L’air du temps : Encore une chaine brisée !
Après la dénonciation des accords défense, c’est autour de la convention fiscale avec la France qui vient d’être conjointement dénoncée par le Niger et le Mali qui emboitent le pas au Burkina Faso. Petit à petit, les pays de l’Alliance des Etats du Sahel démontent, au grand bonheur de leur population et des panafricanistes sincères, les montages coloniaux, savamment conçus par la France pour continuer indéfiniment à exploiter nos ressources et à maintenir nos pays dans une situation de dépendance et de pauvreté.
Tenez bien, la convention fiscale en vigueur depuis le 1er juillet 1966 évite entre autres aux entreprises (françaises notamment) de payer convenablement les impôts et taxes dans nos pays. Sachant que le pacte colonial privilégiait déjà les entreprises françaises dans l’acquisition des marchés publics, l’exécution des contrats et l’exploitation minière, la France a conçu et imposé cette fameuse convention fiscale pour que ses entreprises, qui font des affaires chez nous, ne paient pas les impôts sur place. Parallèlement, un système fiscal insupportable est conçu et imposé (sous l’influence de la France) à nos maigres entreprises.
C’est ainsi qu’au moment où des mastodontes comme AREVA, SOGEA SATOM, VEOLIA, etc… bénéficient gracieusement des dispositions de cette fameuse convention fiscale léonine et réalisent des bénéfices incommensurables, nos rares entreprises croulent sous le poids de la fiscalité et finissent par s’éteindre. Il est temps que soit mis fin à tous ces accords coloniaux pour que cessent ces privilèges injustifiés et indus. Avec la dénonciation de ces accords et conventions défavorables aux intérêts nationaux, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Partie brise progressivement les chaînes de l’esclavage financier dans lequel la France cherche coûte que coûte à nous maintenir pour son propre confort.
Ni les chantages, ni la manipulation des institutions régionales d’intégration encore moins les menaces de Macron ne détourneront les Nigériens et au-delà les peuples du Liptako Gourma de leurs objectifs communs : la souveraineté de leurs pays respectifs et la pleine jouissance de leurs ressources. Une situation qui place la France dans un désarroi certain. Un désarroi à la hauteur de ce qu’elle a perdu : une zone d’influence et surtout des ressources qu’elle siphonne depuis des décennies sans avoir à payer les prix justes.
Mais si la France a jusqu’alors réussi ce coup, c’est certainement avec la complicité d’une certaine élite politique et intellectuelle qu’elle entretient et propulse au-devant de chaine de décision de nos pays. C’est cette certitude qui est désormais remise en cause avec l’avènement de l’Alliance des Etats du Sahel et des régimes militaires soucieux de la souveraineté de leurs pays dans tous les domaines. La géopolitique actuelle exige aussi à la France de revoir sa perception de nos pays et sa stratégie désormais inopérante.
Siradji Sanda (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org