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Les députés et le PM qui obéissent à l’ex président qu’au nouveau : Bazoum s’en tirera-t-il de cette cohabitation forcée d’Issoufou?

Une cohabitation de fait ; voilà ce que vit en sourdine le Président Bazoum. A quand l’officialisation de ce régime qui n’est pas inédit dans notre pays ? Au lieu de jouer au chat et à la souris, il vaudrait mieux que les acteurs s’asseyent autour d’une table (Même si ce n’est pas la même) pour entériner le fait ; on saurait alors qui fait quoi et qui sape quoi.

Depuis son installation à la tête du pays, le Président de la République Bazoum Mohamed n’a pas eu la tâche facile. Une vérité tout à fait contradictoire à la bonne volonté et à la bonne foi dont il a fait preuve durant ses tout premiers jours de gouvernance. En posant des actes de décrispation dans tous les secteurs et domaines verrouillés par l’ex président, le Président Bazoum s’est attiré tant la sympathie des nigériens épris de justice et de paix que la foudre des sbires du président Issoufou Mahamadou. Aujourd’hui ce n’est plus un secret ; partout dans le pays on s’est finalement résolu à comprendre et à accepter que le nouveau Président n’est pas en odeur de sainteté avec le clan de son mentor. Boulimique et insatiable, les ‘’détourneurs’’ de deniers de l’époque Issoufou Mahamadou ont cru que tout irait de façon tacite, sans contestation ni calculs. Tous sont aujourd’hui tombés des nues avec le refus du Président Bazoum Mohamed d’entériner des choix tout faits et de couvrir des délinquants économiques d’une rare médiocrité. Ce sont principalement ces deux décisions qui ont fait dresser les barons du PNDS contre l’homme qu’ils ont contribué à élire. Que maîtrise le Président Bazoum dans la réalité? Absolument pas grand-chose en matière d’influence. La première réalité en ce qui concerne l’exercice d’un pouvoir est la primature. En effet, le Premier Ministre, chef de gouvernement détient une part importante de responsabilité quant à la gestion du pays. Il contrôle les ministres, ce qui suppose qu’il a sous sa coupe l’essentiel des activités du pays. Or, cet homme, Ouhoumoudou Mahamadou, échappe totalement au contrôle et à l’autorité du Président Bazoum. Il fait cavalier seul, n’obéit pas aux injonctions et autres propositions du Président ; bref, un véritable métronome sous qui navigue à contre-courant des voeux et désidérata du Président. Ouhoumoudou n’obéit qu’à un seul homme, l’ex président de la République Issoufou Mahamadou. Ceci ne saurait être autrement car, au sommet de la contestation de la candidature de Bazoum Mohamed, l’ex président aurait suggéré de retirer Bazoum de la course au profit de son directeur de cabinet. On voit toute l’importance de cet homme dans la stratégie générale du président Issoufou qui n’a jamais décidé de quitter carrément les affaires politiques du pays. Issoufou est certes constitutionnellement parti ; cependant, son ombre plane sur toutes les institutions de l’Etat. C’est à l’image de la primature contrôlée de main de maitre par son ex directeur de cabinet, un homme aveuglément acquis à sa cause. Alors, l’on est en droit de se demander ce que le Président Bazoum contrôle réellement si tel est que la Primature n’est pas sous sa coupe ?

Les élus ? Les députés ? Là aussi, il ne faut pas se leurrer. Le Président Bazoum ne contrôle absolument pas l’essentiel des parlementaires du groupe de la mouvance. En dehors de quelques individus acquis à son programme de redressement de la gabegie perpétrée par le régime du président Issoufou, un grand nombre des députés de la mouvance le regarde du coin de l’oeil. Déjà ne disposant pas d’une assise populaire très étoffée, le Président Bazoum serait comme un opportuniste arrivé sous les bons auspices du Président Issoufou Mahamadou. Et, dans la tête de beaucoup de parlementaires liés par la question, Le Président Bazoum Mohamed n’est rien d’autre qu’une sorte d’intrus sur le paysage électorale. Voilà ce qui se susurre dans les coulisses du Parlement. Alors, sans la Représentation Nationale, quelle marge de manoeuvre aurait un président de la République ? Cadre législatif qui entérine les lois, l’Assemblée Nationale doit être en parfaite harmonie avec les grandes décisions qui émane des actions du gouvernement et même de la primature. Déjà privé d’autorité et même de pouvoir à la Primature, que ferait Bazoum si encore l’Assemblée Nationale décide de jouer avec désinvolture ? D’ores et déjà, le tableau des nominations est établi pratiquement à son insu, c’est-à-dire ne tenant pas réellement compte de ses avis et observations. Au nom du partage, on lui présente le plus souvent des nominations toutes faites ; son rôle se limite à poser sa signature. Sur ce point précis, de nombreux heurts sont enregistrés chaque jour entre les militants même du PNDS. Il y en a qui veulent que les choses se fassent comme à l’accoutumée en cooptant les parents amis et connaissances ; il y a de l’autre côté ceux qui sont guidés par l’esprit de droiture et de justice que le nouveau Président veux enseigner à tous. Cependant, force est de constater que ces gens ont toujours pris le dessus, habitués qu’ils sont à colmater les idées, les arguments et les fauxfuyants. Le Président Bazoum luimême semble ne plus tenir debout face à ces baroudeurs adeptes de la chasse gardée. La preuve est que des reconductions ont eu lieu à des postes de responsabilité où certaines personnes sont restées durant les dix années de règne du président Issoufou Mahamadou. Même si ces gens faisaient bien les choses, il y a quand même besoin de renouveler, de donner la chance aux autres après avoir séjourné dix années durant à la tête d’un service ou d’une institution. Mais que voulez-vous ? C’est le Niger ; les choses se passent ainsi depuis toujours dans ce pays resté toujours l’un des derniers de la planète.

Dans un tel contexte, quelle serait l’issue heureuse pour le Président Bazoum ? Car, cet homme n’a jamais joué aux marionnettes ni au larbin. Jamais cet arabe d’origine ne saurait rester effacé au point de laisser les autres faire et décider à sa place alors même qu’il détient les palmes de la première autorité du pays ! Pour le moment, il a certes compris que les uns et les autres l’ont mis en cohabitation forcée. Il serait certainement en train de réfléchir sur la meilleure donne. D’ores et déjà, il aurait compris qu’il doit agir vite et prendre le devant des événements. Bazoum ne saurait rester bras et mains liés jusqu’au jour où l’on consacrerait la cohabitation dans son dos. Jamais car, l’homme est aussi un fin intellectuel doublé d’un fin comploteur. Très certainement, il serait en train de recomposer le visage politique du pays face à une éventualité qui crève les yeux. Que ça saute et que l’on cohabite si tel est le voeu des uns et des autres.

Kaillo