Le Gazoduc transsaharien : La raison de la rogne de Macron et Tinubu ?
Aussitôt après le coup d’Etat du 26 juillet, Bola Tinubu, fraichement élu président du Nigéria et à la CEDEAO réagira, concomitamment avec le président français. La France, puissance colonisatrice, contrairement aux autres puissances, a tenu à rester très présente dans la gestion de ses anciennes colonies. Une présence qui avait pour principale raison l’appropriation des richesses de ces pays. Flagrante, méprisable, elle a eu pour effet de braquer une grande partie des populations de ces pays contre la France. Ainsi, les Français seront indésirables en Centrafrique, au Mali et au Burkina. Dans tous ces pays, le départ des Français ne fera pas de vague à Paris. Le Niger et le Tchad seront le refuge des différentes armées françaises. Le Niger deviendra alors la chasse gardée comme il l’a été depuis les indépendances. Les dirigeants sont, au mépris des intérêts du pays, au service exclusif de l’Hexagone qui s’est approprié des ressources du pays régulièrement classé dernier dans le domaine de l’indice de développement humain. L’uranium est extrait exclusivement pour les centrales nucléaires françaises. En dépit des négations de l’ancien président nigérien, Bazoum Mohamed, cet uranium entrait, pour une part importante, dans la production de l’électricité en France. Plus que par le passé, du fait de la guerre en Ukraine, les ressources du sous-sol nigérien sont d’une importance vitale pour la France en particulier et l’occident en général. Avec la dislocation de l’empire soviétique, à la fin des années quatre-vingt, l’occident, pour son ravitaillement dans le domaine énergétique, s’est tourné vers la Russie et les anciennes Républiques ayant appartenu à l’URSS. Ainsi pour l’uranium, la France achètera au Kazakhstan en Ouzbékistan. Pour le gaz et le pétrole, les occidentaux se ravitaillaient en Russie au détriment des pays du Golfe et de l’Algérie. L’uranium du Niger devenait, pour la distance, moins attrayant. L’exploitation de la mine d’Imouararen qui allait faire du Niger le deuxième plus grand producteur du monde sera renvoyée aux calendes grecques. Elle sera considérée comme une réserve pour les futures générations de l’occident. La guerre entre la Russie et l’Ukraine viendra bouleverser les plans des occidentaux qui vont s’empresser de prendre des sanctions contre la Russie. Mettant ainsi en difficulté leur approvisionnement en gaz et en pétrole.
Obligeant ces pays à chercher d’autres sources d’approvisionnement. C’est probablement là qu’entre en scène le président du Nigéria et sa connexion avec le président français. Un projet de gazoduc transsaharien était la solution. Ce gazoduc devait partir du Nigéria, un important producteur de gaz. Il traversera le Niger, producteur aussi de gaz, du sud au nord pour rejoindre l’Algérie, un autre important producteur. Ces trois pays produiront pour approvisionner des pays européen dont la France. Le projet avait l’accord des autorités déchues du Niger. C’est sûrement pourquoi, les présidents Tinubu et Macron sont en rogne contre les nouvelles autorités du Niger. Au lieu d’attendre de voir clair dans les évènements du 26 juillet, les deux présidents, sous le coup de la colère, mauvaise conseillère diton, prennent des décisions insensées. Le président nigérian coupe l’électricité aux Nigériens qui ne sont pas responsables des errements du régime du PNDS qui ont conduit au coup d’Etat. Le contrat entre la NEPA et la Nigelec va au-delà des conjonctures et des péripéties liées à l’exercice du pouvoir. La connexion avec Kandji date de 1976. Même au plus bas des relations entre le Niger et le Nigéria, du temps du pouvoir militaire dirigé par Mohamed Buhari en 1984, le Nigéria a continué à fournir de l’électricité au Niger. La seule et unique raison de la rogne de Tinubu et de Macron réside dans cette affaire. Et de toute évidence, notre pays semble être le dindon de la farce dans ce projet. Ils savent qu’aucun autre responsable nigérien, hormis Bazoum, ne pourrait accepter les termes du contrat qui lèse le pays.
Modibo