. Ces décisions sous forme d’interdictions ont porté, entre autres, sur le transport du gravier, du sable, de la viande fraiche et sanguinolente sans couverture ; la circulation des charretiers et chameliers dans le centre-ville et sur certaines artères très fréquentées à certaines heures de la journée ; le stationnement des gros porteurs dans le centre-ville ; la mendicité dans la ville ; l’occupation anarchique des espaces publics par les commerçants, les tricycles, etc. mais, force est de constater que ces décisions, même si elles sont respectées, c’est seulement les premiers jours de la publication de la mesure. Quelques jours après, les mauvaises pratiques reprennent leurs droits, comme si elles n’ont jamais été interdites. Des usagers circulent avec leurs camions pleins de graviers, de sable et de viande à découvert, indisposant les autres usagers et dégradant les voies publiques. Les charretiers et les chameliers font comme bon leur semble, bloquant la circulation sur certaines artères fréquentées surtout aux heures de pointe. Des camions surchargés, souvent des citernes, sont garés en plein centre-ville mettant la vie de tous en danger. N’importe qui construit et implante son kiosque, sa boutique n’importe oû, jusque au-dessus des égouts, et s’octroie ainsi l’espace public dont il s’approprie, favorisant la survenue d’accidents terribles. Les mendiants sont revenus quelques jours après la décision de les interdire d’activité dans la capitale, ils sont même devenus plus agressifs que jamais.

Elles sont nombreuses ces décisions qui sont prises concernant la capitale et qui sont défaites aussitôt le lendemain. Qu’est-ce qui fait que ces décisions, pourtant initiées par des autorités légales, ne sont pas respectées ? Incivisme des citadins ou bien ces décisions sont mal réfléchies et prises sans consultation préalables des acteurs, c’est-à-dire le public cible ? On ne peut pas s’empêcher de s’interroger quand on observe qu’après des décisions publiées par des autorités légales, le changement de comportement souhaité n’est pas au rendez-vous. D’une part, il faut déplorer l’incivisme de plus en plus des citoyens. Certains pensent, par ignorance ou volontairement, pensent qu’ils peuvent tout faire, y compris braver les lois, règlements et décisions qui ne visent, dans leur essence, qu’à mieux organiser la vie sociale, les rapports sociaux, donc au bénéfice de tous les citoyens et dans leur intérêt. Il y en a, beaucoup, qui transgressent et outrepassent en ne visant que leur intérêts personnels au détriment de l’ordre public. De l’autre côté, il y a lieu de relever le caractère non murement réfléchi de certaines décisions, et même, ce qui est encore plus grave, une certaine mollesse de l’autorité publique qui énonce des décisions sans se donner les moyens de les faire respecter.

Que faire face à cette situation ?
Il faudra que tous les citoyens soient soumis aux mêmes obligations, jouissant de droit des mêmes droits. Et que tout contrevenant subisse les rigueurs de la loi. Mais, dès que ceux qui sont dans une position de pouvoir commencent eux-mêmes à ne pas observer la règle, les autres aussi n’y obéissent pas et la transgressent dès qu’ils le peuvent. C’est pourquoi la meilleure règle de conduite est la pédagogie par l’exemple, la bonne gouvernance, le sens du bien public chez le gouvernant. Il convient aussi, avant de prendre certaines décisions, de consulter certains acteurs, d’échanger avec eux, afin de trouver une solution alternative au comportement que l’on veut combattre. En cas de déguerpissement par exemple, il serait bon de trouver, ensemble avec les concernés, un autre site viabilisé, de préférence. Et sanctionner sévèrement les contrevenants. Car, dès que l’on sent une certaine mollesse du côté de l’autorité, ses décisions seront toujours contestées. Et cela ne s’observe pas seulement du côté de la Ville de Niamey, mais, malheureusement, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. L’inobservance de la réduction des prix de certains produits, pourtant décidée par décret, est l’illustration la plus achevée. Certains nigériens éprouvent du mal à obéir aux règles, et généralement le mauvais exemple vient d’en haut. Dans ces conditions, le pauvre charretier ne va pas arrêter de circuler, puisqu’il faut bien qu’il gagne sa vie, une vie rendue précaire par une certaine mauvaise gouvernance avec laquelle l’Etat semble s’accommoder, dans bien de cas. Pourtant, il faut que ça change. C’est valable pour le citoyen lambda que pour le gouvernant.
Bisso (Le Courrier)