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L’air du temps : Et le brut coule !

Depuis le 1er novembre, le Niger est officiellement producteur et exportateur du brut avec la mise en service du pipeline export du bloc II d’Agadem. Le geste tant attendu, parce que plein d’espoir d’une amélioration des revenus de l’Etat et celle des conditions de vie des populations, a été donné par le Premier ministre Lamine Zeine Ali Mahaman depuis Koulélé dans la région de Diffa.

La mise en service de ces infrastructures pétrolières nous donne l’occasion de jeter un regard critique sur les partenariats qu’a noués le Niger avec d’autres pays dans d’autres secteurs. A tout seigneur tout honneur, lorsqu’on parle d’exploitation minière au Niger, on voit tout de suite celle de l’uranium. En effet, depuis plus de 50 ans, notre pays est 4ème producteur de la plus importante source d’énergie au monde qu’est l’uranium. Cependant, 70 % de l’électricité que nous consommons nous est fourni par un autre pays, et le Niger a le taux d’accès à l’électricité parmi les plus bas au monde (18,75% en 2022, selon le rapport sur la performance de l’action gouvernementale 2021-2022).

Contrairement à l’exploitation uranifère, celle du pétrole a suivi un autre itinéraire. Véritablement commencée autour de 2008, la mise en exploitation du pétrole a déjà permis au pays d’assurer son autonomie et son autosuffisance. Ainsi, depuis une quinzaine d’années, le Niger n’importe plus les hydrocarbures. Si cela a été possible, c’est assurément grâce à la nature des partenariats. En effet, les Chinois pour ne pas les citer, ont vu des opportunités d’affaires et des potentialités de partenariat gagnant-gagnant au Niger. Ils y ont investi et les deux parties trouvent leurs comptes.

Et l’histoire récente du Niger montre que le pays est une terre d’opportunités pour des partenaires sincères. C’est ainsi qu’outre les Chinois, d’autres viennent investir chez nous dans le respect de nos traditions, de nos choix et de notre souveraineté. Parmi eux, on peut citer les Turcs, les Indiens, les Pakistanais, etc. Ceux-ci ne se limitent pas à la connaissance livresque et totalement décalée des réalités mondiales actuelles qui veut présenter le Niger comme ‘’le pays le plus pauvre au monde’’.

Et au fil du temps, les partenariats avec ces pays laissent apparaître du concret : stade, échangeurs, raffinerie, pipeline et autosuffisance en hydrocarbures avec les Chinois ; Nouvel Aéroport international Diori Hamani de Niamey, immobilier avec les Turcs ; Centre international de conférence Mahatma Gandhi, Bravia Hôtel, et restauration de l’Hôtel Gaweye avec les Indiens pour ne citer que cela. L’on ne saurait ignorer dans ce registre le pont Kennedy et récemment la réhabilitation des aménagements hydroagricole de Konni et Gaya avec le MCC des Etats Unis.

Face à ces nouveaux partenariats qui ciblent des investissements productifs, il y a ceux fondés sur des ‘’perceptions du monde’’ dépassées dont l’élément central demeure l’aide publique au développement. Une aide qui n’a jusqu’alors pas permis à nos pays de se développer. Ce genre de coopération ne vise ni plus ni moins qu’à maintenir nos pays dans le besoin et sous perfusion pour mieux les contrôler et les manipuler.

Si en moins de 15 ans, le Niger a pu réaliser son autosuffisance en hydrocarbures, cela peut aussi fonctionner dans tous les secteurs à condition d’avoir des partenaires plus sincères et plus transparents d’une part. Et d’autre part, en ayant des dirigeants visionnaires, jaloux de la souveraineté nationale et de la dignité de leur peuple. C’est le lieu, ici de rendre un hommage mérité au défunt président Tandja Mamadou qui s’est battu pour que le pétrole nigérien soit exploité refusant que cette ressource qui appartient au peuple nigérien ne subisse le même sort que le gigantesque gisement uranifère d’Imouraren dont Orano semble en faire une réserve stratégique pour les générations futures de son pays, repoussant chaque fois la mise en exploitation.

Siradji Sanda (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org/