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Le Peuple adoube, et après ? : Pourquoi, Comment et Quand le Général Abdourahamane Tiani, Chef de l’État doit prêter serment / Abdourahamane Oumarou LY

Jeremy Bentham dans sa théorie sur l’utilitarisme prône la maximisation du bien-être collectif résumée par la maxime, "le plus grand bonheur du plus grand nombre". Convaincu cette fois-ci que son bonheur est à portée de main, que ses préoccupations seront véritablement au centre des actions publiques, l’écrasante majorité du Peuple a adoubé, au-delà de toute attente, les nouvelles autorités.

De Tillabéri à N’guigmi, de Gaya à Dao Timi en passant par Niamey, les manifestations et les déclarations de soutien au CNSP s’organisent, sans contrainte. Si pour un Pouvoir les conditions d’appréciation de la légitimité sont le consentement, la confiance et la reconnaissance, ceux-ci conférés au CNSP par le Peuple sont bien réunis. C’est dire donc que le Peuple convient d’avec la citation attribuée à Napoléon selon laquelle : « celui qui sauve sa patrie ne viole aucune loi. »

Cette adhésion du fragment majoritaire du Peuple trouve notamment son fondement dans l’espérance d’un futur prospère partagé et équitable ainsi que dans la quête d’une plus grande souveraineté nationale. Pourtant, cette légitimité semble avoir besoin symboliquement d’être incarnée par une prestation de serment.

Pourquoi, Comment et Quand doit-elle être réalisée ?

Pourquoi le Chef de l’État doit-il prêter serment ?

L’incarnation de la légitimité passe par la prestation de serment, qui apparaît comme la prise d’un engagement solennel afin d’œuvrer au service du bien commun. Une sorte de contrat passé avec le Peuple !!

Or le Général Tiani, Chef de l’État est doublement légitime, sur le plan national et sur le plan international.

Sur le plan national, l’adoubement constaté à tous les niveaux des composantes sociales, qui ont joué leurs partitions, n’a pas trop besoin de traîner dans la rue aussi longtemps, reste juste à le ramasser par les nouvelles autorités, sous forme de légitimité incarnée.

Sur le plan international, la plainte déposée devant la Cour de Justice de la CEDEAO par le sieur Bazoum consacrera la légitimation du CNSP comme autorités de la République du Niger, par constat soit de la démission du plaignant soit de son état d’impeachment, incapable de jouer le rôle de Chef de l’État puisque victime de sa propre turpitude.

Dans ces conditions, la mise en rapport entre le Général Tiani et le Peuple souverain dans son ensemble, le tissage de lien avec le Chef de l’Etat ne sauraient perdurer. La formule sera à prévoir. Peut-être dans la Charte de transition ?

Comment prévoir le serment ?

L’ordonnance régissant les pouvoirs publics pendant la période de transition faisant office de Charte de la Transition devrait être la base juridique.

Une révision des dispositions de l’article 7 pour insérer la formule du serment à prêter par le Chef de l’État sur le livre saint de sa confession aurait dû être la solution. Cependant, force est de constater que l’ordonnance se caractérise par sa rigidité puisque l’on ne peut se fonder sur une disposition existante pour la modifier.

 Ne faudrait-il pas alors l’abroger et la remplacer par une nouvelle prévoyant explicitement le serment ?

Symboliquement, à partir du serment prêté, le rite fera porter sur les épaules du Chef de l’Etat, les lourdes charges et responsabilités de l’ère nouvelle, porteuse de défis et d’espoir pour le Niger, qui s’ouvre.

Quand et devant quelle instance ?

Les assises du Dialogue national inclusif, qui regrouperont les forces vives de la nation, constitueront le lieu idéal pour se livrer à cet acte solennel. Au besoin, prévoir leur élargissement par les anciens Présidents et Chefs de l’Etat, les anciens Présidents de l’Assemblée nationale et les anciens Premiers ministres, les chefs religieux, les chefs coutumiers, les associations des femmes, des jeunes et celles des droits de l’Homme. Bref, les représentants de toutes les composantes sociales ; une sorte de Niger en miniature.

Sur le pan pratique, la cérémonie sera officiée par le Président des assises du Dialogue national inclusif, l’Association islamique, l’Archevêque de Niamey et l’Association des chefs traditionnels.

La prestation de serment serait le premier point à inscrire à l’ordre du jour du programme du Dialogue national inclusif.

Abdourahamane Oumarou LY

Contribution web.