Lutte contre la corruption : Le Général Tiani jure d’engager le combat
L’arrivée au pouvoir du PNDS Tarayya en 2011, alors que ce parti avait beaucoup fait rêver les Nigériens, a fini sur des cauchemars, de graves désillusions. Issoufou Mahamadou et son parti étaient devenus méconnaissables. Alors que le premier ne pouvait pas incarner le Lion dans les valeurs qui l’incarnent, le second ne peut faire du socialisme l’orientation de son action politique dans la gouvernance du pays. Le parti, qui s’était réduit à Issoufou Mahamadou qui le régente en même temps qu’il régentait le pays, n’avait plus eu de voix, le parti ne se gérant plus à travers ses instances statutaires mais au travers d’un directoire qui, placé sous les bottes d’Issoufou, ne fait qu’entériner les décisions de ce dernier, y compris la promotion des cadres du parti et la distribution des marchés publics aux mains d’une clique qui répond de son entourage. Une telle situation a permis, par ses choix de l’informel, par développer des pratiques condamnables, totalement en déphasage avec les normes établies. L’administration nigérienne, par le favoritisme, l’ostracisme, l’achat de conscience, perdait ses valeurs, cultivait la paresse et l’inertie. Tout n’était conçu que pour profiter, pour se créer quelques moyens d’émarger pour prendre des sous. On ne pouvait plus reconnaitre l’homme nigérien.
En s’adressant aux Nigériens, il ya deux semaines, à travers deux langues nationales, le Président du CNSP qui abordait plusieurs questions d’intérêt national, évoquait une à laquelle les Nigériens attachent du prix. Il s’agit de la lutte implacable contre les détourneurs de deniers publics, contre la corruption, contre le vol et le pillage. C’est un vaste chantier qui va requérir de sa part courage et intransigeance pour ne jamais hésiter face à ce cancer qui a fait trop de mal à la nation car, c’est par de telles pratiques qu’on a aussi réussi à démotiver les travailleurs quand les critères de compétence et d’intégrité ne pouvaient plus servir de promotion.
Sous la Renaissance, on ne venait en politique que pour permettre à des proches de s’enrichir, de profiter de leurs positions dans le système de prédation que l’on mettait en place. La construction du pays, les engagements pris avec le peuple, et même le serment que l’on pouvait faire en face de Dieu et du peuple, ne comptent plus. En politique, c’est à croire que les hommes croient que Dieu ne voit et ne juge rien. Pour ceux-là, la politique ne peut se réduire qu’à l’art du mensonge et de l’hypocrisie. C’est ainsi que, pendant un peu plus de dix ans, le PNDS, en se détournant de son socialisme pour un autre contrefait, n’a eu à l’esprit que les stratégies de vol à mettre en place pour se faire de l’argent, quitte à ternir l’image du socialisme.
Mais, à la suite de coup d’Etat, les Nigériens ont exprimé beaucoup d’attentes, notamment pour faire justice dans le pays afin de rétablir l’Etat de droit, et pour lutter, sans concession, contre la corruption et toutes les pratiques illégales par lesquelles des hommes et des femmes se sont vachement enrichis ces douze dernières années et, ce, sans que cela n’émeuve le « Lion » qui, lui-même, en a profité pour bâtir son empire de luxe.
Les bâtiments, des immeubles qui poussent dans le pays, à Niamey surtout, mais aussi à travers le pays où, en plus, quelques usines ont émergé sans qu’on ne sache trop à qui elles appartiennent, sont à interroger pour savoir les vrais propriétaires. Comment ne pas s’interroger sur ces immeubles sur les rives du Niger devenues pour les nouveaux riches, la nouvelle Côte D’azur qui signe leur reconquête de la capitale ? En même temps que l’on peut s’interroger sur ces fortunes colossales anonymes, l’on cherchera à comprendre comment ces espaces ont été acquis et comment aussi d’autres espaces du domaine public sont tombés dans le domaine privé, forçant des entités étatiques déshéritées à louer des immeubles de proches du régime qui, eux-mêmes, ne peuvent pas justifier ces acquisitions qu’ils peuvent offrir en bail à l’Etat ou à des sociétés pour se faire de l’argent.
Ce qui est important, c’est que le Général Tiani, dans deux langues où 80% des Nigériens – sinon plus – peuvent le comprendre, a expliqué que c’est une opération qui n’épargnera personne, tant que les preuves des crimes sont établies. Il n’y aura donc pas de quartier et tous les dossiers seront traités sans état d’âme, sans complaisance. Tous les cas d’enrichissement illicite seront remis à la justice qui fera de manière indépendante le travail que chaque cas commande. Tous ces cas d’enrichissement illicite, avec bien de personnes dont la fortune étonne, mais qui, en réalité, ne servent que d’écran – de prête-noms – pour brouiller les identités qui se cachent derrière tant d’immeubles, de châteaux, de domaines, d’industries et hôtels seront élucidés et traités judiciairement. La COLDEFF devra mener les investigations nécessaires pour mettre des visages, et les vrais, derrière chaque bâtiment. Pour ceux qui ne seront pas déclarés par leurs propriétaires à l’image de cet appartement parisien acquis selon un journal français par Mahamadou Issoufou et qu’il n’a jamais déclaré, la procédure pour les récupérer ne doit pas être compliquée. Ces biens ne sont pas déclarés, ils ne leur appartiennent pas. .Logiquement.
Les services des Domaines, avec les moyens qu’il faut, pourront mener le travail nécessaire pour investiguer dans le domaine et permettre que l’on ait plus de lumière sur ces immeubles qui poussent comme des champignons dans bien de quartiers de la ville, en bordure du fleuve et même, soupçonnent certains, ces hôtels qui fleurissent dans la ville de Niamey et à l’intérieur du pays dont certains ténors pourraient être les vrais propriétaires. Il ne reste plus au CNSP qu’à actionner la machine. Les Nigériens attendent le concret. Après les discours.
Alpha