Issoufou Mahamadou : polémique autour de ses déplacements publics post-présidence
Issoufou Mahamadou : que faut retenir des extravagances de l’ancien président ?
Ce n’est pas, faut-il en convenir, pour quelques rancunes, que le comportement d’Issoufou depuis qu’il quittait le pouvoir, sous Bazoum et sous la transition, agace les Nigériens mais bien parce que ce comportement tranche avec les principes et les valeurs de la République. Dans un pays, il n’y a qu’un seul Chef. Bazoum a fini par l’apprendre à ses dépens, depuis qu’il ne pouvait appeler à l’ordre son bienfaiteur qui marchait sur ses platebandes, méprisant presque son autorité pour lui disputer l’entièreté de son pouvoir bricolé. Les Nigériens avaient décrié un tel comportement, disant ne pas s’accommoder d’un bicéphalisme à la tête de l’Etat. On apprend qu’Issoufou partait dans sa région natale pour présenter des condoléances, une raison qui ne saurait d’ailleurs justifier cette exposition à laquelle il se livre comme s’il est encore le président du Niger. Sa page est tournée, il doit l’accepter. Il n’est pas un Dieu mais un homme. Et comme un autre. Il faut être humble. Faut-il croire que pour partir dans une autre région, il lui faudrait les mêmes bains de foule, les mêmes fantaisies ? Ou bien veut-il faire croire qu’il arrivait là « chez lui », dans une autre république, toute chose qui ne peut s’accommoder des valeurs de la nation, et notamment pour un homme qui aura eu la charge et l’honneur de diriger une nation ? Peut-il donc comprendre que c’est au nom d’un tel principe qui oblige à se mettre au-dessus de la mêlée que certains anciens présidents, humblement, même lorsqu’il leur arrivait de partir dans des régions du pays qui pourrait être leur « chez eux », ils faisaient leurs déplacements dans la discrétion, revenant sans tambour, ni trompette ? Avec un tel comportement, l’ancien Président vient dire aux Nigériens qu’il ne peut pas être l’homme d’Etat dont ses compatriotes voudraient le voir porter les valeurs pour, finalement, mettre à mal une transition qui doit déjà souffrir d’être soupçonnée d’être son protecteur et ainsi, donner aussi raison à ceux qui avaient fait entendre que le coup d’Etat serait une de ses manigances. Pourquoi donc, ne veut-il pas faciliter la tâche aux militaires ? Que veut-il ? Que cherche-t-il ? En vérité, c’est même sa région qu’il n’aide pas à rentrer dans la nation quand en tout, il ne peut chercher sa grandeur que dans la régionalité. Le Niger est une nation fragile et ne peut avoir besoin de tels comportements surtout en cette transition que de tels comportements mettent à mal. Pour quel intérêt, quand il sait que de tels comportements agacent, continue- t-il quand même de les poser au milieu des malaises nigériens ? Est-ce pour narguer les Nigériens et montrer que le CNSP reste son instrument avec lequel il réussit à régler son conflit avec son ancien ami ?
Il n’y a aucune raison pour justifier qu’un ancien président, parce qu’il va « chez lui » qu’il s’offre de telles extravagances qui viennent dire que l’homme, ainsi que sa gouvernance l’a montré, n’a que faire de la construction de la nation, et donc de la cohésion du pays, lui qui ne voit son existence qu’au travers de la région dont il se plait à manipuler l’opinion pour construire un mythe autour de sa personne. Issoufou est un problème pour ce pays et pour sa révolution. Et le CNSP finira par le comprendre même s’il continue à faire la sourde oreille. Les Nigériens, eux, regardent. Et forcément, un jour, ils sortiront de leurs silences.
Korombeysé (Le Canard en furie)