Lutte contre la délinquance : La COLDEFF demande aux ministères les dossiers des marchés publics octroyés
Pour ne pas se tromper dans son travail qu’elle sait scruté à la loupe par les Nigériens, la Coldeff aurait pris des précautions qui puissent lui permettre de mener à bien ses investigations et d’atteindre les résultats escomptés de ses enquêtes par lesquelles elle devrait fouiller toute la gestion qui a été celle d’Issoufou pendant dix ans, et de Mohamed Bazoum pendant deux ans et demi. C’est ainsi que nous avons appris, de sources crédibles, que la Coldeff a demandé à chaque ministère qu’il lui transmette les dossiers des marchés octroyés afin de les confronter avec les rapports des inspections d’Etat.
Cette stratégie de la Coldeff lui permettra d’avoir un regard plus critique sur les différents marchés notamment en évaluant, de leur élaboration à leur exécution, tout en se fondant sur les rapports des inspections d’Etat qui avaient été diligentées et dont on avait eu, depuis quelques années, des échos d’anomalies et des irrégularités, les cas d’irrégularités qu’on peut y déceler. On se rappelle que l’ancien Procureur de la République, Me. Samna, à la veille des élections de 2016 déjà, lors d’un point de presse où il exposait la montagne de dossiers reçus au parquet et venant des inspections d’Etat, confiait aux journalistes que s’il fallait les traiter tous, l’Etat du Niger serait obligé de construire de nouvelles prisons dans le pays. C’est donc l’ensemble de ces dossiers et d’autres qui sont venus après que la Coldeff a la charge aujourd’hui de dépoussiérer pour les réexaminer avec minutie afin de faire la lumière sur la mafia qui avait saigné le pays. On peut se rappeler que, quelques jours après l’installation de la commission, le Chef de l’Etat, le Général Abdourahamane Tiani, rendait une visite inopinée dans ses nouveaux quartiers, sis au niveau de l’ancien bâtiment du ministère des Finances pour se rendre compte, par luimême, qu’elle s’est, d’une part mise à l’oeuvre et, d’autre part, qu’elle travaille dans des conditions acceptables.
Cette visite, éminemment politique, a certainement montré aux membres de la structure à quel point le Président du CNSP attache du prix à leur travail, car ce fut une promesse importante de sa part pour le peuple nigérien qu’il rassurait d’ailleurs qu’il ne protégera personne. Dès lors, l’on peut comprendre tout le sérieux que la Coldeff pourrait mettre dans une telle mission patriotique et historique. Et cette demande faite de sa part aux différents ministères en est sans doute une preuve. La Coldeff ne doit être comme la commission Crimes et abus installée par la conférence nationale et par d’autres transitions que le pays a fini par noyauter pour s’embourber dans les copinages et les calculs politiques.
Mission délicate s’il en est une pour une commission qui porte les espoirs de tout un peuple…
Le Niger, par le socialisme qui l’avait gouverné, avait subi, douze ans durant, les raids d’hommes et de femmes qui, déguisés sous la robe d’acteurs de Gauche, avaient pillé l’Etat, ruiné le pays, le dépouillant au moyen de différentes stratégies qui avaient été développées pour siphonner les fonds publics au point, on le sait, de pousser à la méfiance de bien de partenaires qui hésitent par deux fois avant d’accorder, pour un dossier ou un autre, leur appui financier. En effet, chaque fois qu’ils devraient appuyer des projets ou programmes, préoccupés du sort qui pourrait être celui des fonds consentis qui pourraient tomber dans les poches et les comptes de particuliers au lieu d’aller servir dans les actions pour lesquelles ils avaient été libérés, ils hésitent, conscients de la cupidité des hiérarchies au niveau de l’administration publique. Il est arrivé que certains partenaires, reconnaissant la pertinence du projet qui leur a été présenté, se refusent souvent à accorder leurs fonds. On n’est d’ailleurs que très surpris, quand de telles gens sont déchues, et que les mêmes partenaires au lieu de s’en féliciter, au nom d’une démocratie de pacotille, s’acharnent à imposer leur retour au pouvoir, incapables de comprendre le soulagement d’un peuple qui sort d’une décennie infernale que rien ne peut permettre de défendre et de tolérer.
On comprend donc dans un tel contexte que la création et la mise en place de la Coldeff, censée lutter contre la corruption et les détournements et autres infractions assimilées, ait suscité bien d’espoir dans un pays qui n’aura connu, depuis que le PNDS arrivait au pouvoir, que rupture d’égalité, injustice et impunité, jetant en prison des « gaffeurs » de la parole et autres innocents que la délation et le mensonge condamnaient à vivre les affres d’un système autocratique, forcés à l’exil, humiliés et souvent, extradés pour les plaisirs des princes vilipendés, du moins sévèrement critiqués par leurs compatriotes. On a vu, en dix années de Wassosso, des personnes sorties du néant, trôner sur des fortunes immenses, indéfendables. Depuis quelques semaines, la Coldeff est à pied d’oeuvre, tournant et retournant bien de dossiers pour en saisir les secrets et les vérités. C’est un vaste chantier que celui qu’a aujourd’hui la Coldeff pour faire l’état des lieux de la gestion de la Renaissance, de l’acte 1 à l’acte 3.
Les Nigériens comptent bien sur la qualité du travail que la structure va abattre pour étaler toute la laideur et l’ampleur du désastre de la gestion sous Issoufou Mahamadou et sous Mohamed Bazoum. Peuvent-ils savoir quelle aura été leur gestion pour avoir cette tête à s’entêter à revenir au pouvoir, y compris par la guerre qu’ils commandaient auprès de la CEDEAO et d’Emmanuel Macron contre le Niger ? Peuvent- ils ne pas comprendre tout le sens de cette ferveur qui s’est emparée des Nigériens, depuis que, par le coup d’Etat, leur régime a été balayé ? Les Nigériens revenaient de loin. Ils avaient des raisons de souffler et de rire enfin à la vie. Le CNSP, pour bien de Nigériens, est une chance divine.
Alpha