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L'idéal du Général Seyni Kountché : Héritage oublié ou trahi ?

Comme un leitmotiv, le Conseil Militaire Suprême (CMS) n’a jamais cessé d’affirmer sur toutes les tribunes qu’aucun Nigérien ne mourrait plus de faim ni de soif. Pendant les treize années qu’a duré le règne du Général Seyni Kountché, aucun Nigérien n’est mort de faim ou de soif. Le Général-Président a donc rempli son contrat, tirant sa révérence un après-midi du 10 novembre 1987.

Il a d’autant plus rempli son contrat que, durant son régime, le trésor public n’était nullement considéré comme une chasse gardée des gouvernants et de leur clientèle politique. L’administration était dynamique et le respect de la hiérarchie tenait d’une chose sacrée. Le Général Seyni Kountché, qui nourrissait un immense respect pour le savoir, n’a jamais ménagé ses efforts pour doter aussi bien les cycles primaires et secondaires que l’université de moyens à la hauteur des ambitions qu’il avait pour le Niger.

Patriote hors pair, l’homme a su, par sa persévérance et sa clairvoyance, hisser le Niger au rang des nations dignes de considération. Depuis sa disparition, il existe des coins de ce pays qui n’ont jamais vu la visite d’un simple cadre de commandement, a fortiori celle d’un Président de la République. Cela témoigne de l’attachement profond de cet homme à son pays et à sa population, y compris dans les moindres recoins de la nation.

Aujourd’hui, force est de constater que ceux qui tiennent les rênes du pouvoir à Niamey sont en grande partie ses héritiers. Mais ont-ils fait honneur à l’idéal poursuivi par leur père spirituel ? Rien, en tout cas, ne permet de l’affirmer de manière péremptoire. En effet, l’opposition politique n’a cessé de dénoncer l’exclusion, les marchés de gré à gré, l’affairisme, les passe-droits… bref, tout ce qui n’existait pas du temps du Général Seyni Kountché.

Décidément, Hegel avait bien raison de dire que seuls les grands hommes font l’histoire.

Moussa AKSAR
Article publié 21-06-2006


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Ces phrases émanaient du défunt Président aux lendemains de son accession à la magistrature suprême de notre pays. Rien qu’en lisant ces lignes, on est persuadé qu’un homme a pris en main les destinées d’une nation meurtrie. Mais s’il y a en Afrique un Chef d’État qui a connu gloire et prestige, c’est bel et bien Seyni Kountché, qui s’est éteint il y a 19 ans. Homme célèbre, nationaliste, travailleur et courageux, il a séduit la communauté nationale et internationale par ses méthodes de gestion du pouvoir dans un pays détruit, ravagé par la politique politicienne.

Le Niger a perdu un de ses valeureux fils, digne d’une famille respectée et respectable. Aujourd’hui, tous les Nigériens pleurent cet homme, qui n’a pas encore trouvé son égal, ni dans la nation nigérienne, ni en Afrique, et pourquoi pas dans le monde entier. À tout instant, les Nigériens ne cessent de pleurer et de verser de grosses larmes face à la situation que présente le Niger. Dans les milieux publics, à travers les conversations, on entend encore parler de lui.

En effet, le souci constant de Kountché était de sensibiliser toutes les couches sociales du pays sur l’importance et la nécessité de donner au pays de nouvelles orientations pour son développement socio-économique. À cet effet, il avait décidé de mettre en place une mystique du développement, associant toutes les forces vives du pays, partant de la base au sommet, afin d’atteindre l’objectif visé : un développement optimal.

Par ailleurs, s’il y a un point sur lequel le Conseil Militaire Suprême (CMS) a levé toute ambiguïté, c’est bien l’exploitation des ressources de notre sous-sol. Kountché a fait en sorte que ces ressources soient et demeurent des ressources pour le développement de notre pays. Il a construit un Niger fort, libre et prospère, car il avait foi en l’avenir, une foi qui ne faisait que se raffermir au contact des réalités, au fur et à mesure de ses initiatives dans la conduite des affaires publiques.

En son temps, désormais révolu, chaque centime de l’argent public était mis dans la caisse publique et servait effectivement l’intérêt public. Ce grand homme, sans commune mesure avec ceux que nous connaissons ou que nous avions connus, a fait de l’école nigérienne une école économiquement viable. Cela signifie qu’en même temps que l’école apprenait à lire et à écrire aux enfants, elle leur enseignait les vertus sociales, le civisme et le respect de leur patrimoine historique. Elle s’efforçait également de motiver les élèves et de leur ouvrir l’esprit vers la vie active, en établissant pour eux un lien pratique et logique entre les notions apprises et leur application sur le terrain.

Cette école a fait l’objet d’une affection particulière avec la rénovation systématique de la plupart des classes et établissements scolaires, ainsi que de leur mobilier sur l’ensemble du territoire national. Pour mettre enseignants et élèves dans des conditions correctes de travail, il a substantiellement relevé les bourses des étudiants et les salaires des enseignants. En 1979, par exemple, soit quatre ans seulement après son accession au pouvoir, Kountché, l’incomparable, même dans sa tombe, avait rasé plus de 1 500 paillotes pour les remplacer par des classes en semi-dur. Ce que les différents champions de la démocratie qui se sont succédé à la tête du pays n’ont pas réussi à réaliser durant tout leur mandat.

Dans le chaos social hérité de l’ancien régime, Seyni Kountché, un vrai et digne fils du pays, avait interdit la célébration des mariages dans le faste et l’ostentation. Les frais de mariage étaient plafonnés à 50 000 FCFA, et les déploiements de cortèges assourdissants, sortant de la mairie avec des voiles factices et des airs de parvenus, étaient strictement interdits. Les 100 poulets rôtis, surgis d’on ne sait quelle gloutonne tradition, ainsi que les baptêmes tapageurs, étaient également proscrits.

Seyni Kountché disait à qui voulait l’entendre : "Nos officiers, sous-officiers et soldats doivent savoir que c’est sur eux que repose la sécurité des personnes et des biens." C’est par ces mots que Kountché a défini le rôle de l’armée. Il a développé la stratégie nigérienne de la défense en indiquant haut et fort que nos armées devaient être nationales et s’intégrer dans les actions nationales de développement.

Certes, Kountché est mort, mais sa personne reste gravée dans la mémoire des Nigériens. Chaque jour que Dieu fait, les Nigériens demandent un autre Kountché. Mais ce sont surtout les écoliers qui pleurent devant un avenir incertain et déjà compromis. Et ces enfants de crier fort : "Kountché, reviens…"

Que la terre te soit légère. Amen !

Salifou Soumaïla Abdoulkarim
Publié le 14 novembre 2006
Source : Le Visionnaire