Les assises terminées : les ouvriers de l’ancien régime sortent des bois
Les travaux des assises nationales ont pris fin, à la grande satisfaction de l’ensemble des Nigériens qui ont apprécié les grandes décisions qui avaient été prises pour refonder la vie de de notre nation. Mais c’était loin de croire que ces décisions n’allaient pas connaitre quelques contestations isolées, et l’on l’imagine, de la part d’acteurs qui voient en ces choix courageux, la fin de leur carrière, l’acte de décès de leurs ambitions et même de la signature de leur ruine totale. Ils n’ont de métier que de faire de la politique. Ils savent en effet que dans la marche nouvelle du pays, il ne sera plus possible qu’avec du voyeurisme l’on vienne au pouvoir et que, ceux qui, par un tel moyen, ont amassé quelque fortune, devront être traqués pour remettre ce qu’ils ont volé à l’Etat., n’auront plus de chance de revenir narguer les Nigériens. Cette justice, on le comprend, ne pouvait pas leur plaire. On savait donc que le CNSP qui a décidé de cette refondation, ne pouvait pas ne pas rencontrer quelques adversités, des hommes et des femmes qui, dans l’appréhension de ce qu’ils devraient perdre, puissent se mettre en travers de son action, en posant ici et là des peaux de banane, et même – c’est leur métier pour ne pas dire leur spécialité – pour comploter contre la transition, aidés en cela par l’extérieur qui pourrait saisir l’aubaine.
On avait senti le vent souffler si fort depuis l’ouverture des assises que l’on comprenait que la dynamique est inarrêtable, portant tant d’énergie de la part d’un peuple qui a tant besoin de vérité et de justice, de changement et de progrès. Et comme on pourrait s’y attendre, l’on n’a pas attendu longtemps pour voir la vieille classe politique qui s’est discréditée, sans être capable, en trente-cinq ans de démocratie de normaliser et d’apaiser la vie politique nationale, revenir à ses anciens amours pour tenter de discréditer les assises qui se sont tenues dans le pays, non pas aux yeux des Nigériens qui eux, sont assez lucides pour comprendre ces aigreurs, mais justement aux yeux d’un extérieur qui n’attend que d’entendre ces vois faussement discordantes pour crier à la dictature des militaires qui mettrait en marge des assises la classe politique. Et c’est faux. Il n’y a rien qui divise dans le pays. On peut attraper les voleurs et c’est normal qu’ils crient !
Il est même curieux de s’interroger sur le fait que, aussitôt les assises terminées, que l’on se précipite à tendre un micro à un acteur politique qui ne peut dire au nom de qui il fait cette déclaration. Les mêmes qui l’on employé pour communiquer au nom de structures bien connues et qui, cachés derrière le philosophe, voudraient, se servant de lui encore, peut-être rallumer leur combat depuis qu’ils ont compris que le temps de la jachère politique et de la soudure pourrait être plus long et éprouvant .Après ce que l’on a entendu à travers les conclusions du forum avec notamment cinq ans de transition et d’autres mesures, il y a de quoi paniquer. Cela ne découle-t-il pas des mêmes stratégies d’une certaine classe politique dont les leaders n’ont jamais eu le courage de s’assumer sinon que de faire parler à leur place des « petits ruminants » qu’ils sacrifient à leurs ambitions. Pourtant, il faut reconnaître que par rapport à l’autre – TSA – Ousseini Salatou reste plus mesuré même si dans ce qu’il dit on peut entendre le désarroi de politiciens qui n’ont pas de métier et qui se voient mis au chômage sans savoir quand tout cela prendra fin alors que les âges pourraient donner à certains de bonnes raisons de s’inquiéter. Il est malheureux qu’Ousseini Salatou ne se rende pas compte du mal que les partis politiques ont fait à ce pays et notamment le dernier régime qu’il avait servi sans jamais se servir de sa rationalité philosophique pour au moins prendre des positions courageuses conformes à des convictions défendables par rapport à des actes que « leur » régime posait ? Peutil dire aux Nigériens que lorsqu’on apprend que 15 millions de barils ne sont pas déclarés et qu’on ne sait où cela partit, que c’est normal de se taire vis-à-vis de telles arnaques ? Peut-il croire que les affaires de l’Uranium-Gate, du MDN-Gate, du riz pakistanais, que les dossiers de la CAIMA, de la SONIDEP, et tant d’autres doivent rester, au nom de la réconciliation, impunie ? N’est-ce pas eux qui refusaient toute idée de s’entendre dans le pays, de se réconcilier quand ils étaient préoccupés à manger sur le dos du peuple ? Non, contrairement à ce qu’il prétend, tout n’est pas fait pour « diaboliser les partis politiques » mais les pour les amener à assumer leurs échecs et à mettre fin à certaine façon de faire de la politique dans ce pays. Ce sont les partis politiques qui se sont discrédités. Ce qu’on leur reproche est vérifiable. Et ce n’est que normal et juste de « lui faire porter la responsabilité de tout le mal du pays », cette classe politique qui avait refusé d’écouter et qui n’en faisait qu’à sa tête.
Ce que le philosophe Ousseini ne sait pas c’est qu’avec les autres pays de l’AES nous n’avons pas les mêmes configurations, les mêmes classes politiques. Depuis la conférence nationale, la nôtre a refusé de changer, conduisant sans arrêt le pays à des crises comme si en politique, il n’est pas permis de s’entendre et de se respecter quand avec elle tout est querelle. Que dire d’ailleurs de cette classe politique qui, lorsqu’elle mange, ne voit plus le mal qu’il faut dénoncer et duquel l’on ne saurait être solidaire. Quand des troupes étrangères viennent occuper le pays sans que le parlement n’en soit saisi et qu’Ousseini (lui ou l’autre) ne sait pas s’y opposer, ou moins dire son opinion sur ce fait, est-ce donc ça la politique ? Pourtant, les Nigériens avaient avisé, ils les avaient critiqués mais au lieu de les entendre, on les envoyait en prison ou en exil. L’heure est venue de s’assumer et aujourd’hui seulement, peuvent-ils réaliser que le pouvoir appartient au peuple, à l’indétrônable peuple. Ousseini Salatou, peut-il dire qu’en politique où il atterrissait depuis qu’il abandonnait la craie, il défend des convictions, qu’il croit en des principes ? Et qu’il le démontre ! Que n’avait-il pas dit avec son mentor à propos de Bazoum Mohamed et de sa candidature, pour retourner, faisant le faux bon à l’opposition et à une certaine morale politique, pour aller manger, sans pudeur, quand même avec Bazoum, mettant la main dans la gamelle où ils crachaient pour faire croire qu’ils devenaient de nouveaux guerriers ? Est-ce vraiment moral quand on peut se rappeler de tout ce qu’ils avaient dit de Bazoum et de sa nigérienneté contestée ?
On ne comprend donc pas pourquoi, Salatou en veut tant à la société civile comme si c’était elle seule qui décidait pour le pays à l’occasion de ces assises. Quand il dit, parlant des acteurs de la société civile, « Ils savent qui nous sommes, nous savons qui ils sont », les Nigériens ne comprennent rien à ses propos ainsi lancés dans l’air. On ne sait pas ce qu’ils savent de la société civile, par contre les Nigériens savent bien ce que la société civile sait d’eux, elle qui a décrié leur gestion, qui a dit tout le mal qu’ils faisaient au pays et qui l’avaient bien payé en allant dans les prisons de leur régime pour se voir souvent sorti de là avec un non-lieu. Les acteurs de la société civile partaient en prison juste pour le plaisir des princes rancuniers mis à nu dans leur gestion. Que peut-il d’ailleurs reprocher à la société civile dans la gestion du pays sinon que d’avoir gêné en criant la mal gouvernance qui avait cours dans le pays ? C’est peut-être donc des rancunes et des désespoirs qui parlent là.
Mais, n’ayant pas de conviction en politique, Ousseini Salatou ne peut même pas savoir que ce pays ait besoin de justice alors que c’est tout ce que l’on a demandé aux militaires au pouvoir. On ne peut faire de la réconciliation sans justice. Le seul Puissant qui guide le monde reste Allah, et aujourd’hui, les tigres en papier d’hier peuvent s’en rendre compte pour comprendre qu’ils ne sont que des mortels et que c’est bien Lui qui tient les destinées humaines, non un autre qu’on peut chanter et idolâtrer. Ces chefs traditionnels, ces paysans, ces commerçants, ces représentants de la diaspora, ces leaders religieux, ces anciens hauts fonctionnaires, venus de partout sont-ils aussi rien, ou de la société civile pour croire que c’est la société civile qui décidait seule pour le Niger ?
Ce dont souffrent ces acteurs qui viennent pleurnicher, c’est bien de voir ceux qu’ils avaient martyrisés prendre de la place dans ces événements et pour être de la marche nouvelle du pays. Tant pis. Ce n’est donc pas vrai quand on l’entend dire que « Ceux qui ont pris ces décisions ce n’est pas pour l’intérêt du pays » car quel meilleur intérêt que de remettre à l’Etat ce que d’autres, de manière indue, lui ont pris, profitant de leurs positions dans une kleptocratie que le parti socialiste venait ériger dans le pays ?
Mais Ousseini Salatou n’est pas le seul ouvrier de l’ancien régime à oser, au coeur de la ferveur nationale, ces discours discordants qui servent un autre agenda que tout le monde comprend bien. Un autre – suivez mon regard pourrait être à la manoeuvre. Lawali Sayabou, acteur d’une société civile qui n’a servi depuis la conférence nationale que de mercenaire pour être l’adjuvant de combats politiques qu’elle a servis jusqu’à ce jour, revenait par les dernières déclarations que l’on sait pour le même job. Du reste, ces hommes sont bien connus. Tant qu’ils peuvent trouver à manger avec un système, ils se terrent, ne disent pas un mot, cautionnant tous les maux, toutes les bévues, et toutes les bêtises politiques qu’un autre peut commettre, au nom des mêmes vengeances qui les avaient obnubilés à la conférence nationale pour ne savoir jamais faire les bons choix pour le pays. Que Lawali Sayabou se calme. Les Nigériens ne demandent rien que de la justice, jamais une chasse aux sorcières comme a pu le faire le régime qu’il avait servi aveuglement par ses mutismes intéressés, dans le faux et le vol, dans le pillage et le cynisme politique. Les Nigériens disent qu’on a volé la fortune du pays et qu’il faut que ce butin illégal revienne à l’Etat spolié pour servir le Niger et les intérêts des Nigériens. Et il y a bien une justice dans le pays pour ne pas être dérangé que le forum ait demandé de faire la lumière sur tous les dossiers, y compris le concours de la santé qu’on semble avoir omis. Pourquoi s’agiter alors ? Alors parce que ses mentors et lui-même ne sont pas de ceux qui étaient aux assises, Lawali Sayabou, alias TSA, prétend qu’on est y aller « Discuter de l’avenir du Niger en dehors des Nigériens ».C’est assez réducteur. Est-ce à dire que ceux que l’on a vus aux assises ne sont pas des Nigériens et qu’ils ne seraient pas représentatifs ? Peut-il dire qu’à la conférence nationale, tous les Nigériens y étaient ? Non. Le choix de la transition, c’est de refonder notre Etat en ne comptant plus avec les partis politiques qui n’ont pas été capables de s’élever pour gérer les problèmes du pays, mais au contraire de nous en créer davantage, nous faisant retomber à chaque fois dans les mêmes crises sans fin. Les partis politiques reviendront certainement mais jamais sous les mêmes formes pour générer les mêmes conflits les mêmes interminables contradictions insurmontables. Personne ne peut croire que Sayabou prétende que « Ces assises ne sont pas inclusives » parce que lui et ses maîtres n’y étaient pas. Ceux qui les ont animées viennent des huit régions du pays et de la diaspora et personne ne saurait dire que cela n’est pas représentatif. Toutes les régions ont participé et personne ne s’en est plaint, jusqu’à ce que, les conclusions que l’on a entendues gênent certains milieux qui ne s’attendaient pas de voir le forum aller à de telles décisions car eux avaient cru – on le leur a fait croire – que cette transition serait tenue par leur « maître » et que rien ne lui échappera. Pourquoi l’on n’a pas contesté l’inclusivité depuis les régions quand les délégués avaient été choisis ? Si on s’était tu c’était certainement parce que l’on misait sur une volonté de réconcilier pour croire que cet objectif pouvait faire oublier les attentes de justice sans lesquelles aucun pardon ne peut être possible dans un pays comme le Niger plein de douleur. Personne, dans le pays, y compris à ces assises, n’a peur « qu’on puisse regarder et regarder ceux qu’on accuse dans la salle » étant entendu qu’avant d’être là, depuis qu’ils géraient le pays, des Nigériens leur ont crié à la figure tout le mal qu’ils faisaient au pays. Que peut appeler TSA en parlant de ce qu’on aurait exclu « toute la crène nigérienne » ? Celle-ci serait où ? Au sein du régime déchu aujourd’hui aux abois ? Ce n’est pas vrai. Ceux qui ont assisté, animé et dirigé ces assises, ne sont pas des ignares. Ce sont des têtes bien faites et le Niger ne peut plus avoir besoin de têtes même bien faites mais qui ne savent que voler et piller, qui ne savent que faire le mal. Les nouvelles sagesses calculées de Sayabou ne trompent personne ? Comment eux qui avaient refusé que se tiennent les sessions du CNDP conçu pour que les Nigériens se parlent et aillent au consensus, se targuant d’une majorité au nom de laquelle ils pourraient tout imposer au pays, peuvent-ils aujourd’hui parler d’« accoucher quelque chose de consensuel » ? Encore que les Nigériens n’ont pas refusé d’aller au consensus, mais celuici ne peut pas signifier la caution de l’injustice, du vol, de l’enrichissement illicite, de la corruption, des détournements dont l’ancien régime est passé maître. Les Nigériens s’entendent et n’en veulent à personne mais avant que chacun réponde de ses actes. Cette volonté commune, partagée, ne peut occulter le besoin de faire justice dans un pays de malaise. A-t-il déjà peur de l’humiliation qui pourrait être faite à certains hommes et femmes à qui il voudrait que de tels déboires n’arrivent pas ? Demander justice, est-ce pour autant vouloir « régler des comptes » ? Il y a des millions de Nigériens qui ne sont guère inquiétés par ces conclusions publiées par le forum national. Sayabou peut-il être inquiet pour un autre ou pour lui-même ? Si c’est le cas, il faut bien s’assumer. Il peut donc être rassuré que l’enjeu, contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas « […] de régler des comptes à ceux qui ont géré ce pays ». D’ailleurs, est-ce tous qui sont aujourd’hui inquiets, angoissés de ce qui pourrait leur arriver les prochains jours ? N’a-t-il pas vu aux assises Issoufou Katambé ? C’est quoi donc ce qu’il appelle l’inclusivité ? Maintenir l’impunité ? Refuser l’impunité dans un pays normal est un combat constant et c’est ce que les Nigériens demandent, exigent même. C’est dans l’esprit du changement.
Lawali Sayabou dit que « Ceux qui ont géré ce pays, c’est de 60 à aujourd’hui » et c’est vrai, mais le procès qui se fait aujourd’hui c’est celui de ceux qui ont géré le pays il y a quelques douze années après le dernier coup d’Etat , entendu que le coup d’Etat de Salou Djibo avait fait l’état des lieux de la gestion dont il a hérité comme la conférence avait fait celui de la gestion du pays de 1960 à 1990. N’est-il pas, lui, TSA, acteur de cette conférence nationale, qui avait eu la responsabilité de faire l’état des lieux des régimes Diori, Kountché et Ali Saybou ? Ne sontils pas allés jusqu’à vouloir profaner la tombe du Général, pour espérer trouver là des milliards cachés ? Mais ils n’avaient rien vu car ceux-là, n’avaient rien volé au Niger et aujourd’hui encore, dans le pays, personne ne peut montrer ni des immeubles ni une fortune quelconque qui leur appartiendraient. On ignore tout, y compris de leurs enfants qui ne brillent pas particulièrement dans le pays, passant inaperçus dans le peuple. C’est ça la vérité. Or, aujourd’hui, on n’a pas besoin d’aller dans les tombes pour voir les montagnes de fortunes. L’enfant d’Issoufou, en l’espace de dix ans, s’est fait – ou a été fait – milliardaire. On ne demande que de demander à ceux qui ont acquis ces fortunes de les justifier, entendu que personne, par les familles que nous connaissons tous dans le pays, ne peuvent les justifier ni par un héritage quelconque ni par des revenus légaux, notamment des salaires légalement mérités et officiellement connus, même ceux de président de la République.
Ainsi, mis hors de lui-même, l’acteur politique de la société civile, Sayabou, va jusqu’à parler de « Dissoudre l’armée » qu’il prétend ne pas être républicaine, la même qui, en 2009, faisait un coup d’Etat qu’ils saluaient, avec on s’en souvient, bien d’acteurs connus du PNDS. Tant qu’elle ne fait que ce qu’ils peuvent vouloir, alors pour eux, cette armée est loin d’être normale et républicaine ? C’est une grave accusation que de porter un tel jugement sur une armée qui se bat, et souvent dans quelles conditions pendant la Renaissance, pour protéger le pays et nous permettre de vivre en paix. On ne peut d’ailleurs pas croire Sayabou quand il dit : « moi je ne suis qu’un défenseur des droits de l’homme », un défenseur des droits de l’homme qui, pendant 13 ans, ne peut pas dénoncer la persécution d’acteurs politiques et de la société civile dont le seul tort aura été de demander justice et plus de liberté pour manifester, qui ne s’est jamais exprimé sur les scandales que le pays a connu pendant douze années de socialisme ? Où était-il quand tant de libertés sont bafoués et que tant d’hommes pour leurs opinions sont brimés, quand tant de milliards avaient été volés ? Faut-il croire qu’il ne défend que les droits du camp politique que son organisation a choisi de soutenir ?
TSA souffre ne n’avoir pas été aux assises ainsi qu’il en avait l’habitude, oubliant que dans ce pays, on ne peut plus faire confiance à ceux qui ont trahi leur conscience et leurs combats, pour servir des intérêts mesquins, personnels, jouant dans les antichambres des partis politiques pour dévoyer la mission de la société civile ; notamment dans son rôle de veille citoyenne.
Il n’y aura pas de chasse aux sorcières. Ceux qui n’ont rien pris à l’Etat, n’ont rien à craindre. Le Niger reste un pays de droit et de justice. D’ailleurs, de quoi pourrait avoir si peur le sieur Sayabou ? Slow down…
« Un jour on est le chasseur, un autre on est la biche ».
Par Korombeysé
Les travaux des assises nationales ont pris fin, à la grande satisfaction de l’ensemble des Nigériens qui ont apprécié les grandes décisions qui avaient été prises pour refonder la vie de de notre nation. Mais c’était loin de croire que ces décisions n’allaient pas connaitre quelques contestations isolées, et l’on l’imagine, de la part d’acteurs qui voient en ces choix courageux, la fin de leur carrière, l’acte de décès de leurs ambitions et même de la signature de leur ruine totale. Ils n’ont de métier que de faire de la politique. Ils savent en effet que dans la marche nouvelle du pays, il ne sera plus possible qu’avec du voyeurisme l’on vienne au pouvoir et que, ceux qui, par un tel moyen, ont amassé quelque fortune, devront être traqués pour remettre ce qu’ils ont volé à l’Etat., n’auront plus de chance de revenir narguer les Nigériens. Cette justice, on le comprend, ne pouvait pas leur plaire. On savait donc que le CNSP qui a décidé de cette refondation, ne pouvait pas ne pas rencontrer quelques adversités, des hommes et des femmes qui, dans l’appréhension de ce qu’ils devraient perdre, puissent se mettre en travers de son action, en posant ici et là des peaux de banane, et même – c’est leur métier pour ne pas dire leur spécialité – pour comploter contre la transition, aidés en cela par l’extérieur qui pourrait saisir l’aubaine.
On avait senti le vent souffler si fort depuis l’ouverture des assises que l’on comprenait que la dynamique est inarrêtable, portant tant d’énergie de la part d’un peuple qui a tant besoin de vérité et de justice, de changement et de progrès. Et comme on pourrait s’y attendre, l’on n’a pas attendu longtemps pour voir la vieille classe politique qui s’est discréditée, sans être capable, en trente-cinq ans de démocratie de normaliser et d’apaiser la vie politique nationale, revenir à ses anciens amours pour tenter de discréditer les assises qui se sont tenues dans le pays, non pas aux yeux des Nigériens qui eux, sont assez lucides pour comprendre ces aigreurs, mais justement aux yeux d’un extérieur qui n’attend que d’entendre ces vois faussement discordantes pour crier à la dictature des militaires qui mettrait en marge des assises la classe politique. Et c’est faux. Il n’y a rien qui divise dans le pays. On peut attraper les voleurs et c’est normal qu’ils crient !
Il est même curieux de s’interroger sur le fait que, aussitôt les assises terminées, que l’on se précipite à tendre un micro à un acteur politique qui ne peut dire au nom de qui il fait cette déclaration. Les mêmes qui l’on employé pour communiquer au nom de structures bien connues et qui, cachés derrière le philosophe, voudraient, se servant de lui encore, peut-être rallumer leur combat depuis qu’ils ont compris que le temps de la jachère politique et de la soudure pourrait être plus long et éprouvant .Après ce que l’on a entendu à travers les conclusions du forum avec notamment cinq ans de transition et d’autres mesures, il y a de quoi paniquer. Cela ne découle-t-il pas des mêmes stratégies d’une certaine classe politique dont les leaders n’ont jamais eu le courage de s’assumer sinon que de faire parler à leur place des « petits ruminants » qu’ils sacrifient à leurs ambitions. Pourtant, il faut reconnaître que par rapport à l’autre – TSA – Ousseini Salatou reste plus mesuré même si dans ce qu’il dit on peut entendre le désarroi de politiciens qui n’ont pas de métier et qui se voient mis au chômage sans savoir quand tout cela prendra fin alors que les âges pourraient donner à certains de bonnes raisons de s’inquiéter. Il est malheureux qu’Ousseini Salatou ne se rende pas compte du mal que les partis politiques ont fait à ce pays et notamment le dernier régime qu’il avait servi sans jamais se servir de sa rationalité philosophique pour au moins prendre des positions courageuses conformes à des convictions défendables par rapport à des actes que « leur » régime posait ? Peutil dire aux Nigériens que lorsqu’on apprend que 15 millions de barils ne sont pas déclarés et qu’on ne sait où cela partit, que c’est normal de se taire vis-à-vis de telles arnaques ? Peut-il croire que les affaires de l’Uranium-Gate, du MDN-Gate, du riz pakistanais, que les dossiers de la CAIMA, de la SONIDEP, et tant d’autres doivent rester, au nom de la réconciliation, impunie ? N’est-ce pas eux qui refusaient toute idée de s’entendre dans le pays, de se réconcilier quand ils étaient préoccupés à manger sur le dos du peuple ? Non, contrairement à ce qu’il prétend, tout n’est pas fait pour « diaboliser les partis politiques » mais les pour les amener à assumer leurs échecs et à mettre fin à certaine façon de faire de la politique dans ce pays. Ce sont les partis politiques qui se sont discrédités. Ce qu’on leur reproche est vérifiable. Et ce n’est que normal et juste de « lui faire porter la responsabilité de tout le mal du pays », cette classe politique qui avait refusé d’écouter et qui n’en faisait qu’à sa tête.
Ce que le philosophe Ousseini ne sait pas c’est qu’avec les autres pays de l’AES nous n’avons pas les mêmes configurations, les mêmes classes politiques. Depuis la conférence nationale, la nôtre a refusé de changer, conduisant sans arrêt le pays à des crises comme si en politique, il n’est pas permis de s’entendre et de se respecter quand avec elle tout est querelle. Que dire d’ailleurs de cette classe politique qui, lorsqu’elle mange, ne voit plus le mal qu’il faut dénoncer et duquel l’on ne saurait être solidaire. Quand des troupes étrangères viennent occuper le pays sans que le parlement n’en soit saisi et qu’Ousseini (lui ou l’autre) ne sait pas s’y opposer, ou moins dire son opinion sur ce fait, est-ce donc ça la politique ? Pourtant, les Nigériens avaient avisé, ils les avaient critiqués mais au lieu de les entendre, on les envoyait en prison ou en exil. L’heure est venue de s’assumer et aujourd’hui seulement, peuvent-ils réaliser que le pouvoir appartient au peuple, à l’indétrônable peuple. Ousseini Salatou, peut-il dire qu’en politique où il atterrissait depuis qu’il abandonnait la craie, il défend des convictions, qu’il croit en des principes ? Et qu’il le démontre ! Que n’avait-il pas dit avec son mentor à propos de Bazoum Mohamed et de sa candidature, pour retourner, faisant le faux bon à l’opposition et à une certaine morale politique, pour aller manger, sans pudeur, quand même avec Bazoum, mettant la main dans la gamelle où ils crachaient pour faire croire qu’ils devenaient de nouveaux guerriers ? Est-ce vraiment moral quand on peut se rappeler de tout ce qu’ils avaient dit de Bazoum et de sa nigérienneté contestée ?
On ne comprend donc pas pourquoi, Salatou en veut tant à la société civile comme si c’était elle seule qui décidait pour le pays à l’occasion de ces assises. Quand il dit, parlant des acteurs de la société civile, « Ils savent qui nous sommes, nous savons qui ils sont », les Nigériens ne comprennent rien à ses propos ainsi lancés dans l’air. On ne sait pas ce qu’ils savent de la société civile, par contre les Nigériens savent bien ce que la société civile sait d’eux, elle qui a décrié leur gestion, qui a dit tout le mal qu’ils faisaient au pays et qui l’avaient bien payé en allant dans les prisons de leur régime pour se voir souvent sorti de là avec un non-lieu. Les acteurs de la société civile partaient en prison juste pour le plaisir des princes rancuniers mis à nu dans leur gestion. Que peut-il d’ailleurs reprocher à la société civile dans la gestion du pays sinon que d’avoir gêné en criant la mal gouvernance qui avait cours dans le pays ? C’est peut-être donc des rancunes et des désespoirs qui parlent là.
Mais, n’ayant pas de conviction en politique, Ousseini Salatou ne peut même pas savoir que ce pays ait besoin de justice alors que c’est tout ce que l’on a demandé aux militaires au pouvoir. On ne peut faire de la réconciliation sans justice. Le seul Puissant qui guide le monde reste Allah, et aujourd’hui, les tigres en papier d’hier peuvent s’en rendre compte pour comprendre qu’ils ne sont que des mortels et que c’est bien Lui qui tient les destinées humaines, non un autre qu’on peut chanter et idolâtrer. Ces chefs traditionnels, ces paysans, ces commerçants, ces représentants de la diaspora, ces leaders religieux, ces anciens hauts fonctionnaires, venus de partout sont-ils aussi rien, ou de la société civile pour croire que c’est la société civile qui décidait seule pour le Niger ?
Ce dont souffrent ces acteurs qui viennent pleurnicher, c’est bien de voir ceux qu’ils avaient martyrisés prendre de la place dans ces événements et pour être de la marche nouvelle du pays. Tant pis. Ce n’est donc pas vrai quand on l’entend dire que « Ceux qui ont pris ces décisions ce n’est pas pour l’intérêt du pays » car quel meilleur intérêt que de remettre à l’Etat ce que d’autres, de manière indue, lui ont pris, profitant de leurs positions dans une kleptocratie que le parti socialiste venait ériger dans le pays ?
Mais Ousseini Salatou n’est pas le seul ouvrier de l’ancien régime à oser, au coeur de la ferveur nationale, ces discours discordants qui servent un autre agenda que tout le monde comprend bien. Un autre – suivez mon regard pourrait être à la manoeuvre. Lawali Sayabou, acteur d’une société civile qui n’a servi depuis la conférence nationale que de mercenaire pour être l’adjuvant de combats politiques qu’elle a servis jusqu’à ce jour, revenait par les dernières déclarations que l’on sait pour le même job. Du reste, ces hommes sont bien connus. Tant qu’ils peuvent trouver à manger avec un système, ils se terrent, ne disent pas un mot, cautionnant tous les maux, toutes les bévues, et toutes les bêtises politiques qu’un autre peut commettre, au nom des mêmes vengeances qui les avaient obnubilés à la conférence nationale pour ne savoir jamais faire les bons choix pour le pays. Que Lawali Sayabou se calme. Les Nigériens ne demandent rien que de la justice, jamais une chasse aux sorcières comme a pu le faire le régime qu’il avait servi aveuglement par ses mutismes intéressés, dans le faux et le vol, dans le pillage et le cynisme politique. Les Nigériens disent qu’on a volé la fortune du pays et qu’il faut que ce butin illégal revienne à l’Etat spolié pour servir le Niger et les intérêts des Nigériens. Et il y a bien une justice dans le pays pour ne pas être dérangé que le forum ait demandé de faire la lumière sur tous les dossiers, y compris le concours de la santé qu’on semble avoir omis. Pourquoi s’agiter alors ? Alors parce que ses mentors et lui-même ne sont pas de ceux qui étaient aux assises, Lawali Sayabou, alias TSA, prétend qu’on est y aller « Discuter de l’avenir du Niger en dehors des Nigériens ».C’est assez réducteur. Est-ce à dire que ceux que l’on a vus aux assises ne sont pas des Nigériens et qu’ils ne seraient pas représentatifs ? Peut-il dire qu’à la conférence nationale, tous les Nigériens y étaient ? Non. Le choix de la transition, c’est de refonder notre Etat en ne comptant plus avec les partis politiques qui n’ont pas été capables de s’élever pour gérer les problèmes du pays, mais au contraire de nous en créer davantage, nous faisant retomber à chaque fois dans les mêmes crises sans fin. Les partis politiques reviendront certainement mais jamais sous les mêmes formes pour générer les mêmes conflits les mêmes interminables contradictions insurmontables. Personne ne peut croire que Sayabou prétende que « Ces assises ne sont pas inclusives » parce que lui et ses maîtres n’y étaient pas. Ceux qui les ont animées viennent des huit régions du pays et de la diaspora et personne ne saurait dire que cela n’est pas représentatif. Toutes les régions ont participé et personne ne s’en est plaint, jusqu’à ce que, les conclusions que l’on a entendues gênent certains milieux qui ne s’attendaient pas de voir le forum aller à de telles décisions car eux avaient cru – on le leur a fait croire – que cette transition serait tenue par leur « maître » et que rien ne lui échappera. Pourquoi l’on n’a pas contesté l’inclusivité depuis les régions quand les délégués avaient été choisis ? Si on s’était tu c’était certainement parce que l’on misait sur une volonté de réconcilier pour croire que cet objectif pouvait faire oublier les attentes de justice sans lesquelles aucun pardon ne peut être possible dans un pays comme le Niger plein de douleur. Personne, dans le pays, y compris à ces assises, n’a peur « qu’on puisse regarder et regarder ceux qu’on accuse dans la salle » étant entendu qu’avant d’être là, depuis qu’ils géraient le pays, des Nigériens leur ont crié à la figure tout le mal qu’ils faisaient au pays. Que peut appeler TSA en parlant de ce qu’on aurait exclu « toute la crène nigérienne » ? Celle-ci serait où ? Au sein du régime déchu aujourd’hui aux abois ? Ce n’est pas vrai. Ceux qui ont assisté, animé et dirigé ces assises, ne sont pas des ignares. Ce sont des têtes bien faites et le Niger ne peut plus avoir besoin de têtes même bien faites mais qui ne savent que voler et piller, qui ne savent que faire le mal. Les nouvelles sagesses calculées de Sayabou ne trompent personne ? Comment eux qui avaient refusé que se tiennent les sessions du CNDP conçu pour que les Nigériens se parlent et aillent au consensus, se targuant d’une majorité au nom de laquelle ils pourraient tout imposer au pays, peuvent-ils aujourd’hui parler d’« accoucher quelque chose de consensuel » ? Encore que les Nigériens n’ont pas refusé d’aller au consensus, mais celuici ne peut pas signifier la caution de l’injustice, du vol, de l’enrichissement illicite, de la corruption, des détournements dont l’ancien régime est passé maître. Les Nigériens s’entendent et n’en veulent à personne mais avant que chacun réponde de ses actes. Cette volonté commune, partagée, ne peut occulter le besoin de faire justice dans un pays de malaise. A-t-il déjà peur de l’humiliation qui pourrait être faite à certains hommes et femmes à qui il voudrait que de tels déboires n’arrivent pas ? Demander justice, est-ce pour autant vouloir « régler des comptes » ? Il y a des millions de Nigériens qui ne sont guère inquiétés par ces conclusions publiées par le forum national. Sayabou peut-il être inquiet pour un autre ou pour lui-même ? Si c’est le cas, il faut bien s’assumer. Il peut donc être rassuré que l’enjeu, contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas « […] de régler des comptes à ceux qui ont géré ce pays ». D’ailleurs, est-ce tous qui sont aujourd’hui inquiets, angoissés de ce qui pourrait leur arriver les prochains jours ? N’a-t-il pas vu aux assises Issoufou Katambé ? C’est quoi donc ce qu’il appelle l’inclusivité ? Maintenir l’impunité ? Refuser l’impunité dans un pays normal est un combat constant et c’est ce que les Nigériens demandent, exigent même. C’est dans l’esprit du changement.
Lawali Sayabou dit que « Ceux qui ont géré ce pays, c’est de 60 à aujourd’hui » et c’est vrai, mais le procès qui se fait aujourd’hui c’est celui de ceux qui ont géré le pays il y a quelques douze années après le dernier coup d’Etat , entendu que le coup d’Etat de Salou Djibo avait fait l’état des lieux de la gestion dont il a hérité comme la conférence avait fait celui de la gestion du pays de 1960 à 1990. N’est-il pas, lui, TSA, acteur de cette conférence nationale, qui avait eu la responsabilité de faire l’état des lieux des régimes Diori, Kountché et Ali Saybou ? Ne sontils pas allés jusqu’à vouloir profaner la tombe du Général, pour espérer trouver là des milliards cachés ? Mais ils n’avaient rien vu car ceux-là, n’avaient rien volé au Niger et aujourd’hui encore, dans le pays, personne ne peut montrer ni des immeubles ni une fortune quelconque qui leur appartiendraient. On ignore tout, y compris de leurs enfants qui ne brillent pas particulièrement dans le pays, passant inaperçus dans le peuple. C’est ça la vérité. Or, aujourd’hui, on n’a pas besoin d’aller dans les tombes pour voir les montagnes de fortunes. L’enfant d’Issoufou, en l’espace de dix ans, s’est fait – ou a été fait – milliardaire. On ne demande que de demander à ceux qui ont acquis ces fortunes de les justifier, entendu que personne, par les familles que nous connaissons tous dans le pays, ne peuvent les justifier ni par un héritage quelconque ni par des revenus légaux, notamment des salaires légalement mérités et officiellement connus, même ceux de président de la République.
Ainsi, mis hors de lui-même, l’acteur politique de la société civile, Sayabou, va jusqu’à parler de « Dissoudre l’armée » qu’il prétend ne pas être républicaine, la même qui, en 2009, faisait un coup d’Etat qu’ils saluaient, avec on s’en souvient, bien d’acteurs connus du PNDS. Tant qu’elle ne fait que ce qu’ils peuvent vouloir, alors pour eux, cette armée est loin d’être normale et républicaine ? C’est une grave accusation que de porter un tel jugement sur une armée qui se bat, et souvent dans quelles conditions pendant la Renaissance, pour protéger le pays et nous permettre de vivre en paix. On ne peut d’ailleurs pas croire Sayabou quand il dit : « moi je ne suis qu’un défenseur des droits de l’homme », un défenseur des droits de l’homme qui, pendant 13 ans, ne peut pas dénoncer la persécution d’acteurs politiques et de la société civile dont le seul tort aura été de demander justice et plus de liberté pour manifester, qui ne s’est jamais exprimé sur les scandales que le pays a connu pendant douze années de socialisme ? Où était-il quand tant de libertés sont bafoués et que tant d’hommes pour leurs opinions sont brimés, quand tant de milliards avaient été volés ? Faut-il croire qu’il ne défend que les droits du camp politique que son organisation a choisi de soutenir ?
TSA souffre ne n’avoir pas été aux assises ainsi qu’il en avait l’habitude, oubliant que dans ce pays, on ne peut plus faire confiance à ceux qui ont trahi leur conscience et leurs combats, pour servir des intérêts mesquins, personnels, jouant dans les antichambres des partis politiques pour dévoyer la mission de la société civile ; notamment dans son rôle de veille citoyenne.
Il n’y aura pas de chasse aux sorcières. Ceux qui n’ont rien pris à l’Etat, n’ont rien à craindre. Le Niger reste un pays de droit et de justice. D’ailleurs, de quoi pourrait avoir si peur le sieur Sayabou ? Slow down…
« Un jour on est le chasseur, un autre on est la biche ».
Par Korombeysé (Le Canard en furie)