L’AN 1 DU CNSP AU POUVOIR : Une année de courage politique et de grandes initiatives
Le Niger, depuis un an, est en transition. Les méchants lui ont prédit l’apocalypse, certains qu’il ne peut survivre aux sanctions iniques prises contre son peuple sur lequel l’on comptait pour qu’il se révolte, face aux affres de l’isolement, contre la « Junte » et sur la guerre annoncée en complicité avec les nôtres, pour semer le chaos dans le pays. L’homme propose, Dieu dispose. Il n’eut ni guerre ni famine. Les Nigériens sont plus que jamais debout, solides sur leurs jambes de guerriers sahéliens. Les guerres se font plus avec les coeurs qu’avec les armes. Le peuple, vaillamment, avait résisté, faisant fausser les pronostics les plus macabres et alarmistes que l’on entrevoyait pour le pays et pour les Nigériens. Au contraire, au moyen d’un programme conçu pour la résilience, le gouvernement de transition a su démonter tous les pièges, trouvant des moyens de contournement pour faire survivre l’Etat et le peuple aux méchantes et criminelles coupures d’électricité, à toutes les suspensions des sources de financement, à la fermeture des frontières. Et le peuple avait tenu dans cette situation, ne se lamentant de rien, ni même des coupures d’électricité longues. Quand le courant est là, on fait avec ; quand il n’est plus disponible, on s’en moque. Et la vie continue. Personne n’avait cru que les Nigériens pouvaient accepter de vivre, même au nom de la dignité, dans de telles conditions. On ignorait le degré de leur engagement. « A coeur vaillant, rien d’impossible », peut dire Pierre Corneille. Le luxe n’est pas nécessaire ; c’est un artifice dont on peut bien se passer dans les moments sérieux de la vie. Les Nigériens l’ont démontré. Le sac de riz peut presque doubler, on sait jouer avec les règles du marché, pour survivre et tenir debout. On ne pouvait voir aucune larme sur les visages des nigériens même quand, en plus, par maque de médicaments du fait de la CEDEAO et de la France, des femmes et des enfants pouvaient mourir dans les hôpitaux. Le peuple avait donc accompagné, refusant de se lamenter, et tenant avec courage pour être avec la transition dans ses choix, tant que cela se fait pour la souveraineté du pays et pour la volonté du peuple à se prendre en charge sans compter sur un autre.
Un tel engagement du peuple qui ne demandait rien, ne pouvait pas être trahi. Il faut faire attentions aux petits malaises et écouter le peuple qui, doutant, suit à pas feutrés une transition qui ne peut souvent rassurer sur toute la ligne L’on peut quand même être fier des décisions courageuses qu’on n’avait jamais cru que le Niger pouvait prendre, tout en tenant, face à la France, un discours décomplexé, nommant les faits et les hommes sans se cacher derrière quelques sous-entendus. Du côté du Sahel, l’Afrique grandissait. La France qui refusait de quitter et de faire quitter son ambassadeur déclaré personanon grata, a fini par faire ses valises et s’en aller. Tout de la France, depuis cette époque, est fermé dans le pays. Elle n’a rien avec le Niger, elle n’est rien pour le Niger, après les divorces. L’Amérique partait aussi avec ses troupes.
Aussi, beaucoup d’accords léonins avaient été dénoncés. Qu’il s’agisse des accords militaires, ou d’autres, notamment dans le cadre de la migration, des mines où l’on a retiré le permis d’Imouraren à Orano et à beaucoup d’autres des permis miniers. Air France ne peut plus venir au Niger et aucun avion français ne peut désormais traverser le ciel du Sahel. Cette autre Afrique contrôle son ciel et plus personne ne peut désormais le violer.
Ceux qui ne savent pas respecter le Niger ne peuvent donc plus avoir de place à ses côtés. Le Niger choisit ses amis ; on ne les lui imposera plus. Mais le grand bien du CNSP est surtout d’avoir libéré le peuple du Niger de la gouvernance désastreuse des Camarades qui ont fini par comprendre que Dieu reste le décideur suprême des destinées humaines.
Comment oublier, dans cette liste non exhaustive, la réduction récente du prix à la pompe des hydrocarbures qui vient soulager les populations meurtries par la cherté de la vie et qui, depuis que l’essence sortait du sous-sol se demandaient à quoi servait la manne pétrolière. Mais il reste encore bien de chantiers sur lesquels il va falloir apporter des réponses. Il faut d’une part repenser complètement le système éducatif et de santé, penser des programmes sérieux pour relever les défis de la sécurité alimentaire et de la souveraineté énergétique. Il y a en effet des domaines de la souveraineté sur lesquels le Niger ne devra plus dépendre d’un autre.
Mais, avant d’aller à toutes ces attentes, il y a un autre plus sérieux pour panser les plaies douloureuses du tissu social. Et c’est par là que le CNSP gagnera davantage la confiance du peuple qui apprend à se méfier. En effet, tant que sur le plan de la Justice le CNSP ne posera pas des actes courageux, l’on continuera à douter de lui et il n’est évident, sans la confiance et le soutien du peuple, qu’il puisse réussir sa mission, celle, devrons-nous croire, de remettre le pays sur les rails et de mettre le peuple en confiance avec la démocratie. Tant que, par rapport à tant d’immeubles qui fleurissent dans le pays, tant de domaines privés anonymes, tant de projets industriels, l’on ne fera pas la lumière, les Nigériens demeureront hésitants. Et ce n’est pas bon, faut-il en convenir. Ni pour la transition, ni pour le Niger. Il ne faut pas qu’on se rende compte qu’on s’est trompé d’hommes. Le Niger veut croire à cette chance de repartir, enfin, sur le bon pied. Il est donc, de ce point de vue, urgent d’ouvrir les dossiers qui ont défrayé la chronique et que tout le monde connait : Eximbank China, Uraniumgate, Caima, riez pakistanais, et tant d’autres.
La soif du peuple est grande. Le CNSP peut-il l’étancher ?
Mairiga (Le Courrier)