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Lettre au Président de la République Mohamed Bazoum : Monsieur le Président, insinueriez-vous que les soldats nigériens doivent, s’ils veulent s’en sortir vivants, fuir devant l’ennemi ?

Vous savez certainement de quoi je vous parlerai cette semaine. Et si vous n’étiez pas le président de la République, je n’hésiterais pas, comme je l’entends depuis quelques jours, à vous accuser d’avoir gravement atteint au moral des troupes et qu’il n’y a pas d’autre sort pour vous que la déchéance de votre fonction. Aussi bien en tant que président de la République qu’en qualité de chef suprême des armées, votre rôle n’est pas de démotiver les troupes mais de les galvaniser, même si par ailleurs ils n’auraient pour armes que des bâtons face à des hordes terroristes puissamment armés avec des équipements de dernière génération. Je me demande bien comment vous avez pu lâcher aussi facilement, aussi aisément, ses mots si cinglants dont je ne doute pas de l’accueil glacial dans les rangs des Forces de défense et de sécurité nigériennes. Le chef suprême des armées nigériennes qui chante et célèbre la supériorité des terroristes, aucun de vos compatriotes n’aurait certainement parié un kopek qu’un jour, le Niger aurait un président qui va faire l’apologie des terroristes au détriment des Forces de défense et de sécurité. C’est si décevant, si choquant et si intriguant de vous entendre parler ainsi comme s’il s’agit d’un simple jeu de billard. Je voudrais bien vous défendre mais je ne suis pas un magicien pour transformer ce que vos compatriotes, le monde entier, ont clairement entendu. Vous n’avez ni excuse ni circonstance atténuante.

Je sais, pour avoir été confronté à une analyse critique de vos propos par des amis très perspicaces et face auxquels je n’ai eu d’autre choix que de baisser la tête, tout honteux d’être au service d’un chef d’Etat qui plombe ainsi le moral des troupes, que vous avez parlé en toute lucidité. Votre serviteur n’a pas simplement été couvert de honte, il a senti en lui une colère noire comme celle qui saisit tous les révoltés de la terre. Comment pouvez-vous parler ainsi de votre armée et de votre pays ? Je suis en boule contre vous. Cependant, malgré ma colère de Nigérien blessé dans son amour propre face à l’image que vous avez donnée de vous-même et de votre pays, je ne pousserais pas le bouchon jusqu’à estimer que vous ne ressentez aucun remords. Ce qui est certain en moi, c’est que c’est une faute irrémissible qui conduirait n’importe quel chef militaire au poteau. Vous dites que les terroristes sont plus forts, plus aguerris que nos armées. Insinueriez-vous que les soldats nigériens doivent, s’ils veulent s’en sortir vivants, fuir devant l’ennemi ?

Monsieur le “Président”

Sauf votre respect, vous me permettrez d’admettre, à mon corps défendant, que vous êtes sans doute, dans le prolongement de ce qu’a fait votre prédécesseur, en train d’écrire les pages les sombres de l’Histoire de notre pays. Dr Farmo Moumouni qui n’est pas un plaisantin, l’a écrit : « La guerre n’est pas seulement usage de la force et de moyens conventionnels, elle est aussi utilisation de moyens psychologiques, informationnels, technologiques, économiques, diplomatiques, politiques et idéologiques, pour manipuler les perceptions et les opinions, pour déstabiliser l’ennemi, en vue d’atteindre ses objectifs ». Autant dire que les propos et les discours se rapportant à une situation de guerre sont autant d’armes pour nuire à l’ennemi, abattre son moral et l’affaiblir aux plans psychologique et moral, victoire souvent déterminante dans l’issue de la guerre. Si l’ennemi est psychologiquement et moralement abattu, il ne peut que fuir et s’affirmer vaincu avant même de livrer bataille. Il s’agit, donc, d’inculquer la peur dans l’esprit des troupes visées et de leur enlever toute volonté de croiser le fer avec l’autre.

Monsieur le “Président”

J’ai lu l’intégralité de l’interview que vous avez accordée à Jeune Afrique et je me rends compte qu’il s’agit d’un véritable florilège que je me garde de qualifier. D’entrée de jeu, en réponse à la première question, vous dites à propos de l’Etat islamique, qu’il s’agit d’un ennemi redoutable à qui vous attribuez l’attaque meurtrière contre les Forces de défense et de sécurité nigériennes à Intagamey. Je ne vous démentirai pas mais sachez que, de multiples témoignages indexent plutôt les Forces françaises. Comme d’ailleurs à Inatès 1 et 2 ainsi qu’à Chinagoder. Je n’ai pas la force de rapporter le reste car j’ai si mal de constater ce que vous avez fait du Niger. C’est simplement désastreux.

Monsieur le “Président”

Mon lot de consolation, c’est de savoir que vous avez été contesté dans ce jugement sur les Forces de défense et de sécurité et accusé de façon parfois claire pour atteinte au moral des troupes. En disant que les terroristes sont plus forts, plus aguerris que nos armées, estce vrai que vous faites allusion aux armées occidentales, particulièrement à l’armée française, ouvertement accusée d’être derrière ce phénomène de terrorisme chez nous ? Si, effectivement, ce sont aux forces militaires françaises que vous faites allusion dans votre propos confié à Jeune Afrique, on ne peut que vous donner raison en constatant les massacres d’Inates 1 et 2, de Chinagoder et récemment d’Intagamey. En attendant que l’Histoire nous édifie sur votre propos et vos motivations, vous avez réussi la prouesse de vous mettre presque tout le Niger sur le dos. Lisez ce mot d’Issoufou Kado qui porte probablement la voix de huit Nigériens sur 10. Lisez plutôt !

La problématique qui se pose à la défense nationale aujourd’hui, les pyromanes extérieurs ont changé des stratégies, ils ont armé les terroristes, les narcotrafiquants et les bandits armés avec des matériels de guerre très sophistiqués, ils les fournissent les renseignements sur les mouvements des forces régulières, ils auraient infiltré nos forces de défense et des sécurité , à travers les forces armées étrangères sensées secourir les pays du Sahel, souvent ces forces armées étrangères empêchent à nos forces d’agir , ce qui avait créé des incidents avec les autorités Burkinabés et maliennes, qui ont fini par demander leur départ de leurs territoires respectifs.

L’armée nigérienne dispose des chefs de guerre les plus brillants, les plus aguerris et les plus diplômés des écoles de guerres, occidentales, asiatiques et américaines.

Elles n’ont rien à envier aux autres forces armées étrangères.

Nos chefs de guerre ont fait leurs preuves sur les différents théâtres des opérations dans le cadre des maintiens de la paix au sein des Forces de la paix des Nations Unies. Ils ont reçu plusieurs décorations à cet effet.

Les goulots d’étranglements se situent au niveau des interventions administratives et politiques de certaines autorités qui souhaiteraient contrôler les mouvements des troupes par crainte des mauvaises humeurs de celles-ci, or en période de guerre, il appartient aux chefs de guerre de décider de l’opportunité de l’offensive sur les théâtres des opérations.

Les faiblesses de nos forces armées nationales, si faiblesses il existerait encore, elles seraient dues à certaines intrusions du politique dans la gestion du personnel militaire, en effet, les promotions dans les grades supérieurs ne se font pas de manière régulière selon les règles de l’art. Certains chefs militaires ont acquis leurs grades à titre exceptionnel au détriment des plus anciens, des plus méritants, des plus valeureux, ce qui crée quelques frustrations.

Monsieur le “Président”

Vous n’avez pas idée de ce que vous avez provoqué chez vos compatriotes. Je puis vous dire que vous avez perdu le peu, fragile depuis toujours, que vous avez pu construire avec des discours. Cela fait deux ans que vous avez deux ans que vous chantez une commande d’avions et de drones de combat, de véhicules blindés et d’hélicoptères que personne n’a encore vu. Avec ça, vous parlez de supériorité des terroristes. N’est-ce pas parce que vous avez failli dans votre mission d’équipement des Forces armées nigériennes ?

Mallami Boukar