Langues nationales et unité nationale : Réflexion autour de l’Article 12 de la Charte de la Refondation

Depuis l’adoption de la Charte de la Refondation par les autorités de la transition, l’Article 12 suscite un vif intérêt au sein de la société nigérienne. Ce texte, qui redéfinit le statut des langues dans le pays, témoigne de la volonté des autorités de promouvoir les langues nationales, tout en maintenant le français au rang de langue de travail.

Dans une démarche de renforcement de la souveraineté culturelle, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) affirme sa volonté de faire des langues nationales des instruments majeurs de développement, d’éducation et de communication. Une telle orientation vise à rapprocher davantage l’administration des réalités linguistiques vécues par la majorité des citoyens.

Le Niger, pays à la mosaïque linguistique remarquable, abrite une pluralité de langues nationales telles que le haoussa, le zarma-songhaï, le peul, le tamasheq, le kanouri, le toubou, le gulmancema, entre autres. Chacune de ces langues porte une histoire, une culture, et une identité qu’il convient de préserver et de valoriser. L’enjeu est de bâtir une politique linguistique inclusive, qui respecte cette diversité tout en assurant une communication fluide au sein des institutions publiques et éducatives.

Comme toute réforme d’envergure, cette nouvelle orientation linguistique nécessite une mise en œuvre progressive et un dialogue inclusif. De nombreux acteurs sociaux et intellectuels plaident pour une concertation nationale impliquant l’ensemble des communautés linguistiques, afin de garantir que chaque voix soit entendue.

Au-delà de l’aspect administratif, la question des langues touche aux valeurs d’équité, de représentation et de mémoire collective. Bien menée, elle peut constituer un facteur de cohésion et de solidarité. Dans un pays riche de sa diversité comme le Niger, c’est dans l’harmonie entre les langues et les cultures que pourra s’édifier une nation plus forte, unie et tournée vers l’avenir.
Boubé Boureima (Nigerdiaspora)