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Le non-paiement de la dette intérieure au Niger : un goulot d’étranglement pour l’économie nationale

Ministere Finances Niger 1Le Niger a connu, à la suite du coup d’Etat, d’énormes difficultés provoquées par les sanctions que la CEDEAO prenait contre le Niger et, entre autres, l’isolement du pays du fait de la fermeture des frontières, le blocage des avoirs de l’Etat au niveau des institutions financières, acte ignoble décidé par l’UEMOA sous injonction de la France sans qu’aucun texte ne puisse lui autoriser un tel acte criminel, contraire aux principes de solidarité qui fondent la CEDEAO. Mais, le Niger avec tenu, stoïque, face à ces mesures, revendiquant sa souveraineté pour laquelle son peuple n’entend pas se mettre à genoux, prêt à tout supporter, à tout endurer, conscient que la dignité, pour un peuple, n’a pas de prix et peut mériter tous les sacrifices. Dans les choix économiques qui sont faits, soutenus par la résilience du peuple, il y avait ceux pour assurer le fonctionnement régulier de l’Etat en maintenant notamment la capacité de l’Etat à assurer les salaires, les pensions de retraite, les bourses, etc. Au même moment, l’Etat faisait face aux urgences, en l’occurrence les défis sécuritaires du moment, les inondations, la pénurie de produits de grande consommation, les défis liés aux catastrophes naturelles.

Depuis quelques jours, d’autres mesures venaient pour soulager les souffrances des populations. Il s’agissait, entre autres, de la réduction à la pompe du prix des hydrocarbures, de la mise à disposition aux populations de céréales vendues à prix modérés et souvent gratuitement distribuées aux villages et quartiers vulnérables. Dans la foulée, intervenait, suite au dernier conseil des ministres, la réduction de 50% des tarifs pour les consultations sanitaires et, notamment, dans certains cas, de services gratuits pour alléger les souffrances des malades. Aussi, pour recouvrer sa solvabilité et sa crédibilité au niveau des institutions régionales et internationales, le Niger, même éprouvé par les sanctions de la CEDEAO et de certains partenaires, réussit à apurer toute sa dette extérieure et retrouver ainsi sa place dans les institutions financières et économiques de ces deux niveaux. A côté de ces efforts, il y a un domaine qui a été sans doute sciemment négligé pour se battre du seul côté de ce qui est du ressort de la crédibilité extérieure du pays. Politiquement, ce choix est sans doute compréhensible mais, les Nigériens pourront-ils trop longtemps supporter de n’être pas payés par l’Etat qui leur est redevable au risque de voir leurs activités économiques péricliter et de voir leurs familles sombrer dans la misère ? Il va, sans dire, que non et c’est pourquoi, il y a urgence pour le Premier Ministre et son Gouvernement, et le Chef de l’Etat en tête, de considérer cette situation pour lui trouver dans l’urgence un début de solution. C’est d’une économie fragile qu’il s’agit, susceptible de tomber dans une crise face aux moindres impondérables.

A présent, l’économie nationale doit respirer pour permettre aux sociétés, aux entreprises et aux activités économiques, en général, de retrouver leur vitalité d’antan afin d’impulser un dynamisme nouveau à une économie qui a quand même surpris par la résilience dont elle a fait preuve sous embargo pour maintenir les mêmes optimismes de croissance et justifier pour les analyses du domaine les taux de croissances annoncés ce, rappelons-le, malgré la crise qu’elle a traversée depuis le coup d’Etat. 

Il est urgent, afin de donner un nouveau souffle à l’économie nationale, en favorisant une circulation de l’argent, de penser à l’apurement de la dette intérieure afin de permettre aux prestataires de l’Etat de bien gérer leurs entreprises et de faire en sorte que leurs activités se relancent. Les Nigériens, le méritent du reste, eux qui, avec un courage exceptionnel, ont tenu dans l’éprouvante situation qu’on a créée au pays, supportant, sans jamais broncher, l’absence d’électricité, la montée vertigineuse des prix des produits de grande consommation, l’impossibilité de voyager, etc. Quand un peuple le veut, il le peut et cette détermination des Nigériens à assumer leurs choix et leur souveraineté, a pu leur permettre de rester confiants en l’avenir.

Tant que l’argent ne circulera pas, les Nigériens auront l’impression que rien ne bouge dans le pays, qu’une certaine misère les étrangle, et finalement que rien n’est en train de changer quand leur quotidien devrait continuer à se détériorer. Et une telle situation, à terme, risque de les faire perdre confiance en eux-mêmes et même en l’avenir. C’est un cri du cœur. 

Ali Soumana (Le Courrier)