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Justice / Cour d’Etat : Qu’est ce qui se passe autour de la levée de l’immunité de Bazoum et Issoufou ?

levee de limmunite de bazoum et issoufou 1La question se pose lorsqu’on apprend qu’une requête serait envoyée à la Cour d’Etat pour la levée l’immunité judiciaire de Bazoum Mohamed et, éventuellement, de Mahamadou Issoufou. Selon des réseaux d’informations qui nous confient cette exclusivité, il y’aurait des chaudes discussions entre magistrats de la Cour d’Etat sur la question. Des avis divergents qui auraient suscité des querelles et empoignades verbales. Une situation qui, selon nos sources, aurait amené le Ministre de la justice à se rendre à la Cour d’Etat le samedi 03 février 2024 pour tenter d’aplanir les divergences entre magistrats. Ce qui pousse à rappeler aux autorités que les Nigériens aspirent à une justice équitable et, pour ce, ils attendent beaucoup de la gouvernance actuelle menée par le CNSP. Sur ce point, le Président Abdourahamane Tiani a fait la promesse d’écouter le peuple et d’accéder à ses aspirations profondes. Il disait d’ailleurs qu’il n’est pas là pour protéger des gens. Le Niger seul et son avenir l’intéressent. Et les Nigériens ont cru à sa parole d’honneur. On savait qu’entre autres personnalités qui doivent répondre de leurs actes, au-delà des fuyards, il y avait les deux têtes de proue de la Renaissance, à savoir l’ancien Président Issoufou qui, audelà des hommes qui lui sont proches, avaient eu l’audace d’impliquer jusqu’à sa famille dans la gestion de l’Etat, oubliant que c’est avec lui que le peuple prenait un contrat, non avec une famille qui ne peut, pour aucune raison, en démocratie, prendre les places qu’elle prenait dans le pouvoir.

Selon nos sources, son dossier, en ‘’téléchargement’’, serait fi- celé par les services compétents pour atterrir devant la plus haute juridiction qu’est la Cour d’Etat. Entre temps, l’on apprend que le dossier de levée d’immunité de Mohamed Bazoum, le président déchu, serait déjà au niveau de la Cour. Les Nigériens savent déjà que certains dossiers qui pourraient concerner le président déchu depuis que, après son renversement par les militaires, les nouveaux dirigeants qui ont connaissance de certaines de ses démarches entreprises en intelligence avec l’Extérieur notamment, l’accusaient de haute trahison pour refuser d’accéder à la demande de sa libération émise par la CEDEAO. On se souvient donc que les militaires l’accablaient de haute trahison, un grief suffisamment grave pour lequel, face à des appels à sa libération, le CNSP a opposé un niet catégorique car ce qu’il aurait fait, aucun autre pays ne peut accepter qu’un de ses citoyens reconnus, même pour revendiquer un pouvoir perdu, ne le fasse, notamment à demander à couper l’électricité sur tout un peuple et à appeler aux sanctions les plus inhumaines contre ses compatriotes. On n’oubliera pas aussi, sa tentative d’évasion, préparée à l’hollywoodienne comme dans un polar pour l’exfiltrer du palais puis du pays pour l’amener quelque part à l’extérieur, certainement, avisent les avertis, pour animer la résistance en retrouvant certains de ses ministres fuyards, auprès de la CEDEAO et sous la protection de la France qui tient à son retour au pouvoir. Aussi, il va sans dire qu’en fouillant la gestion qui a été la sienne, pendant deux ans et demi, l’on trouvera d’autres accusations à porter contre lui.

Jeux troubles de certains magistrats de la Cour d’Etat ?

On apprenait donc que le dossier pour la levée de son immunité est arrivé depuis quelques jours à la Cour d’Etat. Mais, selon nos sources, des juges de cette Cour joueraient au dilatoire pour bloquer le processus afin de ne pas avoir de procès contre le président déchu : une attitude inqualifiable dans un pays où les Juges voudraient faire croire que tous les enfants du pays seraient égaux devant la loi et qui pourrait friser une autre haute trahison. Cette information est assez grave en ce qu’elle met aussi en jeu, en même temps, la crédibilité de notre justice et surtout d’une juridiction d’une telle importance que celle du CNSP qui avait mis en place cette Cour de laquelle beaucoup d’observateurs avaient douté depuis qu’ils relevaient la personnalité controversée de certains qui la composent. Dans ce pays, personne n’est indispensable. Tous ceux qui ne peuvent pas travailler pour le peuple, et pour le Droit, ne sont pas forcément utiles, étant entendu qu’ils ne peuvent être les seuls à avoir étudié le Droit pour en faire ce qu’ils veulent. Un juge, et un bon, ne fonctionne pas avec le coeur mais avec sa rationalité pour ne jamais oublier qu’il est appelé à rendre justice au nom du peuple.

Il ne faut pas que de tels comportements de certains hommes viennent saper le travail enthousiaste d’assainissement que l’armée nationale, sous la houlette du CNSP, voudrait faire pour le peuple. N’est-ce pas que, depuis des mois, des analystes n’ont pas manqué d’alerter le CNSP sur certains de ses choix pour lui faire observer qu’avec certains qui ont été au coeur de l’ancien système, il est impossible de régler bien de problèmes dans ce pays, toute chose qui, si elle arrivait, serait perçue comme une trahison du peuple. Il faut craindre que ces questions graves, ainsi que le système déchu s’y déploie, ne viennent diviser le gouvernement et le CNSP quand on sait que les deux groupes pourraient être composés d’un certain cocktail qui ne peut permettre d’avoir l’harmonie indispensable pour la bonne marche de la transition. Le CNSP doit faire attention à lui-même car nous avertissions que le PNDS pourrait n’avoir pas dit son dernier mot, ayant plusieurs flèches à son arc, sans oublier aussi que la France a promis de faire échouer la transition nigérienne. Or, le CNSP travaille encore avec certains des hommes du régime renversé.

Les Nigériens n’avaient peutêtre pas eu tort de douter souvent. Les yeux sont désormais braqués sur la Cour d’Etat dont les locaux risquent d’être envahis par les différents mouvements patriotiques en lutte pour rendre justice au peuple et pour la souveraineté du Niger.

Ali Soumana (Le Courrier)