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L’air du temps : Mendicité, causes sociales ou économiques ?

Siradji Sanda Onep Chasser le naturel, il revient au galop ! Ces dernières années, un phénomène a tendance à coller à la peau du nigérien au point où certains en ont fait ‘’un produit d’exportation’’ : la mendicité. Pourtant, il y a quelques décennies auparavant, les nigériens qui partaient en exode dans les pays de la sous-région étaient connus pour leur abnégation. Certains exerçaient le commerce, d’autres s’adonnaient aux petits métiers ou quelques activités peu exercées par les autochtones.

Malheureusement cette image positive du nigérien est en train d’être noircie par ceux-là qui ont fait de la mendicité une activité y compris à l’extérieur du pays. Nous pouvons tous imaginer la peine et la gêne de tous ces honnêtes nigériens (commerçants, travailleurs exodants, membres de la diaspora, fonctionnaires expatriés) qui vivent et travaillent à gagner dignement leur vie dans ces pays.

Toutefois, il faut admettre que la persistance de cette ‘’mendicité transfrontalière’’ par certains de nos compatriotes, est la traduction de l’échec des politiques publiques en lien avec le développement des zones rurales. Les régimes qui se sont succédé n’ont pas réussi à créer les conditions permettant de fixer les populations rurales en leur offrant des opportunités dans leur milieu. Sur ce point, on ne peut pas s’empêcher de rappeler la pertinence du Programme Spécial du Président Tandja Mamadou qui a commencé à donner des résultats en matière de lutte contre la pauvreté en milieu rural.

En lieu et place de cela, l’on a assisté, ces dernières années à un discours pompeux exaltant la croissance et autres concepts macroéconomiques, bref des concepts totalement décalés des réalités du pays et n’ayant aucun impact positif sur le quotidien des citoyens.

Et dans la logique de ce discours destiné à la consommation extérieure, des milliers de milliards sont investis dans des projets tape-à-l’œil dont l’essentiel des fonds injectés finissent, par le truchement d’un système rodé de corruption, dans les poches et les comptes d’une clientèle politique insatiable et de quelques fonctionnaires tout aussi avides d’argent.

Au même moment, les campagnes se paupérisent chaque jour davantage et les populations n’ont d’autre choix que de quitter pour venir grossir les rangs des pauvres dans les centres urbains. L’occasion faisant le larron, des réseaux criminels se sont développés. Ce sont ces réseaux qui financent et organisent le transport des ces populations rurales en direction des pays de la sous- région où ils les exploitent à travers la mendicité.

Face à ce fléau, il faut aussi admettre que la responsabilité reste aussi partagée. L’Etat a la plus grosse part parce qu’il a été incapable d’initier des politiques publiques et sociales à fort impact sur le monde rural d’une part. D’autre part, il fait preuve d’un certain laxisme dans la répression des réseaux qui encouragent la pratique de la mendicité transfrontalière. Mais la société nigérienne elle-même est complice de cette situation parce qu’elle tolère ce phénomène même lorsqu’il est pratiqué par des personnes valides. Dans cette optique, les leaders religieux et coutumiers ont aussi une grande part de responsabilité.

Finalement, les conséquences de ce phénomène impactent tout le monde, affectent la fierté du Nigérien et ternit l’image du pays. Pourtant, le Niger a suffisamment de ressources pour inverser la tendance. En cette ère de refondation de l’Etat, il revient aux autorités en place de prendre la mesure de la situation pour faire en sorte que les immenses ressources annoncées en lien avec la mise en valeur des richesses naturelles du pays profitent à tous. Car comme, l’a si bien dit Mahatma Gandhi : « Le monde a assez de ressources pour satisfaire les besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire la cupidité de tous ».

Siradji Sanda (ONEP)