Le mur s’est lézardé : Sortie de la fille du président Bazoum
La résilience et la solidité des relations entre les principaux responsables du PNDS, au moment de la longue traversée du désert étaient devenues un mythe. Un mythe entretenu et régulièrement ressassé. Le président Issoufou Mahamadou sera le premier à en parler. C’était lors d’une de ses innombrables campagnes présidentielles. Il dira que « c’est quand un mur se lézarde que margouillats et lézards s’y engouffrent. » En clair que rien ne peut séparer le groupe dirigeant du parti. Et au moment où le PNDS divisait, concassait les partis politiques aussi bien de l’opposition que les alliés, le président Bazoum, pour répondre aux critiques, réaffirmait la résilience des responsables du parti et la solidité de relations entre eux. Si le président Issoufou, en bon manipulateur et narcissique, utilise cette situation à son seul profit, pour sa propre réalisation, Bazoum, par contre, croyait sincèrement à la solidité du groupe. Et c’est probablement pourquoi, en dépit de avertissements de ses proches sur les présumées intentions de son ami et prédécesseur, il s’est toujours refusé de croire. Le coup d’Etat du 26 juillet qui l’a déchu de la présidence de la République lui ouvrira les yeux. Et très tôt, il mettra tout sur de le dos de son ami. Cette ‘’trahison’’ nourrit certainement son refus de démissionner. Histoire de ne pas faire plaisir. Les proches de Bazoum, ses collègues présidents des autres pays y croient aussi. Cette inimitié entre deux amis de longue date a fini par porter un coup sévère sur la vie et la marche du parti. Les déballages- le tankataféri comme on dit chez nous- sont monnaies courantes. La semaine dernière, la fille de Bazoum, dans un entretien avec la Radio France Internationale est largement revenue sur le sort de son père en résidence surveillée depuis le 26 juillet. Si, dans cet entretien, il n’y aucune information nouvelle, il a tout de même le mérite de connaître l’état d’esprit dans lequel se trouve les enfants du président déchu. Mais cette interview aura tout de même le mérite de lever un coin de voile sur les relations entre les deux amis. Si l’accusation selon laquelle Issoufou Mahamadou serait le principale auteur ou bénéficiaire du coup d’Etat semble difficile à prouver et reste du domaine du ressenti, son manque de compassion pour les enfants de Bazoum est incompréhensible. Que lui coûtera-t-il d’appeler, de consoler, de soutenir, de remonter le moral des enfants de son ami ? Issoufou manque-t-il autant de coeur ? Pourquoi ne tente-t-il pas de rendre visite à Bazoum ? Voilà un comportement et une attitude qui apportent de l’eau au moulin de ceux qui voudraient faire porter le chapeau au président Issoufou. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux. Boussada Ben Ali, un parent de Bazoum qui vit en Lybie se fendra d’ailleurs sur les réseaux quelques jours seulement après la sortie de la fille de son parent. Il dira des choses très graves qui donnent toute la mesure de la fracture entre les deux amis, les deux clans du PNDS. La morale dans cette histoire est celle-ci : ne jamais souhaiter, faire du mal à son prochain. En divisant, concassant les adversaires et amis des partis politiques, des Nigériens tout court, les dirigeants du PNDS ont creusé le gouffre qui les englouti aujourd’hui. Et comme on dit, l’enfer c’est ici.
Modibo (Le Nouveau Républicain)