Libération des détenus au Niger : réconciliation nationale ou retour en force de Mahamadou Issoufou ?
Dans un geste hautement symbolique, le général Abdourahamane Tiani, président de la République et chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a procédé à la libération de plusieurs figures politiques et militaires détenues depuis le renversement du pouvoir le 26 juillet 2023. Cette décision s'inscrit dans la continuité des résolutions adoptées lors des Assises nationales de février 2025 et marque une étape clé de la transition en cours.
Parmi les personnes concernées figurent d’anciens hauts responsables de l’État, des officiers de l’armée, mais aussi des militants politiques. Pour de nombreux observateurs, cette mesure représente un signal fort en faveur du retour à la cohésion sociale et à la réconciliation nationale.
Certains citoyens ont accueilli cette libération avec émotion, la considérant comme un acte de grandeur et d’humanité. Les témoignages poignants de retrouvailles entre familles, les larmes versées, les accolades chaleureuses relayées sur les réseaux sociaux traduisent un soulagement profond et collectif après des mois de séparation et d'incertitude.
D’autres voix, plus critiques, y voient une opération politique bien orchestrée, notamment par l’ancien président Mahamadou Issoufou. Selon plusieurs analyses, cette manœuvre aurait pour objectif caché de faciliter la sortie de prison de son fils Abba, détenu à Filingué depuis août 2023. Dans cette perspective, la libération massive pourrait servir de tremplin à une recomposition politique autour d’un nouveau parti en gestation.
Indépendamment des interprétations, cette mesure reste en phase avec les recommandations des Assises nationales, qui appelaient à l’apaisement et à la fin des persécutions politiques. Elle répond également aux appels insistants des organisations de la société civile, qui réclamaient depuis plusieurs mois une ouverture du régime sur la voie de la réconciliation.
Nombre d’analystes estiment que cette action du CNSP constitue un jalon essentiel pour reconstruire la confiance entre l’État et les citoyens. Dans un contexte régional instable, cette posture pourrait même faire figure d’exemple pour d’autres pays du Sahel en transition.
Enfin, cette libération collective s'inscrit dans l’esprit de la Charte de la Refondation, signée le 26 mars 2025. Le CNSP réaffirme son engagement à tourner la page des pratiques du passé, en instaurant un nouvel ordre politique fondé sur la justice, l’équité et l’unité nationale.
Mariama Sadagari (Nigerdiaspora)