L’air du temps : Notre rapport à la salubrité
Le Nigérien aime les cérémonies. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer ce qui se passe à l’occasion des baptêmes et des mariages. Que d’efforts fournis pour embellir et aménager les espaces. Seulement, voilà ! ces efforts sont vains puisque le lendemain des festivités, ces espaces tant nettoyés et embellis ne sont plus reconnaissables. Résidus alimentaires, sachets, emballages et autres bouteilles en plastique y sont laissés, souvent pour une longue période pour ne pas dire définitivement. Une telle situation nous interroge sur notre rapport à la salubrité.
Pourtant, il est aisé d’entendre les jérémiades des uns et des autres accusant et acculant les services municipaux de laxisme. Mais comment peut-il en être autrement si à notre niveau individuel nous sommes incapables d’assainir notre environnement immédiat.
Qu’il s’agisse des alentours des maisons ou des services publics, la problématique de la salubrité se pose avec acuité. Il n’est pas rare de trouver des dépôts d’ordures qui se sont formés au fil du temps dans et ou aux alentours d’institutions publiques. L’un des exemples les plus patents nous est quotidiennement assené à la Place Anoutab, cet espace bien aménagé avec connexion internet gratuite où se retrouvent, chaque soir, les jeunes de la capitale pour leurs loisirs. Mais chaque matin, l’endroit est méconnaissable avec des ordures qui jonchent le sol malgré la présence des bacs à ordures installés à divers endroits.
En ces temps de mobilisation sociale pour la conquête de la souveraineté, il serait aussi pertinent d’adjoindre l’éducation à la citoyenneté responsable, la sensibilisation sur des pratiques nocives à l’environnement.
S’il est évident que nous sommes dans un processus de refondation de la République et de ses institutions, il est tout aussi nécessaire de travailler à obtenir des citoyens nouveaux, plus conscients et soucieux de leur responsabilité vis-à-vis de la communauté. Cela parce que les institutions reflètent aussi souvent la somme de nos attitudes et comportements individuels et collectifs. En somme, si nous aspirons à vivre dans un environnement sain, il est indispensable de revoir notre rapport à la salubrité. Il ne se sert à rien de blâmer les pouvoirs publics si à leur niveau, les citoyens ne font rien pour aider à prendre en charge une problématique quelconque.
Siradji Sanda (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org