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Le Projet du Chemin de Fer sous la Renaissance : Un Crime Économique Majeur contre le Niger

Chemin de fer Niamey ParakouTous les nigériens soucieux du devenir et du développement de leur cher pays, le Niger, sont unanimes que la gestion du pays pendant les 12 ans de renaissance a été catastrophique, puisque géré au mépris de toutes les règles et uniquement pour garantir les intérêts égoïstes et claniques de ceux qui exerçaient le pouvoir, un pouvoir d'ailleurs usurpé. Aussi bien en 2011, en 2016 - où pour la première fois, dans l'histoire des Etats ayant porté leur choix sur la démocratie multipartiste, un président-candidat à sa succession est allé seul au second, pendant que son challenger est jeté pieds et mains liés en prison sur la base d'un faux dossier - et en 2020. La gestion du pays par les socialistes a été jalonnée de scandales politico financiers où des hommes et des femmes, forts de leurs positions dans la haute sphère de l'Etat ou de leur proximité avec le pouvoir, ont littéralement mis à sac les ressources publiques. Ce fut la course à un véritable raid sur les deniers publics, comme dans une compétition, à qui s'enrichit le plus et vite. En un éclair, ces hommes et ses femmes, dont tous les nigériens connaissent la situation modeste avant leur arrivée au pouvoir, se sont enrichis de façon incroyable et inadmissible pour des fonctionnaires de l'Etat, rivalisant de grosses cylindrées, de constructions à plusieurs niveaux et d'autres vanités. Parmi ces dossiers scandaleux qui ont fait la Une de la presse nationale, et parfois internationale, figure en bonne place, aux côtés de ceux d'Exim Bank de Chine, de l'Uraniumgate, le dossier dit de ''la Boucle ferroviaire''. Grotesque ''éléphant blanc'', la parodie de chemin de fer voulue par l'ancien régime, essentiellement pour des besoins de campagne politique en vue de la présidentielle de 2016, a été lancée -et s'est arrêtée d'ellemême, il faut le dire puisque sans aucune étude de faisabilité -, avec un mépris royal pour les normes techniques en vigueur selon les techniciens, notamment l'écartement. Il convient de rappeler que c'est un vieux projet sur lequel des gouvernements antérieurs se sont penchés, mais avec sérieux. Confié auparavant à Africa Rail, il fut arraché et donné à l'ami breton, Bolloré,

ce même quidam qui, en Europe même, est considéré comme un ''ogre''. Et la fameuse boucle ferroviaire a donné de ridicules barres de fer, observables sur la route Niamey- Dosso et qui éventrent outrageusement la voie express, avant de se prolonger dans les champs des tiers qu'elle a rendus impropres aux cultures. Combien ont coûté ces ridicules barres de fer et cette tête de train immobilisée au ''Parc d'agrément'', désormais ''Blue Zone''. Nul ne le sait avec certitude. Quel est le pacte sur la base duquel ce marché a été attribué à Bolloré ? Ce que tous les nigériens savent est qu'ils ont été trompés et le Niger grugé. Ce qui est sûr c'est que les nigériens vont le payer cher, s'ils ne l'ont d'ailleurs pas fait à travers les ''Magasins sous douanes'' offerts gracieusement à l'ami breton. Et ce n'est pas fini. Car, en dehors de son coût, le projet a entrainé le Niger dans des contentieux encore plus onéreux, des procès où l'impossible lui est exigé. En effet, La Lettre du Continent, dans son numéro 780 du 04 juillet 2018, nous apprend que Michel Bosio, président de la Société Africa Rail, réclame au Bénin et au Niger 450 millions d'euros (environ 300 milliards F CFA) en guise de réparation au préjudice ''à la suite de la réattribution'' du projet par les deux pays au groupe Bolloré. La même parution révèle qu'évincé du projet, Bolloré réclame, à son tour, trois (3) milliards d'euros (soit 1 995 milliards de FCFA) ''en échange de son retrait effectif ''. Voilà le lourd passif causé par ce projet que l'on a voulu réaliser sans étude de faisabilité, sachant, par ailleurs, bien que la partie béninoise n'était pas pressée de réaliser son tronçon pour des raisons faciles à comprendre : le port du Bénin vit en partie grâce au Niger. Plus que ''la Boucle ferroviaire qui étrangle Issoufou'', c'est le Niger tout entier que la ''Boucle'' étrangle. Le chemin de fer est manifestement plus qu'un mauvais choix stratégique. Il est tout simplement un crime odieux perpétré contre le Niger, contre l'économie du Niger et son peuple. Ce dossier, comme bien d'autres, est une plaie béante qu'il faut soigner pour pouvoir avancer. La refondation de la République ne peut pas s'accommoder avec de telles plaies malodorantes, ces scandales politico financiers où des nigériens ont délibérément mis en péril les intérêts stratégiques de l'Etat au profit de leurs intérêts personnels et de ceux de sociétés et puissances extérieures.
Bisso (Le Courrier)