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Libération de terroristes : Les raisons du Président Bazoum

« J’ai libéré neuf chefs terroristes que j’ai immédiatement reçus à la présidence de la République », a dit en substance le Président Bazoum Mohamed lors qu’une conférence des cadres qu’il a tenue le vendredi 25 février 2022. Un feu que ses conseillers et autres collaborateurs essaient depuis lors d’éteindre, sinon de circonscrire les dégâts. C’est le 2 avril 2021 que Bazoum Mohamed a été investi président de la République après des élections fortement controversées. Moins d’un an après — il bouclera son 12e mois de pouvoir dans un mois — il libère des terroristes…au nom de la paix, dit-il. Une raison jugée farfelue par l’opinion nationale, choquée d’apprendre, de la bouche du chef de l’État, chef suprême des armées et président du Haut conseil de la République, que des individus qui tuent, pillent et incendient le Niger, réussissent à se faire libérer dans des conditions troubles et selon une procédure pour le moins anticonstitutionnelle. Or, c’est avec une certaine fierté que Bazoum Mohamed l’a dit, précisant qu’il a parlé à ces sinistres individus le langage qu’ils comprennent. Depuis le chef de l’État nigérien parle et comprend le langage des terroristes. Car, un langage, ce sont des codes partagés. Bref, le Président Bazoum maîtrise ses codes et a dû les utiliser à bon escient. La polémique fait rage et dans les cas extrêmes, des doutes sont émis quant à la motivation réelle qui a présidé à la libération de ces terroristes. Des doutes, mais aussi des accusations formelles, les Nigériens ne comprenant pas que dans un pays où des hommes politiques et des acteurs de la société civile sont incarcérés pour des opinions politiques ou pour l’exercice de leurs droits constitutionnels, que des terroristes aient pu bénéficier de la mansuétude du chef de l’État, le commandant en chef des armées et le garant de la sécurité de ses compatriotes.

La paix, que le Président Bazoum a invoquée pour expliquer sa grande bienveillance vis-à-vis des terroristes libérés, est-elle obtenue ? Les partenaires du chef de l’Etat, à ce qu’on constate, n’ont jamais arrêté de tuer, de piller et d’incendier. Le 20 février 2022, à cinq jours de la conférence des cadres au cours de laquelle Bazoum Mohamed a fait ses révélations fracassantes, des terroristes ont encore frappé, massacrant 18 personnes et incendiant le camion qui les transportait. Pourtant, le Président Bazoum a parlé d’accalmie obtenue suite à ses démarches insolites.

Le Président Bazoum, qui souligne disposer de nombreux émissaires dans la zone, a parlé d’accalmie observable. Jusqu’à quand puisque l’accalmie n’est ni la reddition des terroristes, ni la fin du terrorisme qui frappe le Niger. L’accalmie, c’est une période d’apaisement décidée, soit de commun accord, soit de façon unilatérale. Si l’accalmie dont parle Bazoum Mohamed est réelle et qu’elle est consécutive aux démarches qu’il a luimême entreprises, les Nigériens, disent des observateurs, sont en droit de savoir jusqu’à quand va durer cette «période de grâce» avant de renouer avec les tueries sauvages.

À tous points de vue, les raisons avancées par le Président Bazoum pour procéder à la libération des terroristes qu’il dit avoir identifiés puisque les connaissant déjà à partir des fiches de renseignement lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, ne tiennent pas la route. « Je cherche la paix », a dit le Président Bazoum. Mais, la paix pour qui ? Car, les Nigériens, eux, sont loin de connaître la paix au nom de laquelle le président du Haut conseil de la magistrature a libéré ceux qui les tuent. Ça parle beaucoup, les gens se demandant si ce ne sont pas les mêmes terroristes libérés qui sont derrière les récentes tueries, en novembre 2021 à Banibangou (69 morts, dont le maire), puis à Tizegorou (18 morts, le 20 février 2022.

Laboukoye