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Issoufou Mahamadou : L’étau se resserre

S'il y a un homme que les Nigériens ont l’impatience, non par méchanceté, de voir trainé devant les tribunaux pour répondre de dix années de cynismes politiques et de cruautés humaines, de gabegie et d’injustice, c’est bien Issoufou Mahamadou, l’ex président de la République qui a réussi, en dix ans, par se mettre tout un peuple sur son dos, devenant de loin le dirigeant le plus impopulaire que le Niger ait connu depuis 1960 qu’il accédait à son indépendance. C’est à travers un article de Francis Sahel du Monde Afrique du 23 septembre 2023, intitulé « Uraniumgate, les dérives de l’ex-président Issoufou » que l’on découvre l’autre face cachée de l’homme qui a réussi à tromper tout le monde sur sa personne. Alors que les Nigériens le huent et le rejettent, la France et certains partenaires, malgré l’irréfutabilité des allégations portées contre sa gestion, continuaient à le décrire comme un modèle, donnant de lui l’image d’un acteur politique incomparable et ce jusqu’à ce que, par le coup d’Etat du 26 juillet 2023, enfin, Emmanuel Macron découvre la nature complexe de son champion. Pour comprendre comment l’homme a pu tromper tant d’autres mondes, selon Francis Sahel, il faut interroger les stratégies développées par le socialiste nigérien qui a « À coup de campagnes de communication chèrement payées, dont une partie essentielle assurée par l’agence Image 7 de la communicante Anne Meaux, l’amie de Anne Lauvergeon, elle-même proche de Mahamadou Issoufou, l’ex-président [a réussi] à vendre [de lui] à l’étranger la figure d’un homme politique intègre et irréprochable au point où certains de ses compatriotes se demandent souvent si leurs interlocuteurs étrangers leur parlent bien de la même personnalité. Derrière la façade et l’affichage, l’ex-président a été l’artisan d’une répression implacable contre ses opposants ». Il n’est donc pas surprenant de constater, selon le même article : « Alors que sa bonne gouvernance est célébrée à l’étranger, [que] l’ex-président [ait] laissé en héritage un clientélisme d’Etat, de lourds dossiers de corruption et de détournement de deniers publics, dont le plus emblématique porte sur un préjudice de près de 78 milliards (environ 117 millions d’euros) au détriment du ministère nigérien de la Défense, connue aussi sous le nom de « MDN gate ». Uranium gate, MDN gate et bien d’autres affaires ont été laissées en héritage par l’ex-président qui a eu le génie de projeter une toute autre image de lui à l’étranger ». Issoufou ne pouvait donc pas être l’homme dont il a faussement donné l’image au monde au point de croire que, sous nos tropiques, il serait incomparable et unique.

Une image abimée…

C’est dans un autre article, une semaine plus tôt que le même journaliste, à travers « Niger : l’ex-président Issoufou indésirable en France », publié le 19 septembre 2023, que Francis Sahel rend compte de la grave déchéance de l’ancien président nigérien hier adulé par la France et certains partenaires. En effet, de cette image artificiellement construite, il n’en reste plus rien, car tout autour de l’homme s’est effondré comme un château de cartes. On apprend ainsi que « l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou est en grande perte de vitesse à l’international : il n’aura pas de tribune à l’Assemblée générale des Nations unies et plusieurs chefs d’Etat ouest-africains refusent désormais de le prendre au téléphone ». Il est donc devenu un paria, fui par ses pairs dont aucun ne voudrait aujourd’hui commercer avec lui car ils le rendent responsable, à tort ou à raison, de ce qui est arrivé au Niger depuis la nuit du 26 juillet dernier. Comment pouvaient-ils penser, eux qui avaient cru que « Lauréat du prix Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance en 2021, président du Panel de haut niveau des Nations unies, membre du Comité scientifique de l’Université Al- Azhar du Caire, médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso, Champion pour la Zone de libreéchange économique continentale (ZLECAF) : l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou[qui] avait un boulevard devant lui, après son départ du pouvoir, pour réussir une carrière internationale [, puisse aujourd’hui dégringoler de son piédestal ?] Certains [pourtant] lui prédisaient même [souligne- t-il] le destin de succéder un jour à Antonio Guterres à la tête des Nations unies. L’ex-président Issoufou travaillait lui-même à asseoir sa stature internationale, en parcourant le monde entier pour prendre part à des conférences internationales, à coups d’affrètements de jets privés ». 

Pourtant les vanités de l’homme qui manque gravement d’humilité auraient pu aider le monde qu’il trompait à son propos à comprendre qu’il ne joue que sur le paraitre au lieu de l’être. Pour avoir dirigé le Niger, l’homme ne pouvait plus accepter de vivre modestement. Et pourtant, il n’a été que le président du pays qui, durant son magistère, dix ans durant, avait été invariablement classé dernier de la planète, montrant ainsi qu’il ne faisait rien bouger dans son pays sinon que de le piller pour ses rêves de gloire éternelle. Comment ce président qui s’achète un avion présidentiel « France-au-revoir » à prix d’or pour y installer, pour ses excès d’orgueil, un lit comme si avec tant de défis qu’il avait à affronter il pouvait avoir la conscience tranquille pour dormir dans les airs, peut-il s’offrir ces extravagances de prince pétrodollar ? En effet, ainsi qu’on l’apprend sous la plume de Francis Sahel, « Depuis son départ du pouvoir, en avril 2021, huit fois sur dix, Issoufou n’a pas pris de vol commercial. Il adore les vols spéciaux, comme du temps où il régnait sur le Niger ». L’homme a eu des milliards, s’inscrivant dans la High-class pour ne plus voyager comme un citoyen ordinaire. On comprend que pendant que le président en exercice garde la garde présidentielle, lui, comme pour défier son prédécesseur, retient avec lui une partie pour continuer à cultiver ce culte de la personnalité et maintenir un certain mythe autour de sa personne qui a obligé certains de ses fans à le vénérer. 

Fin du mythe Issoufou… Bâtie sur du faux, l’image de l’ancien président a vite dégringolé. Isolé, aujourd’hui l’homme ne peut oser aucune sortie. Avec les Nigériens, déjà, ça ne va pas et, depuis des jours, avec l’extérieur, c’est aussi le grand divorce. Personne ne parle de lui en bien. Les échos qui viennent du pays, dans les différentes manifestations de soutien au CNSP, montrent bien que l’homme n’est pas aimé des Nigérien. L’annonce de son soutien calculé en préparation a tout de suite provoqué des cris d’indignation qui ont dû contraindre les autorités à se priver d’un tel soutien-problématique. En tout cas, ça va mal pour l’image d’Issoufou Mahamadou. Selon Le Monde Afrique « L’agenda international de l’ex-président nigérien s’est progressivement dégarni : plus de conférence internationale, plus de voyage à l’étranger en jet privé depuis plus de 50 jours ». Son étoile s’assombrit : l’homme n’a eu que ce qu’il mérite, disent ses détracteurs. On apprend même par le même journal que « Selon une source nigérienne, le side-event sur le Sahel auquel il devait participer a été retiré du programme officiel [de la dernière Assemblée Générale des Nations- Unies]. Alors que sa présence aux grandes rencontres, en sa qualité d’ancien chef d’état ayant favorisé une alternance pacifique dans son pays était implorée, Mahamadou Issoufou sent désormais le souffre […] », les uns et les autres pouvant enfin se rendre compte qu’il manigançait cette parodie d’alternance pour son propre agenda, et non pour la promotion de la démocratie dans le pays. 

Un homme qui s’est compromis… 

Issoufou Mahamadou n’était pas un homme riche. C’est normal car il n’a été, comme beaucoup d’autres nigériens, qu’un salarié même s’il avait travaillé chez Areva. C’est normal aussi parce qu’il n’est pas issu d’une famille connue pour être des richissimes du pays. Il était humble et venait de milieux modestes. Peut-être que de telles origines justifiaient ses choix idéologiques vite prostituées par les fanfaronnades qu’il pouvait avoir par ses relents bourgeois. Il était devenu difficile de voir en lui le socialiste. Aujourd’hui, on peut croire qu’au-delà du Niger, l’homme peut avoir des soucis à se faire quant à la probabilité de dossiers judiciaires que la justice française pourrait montrer contre lui surtout qu’il n’est plus en odeur de sainteté avec les autorités françaises qui ont fini par se dégoûter de sa personne. Comme les Bongo et autres dirigeants africains, en d’autres temps, en bon terme avec la France tant qu’elle peut se servir d’eux, mais qui ont fini par avoir des ennuis judiciaires avec la justice de l’Hexagone, l’ancien président nigérien, pour sa fortune amassée illégalement et dont parle la presse française, pourrait aussi avoir à en répondre de sorte que, désormais, pour vivre, le meilleur endroit pour lui, pourrait être « l’enfer » du Niger car les voyages qu’il aime tant sont désormais à hauts risques pour lui. Comment peut-il avoir confiance à ces relations qui se brouillent avec le monde occidental qu’il a servi avec abnégation pour espérer de sa part les mêmes protections ? « Il n’en attendait pas tant lui qui venait d’acheter un pied-à-terre dans le 15ème arrondissement de Paris, justement pour passer du temps dans la capitale française et revoir « ses amis français ». Désormais, Issoufou laisse plutôt à Paris l’image de celui qui a trahi Bazoum, mais surtout de celui par qui sont arrivés tous les malheurs de la France au Niger ». Issoufou a donc en France, à Pâris, un luxueux appartement qu’il n’a pourtant pas déclaré dans la liste de ses biens transmis à la Cour des Comptes. L’homme, on le découvre, s’est enrichi, vachement. De manière illicite. Il n’est donc pas exclu que les médias français comme dans le cas des « Congo hold-up », dans les prochains jours, parlent aussi de « Niger Hold-up » pour révéler à l’opinion les graves crimes d’un régime qui s’est pourtant fait passer pour le meilleur. On apprend d’ailleurs davantage sur l’étendue de sa fortune dans l’article du 23 septembre 2023. Francis Sahel annonce qu’ « En attendant les développements judiciaires en France mais aussi aux Etats-Unis où la justice s’est aussi saisie de cette affaire, les Nigériens commencent déjà à voir plus clair sur l’origine de l’enrichissement éclair de leur ex-président. Entre appartement luxueux acheté dans le 15ème arrondissement de Paris, voitures de luxe, villas avec héliport en construction sur les rives du fleuve Niger à Niamey, comptes en banque garnis en France, au Niger, en Afrique du Sud et à Dubaï, Mahamadou Issoufou a bâti en dix années au pouvoir (2011-2021) une fortune estimée au bas mot entre 10 et 15 millions d’euros ». C’est sans doute pourquoi les Nigériens tiennent à ce qu’il soit jugé car au pays aussi, on s’est, si ce n’est par des prêtenoms et autres sociétés-écrans, rendu compte de l’immensité de ce qu’il a érigé comme domaines qui constituent sa fortune. La CoLDEFF, un jour, viendra dresser la liste de cette fortune insolente qui insulte le socialisme qu’il prétendait porter sur l’échiquier politique nigérien. /p>

Dans la marginalité… 

Issoufou, découvert dans un tel jeu qui trahit ses promesses et son socialisme, n’est plus que l’objet de rejet de la part des Nigériens mais aussi du monde extérieur qui finit par lever le masque qui le protège. Personne ne veut plus de l’homme. Les réseaux sociaux ont abondamment distillé les rejets dont il est désormais l’objet dans le pays. Ailleurs, c’est pire : selon Francis Sahel, « Plusieurs chefs d’Etat ouest-africains, dont l’Ivoirien Alassane Ouattara, ont refusé de prendre au téléphone Mahamadou Issoufou après une remontée d’informations et des recoupements, y compris auprès de son prédécesseur, sur son rôle ambigu dans les événements du 26 juillet » et ce, même si pour beaucoup d’observateurs nigériens, il ne joue qu’à donner cette impression de complicité de sa part avec Tiani pour ainsi ruiner le capital de confiance que le nouvel homme fort du Niger a auprès du peuple nigérien dont il veut le séparer pour l’affaiblir et espérer ainsi se venger de lui et de ce qu’il considère, alors qu’il sait le faire mieux qu’un autre, comme une trahison à son endroit. Ses pairs ne sont pas seuls à le mettre en quarantaine. Lui-même a fini par comprendre que tout a pourri autour de lui. On apprend d’ailleurs que « L’homme d’affaires anglo-soudanais Mo Ibrahim fondateur du prix qui porte son nom serait également très remonté contre l’ex-président nigérien, son lauréat 2021 », précisant que « Malgré de nombreuses démarches, il n’avait pas réussi à entrer en contact avec Mahamadou Issoufou peu après le coup d’Etat ». 

Grand perdant… 

Les rêves de grandeur d’Issoufou s’écroulent. Tout ce à quoi il avait cru pour renaitre politiquement s’affaisse. Un monde s’effondre autour de lui. Ainsi, note Le Monde Afrique « […] l’ex-président Issoufou apparait d’ores et déjà comme le grand perdant de cette aventure militaire sur le terrain politique. Sa crédibilité internationale a en effet été totalement ruinée et sa place dans le jeu politique nigérien réduite à néant. Lui qui avait jusqu’ici la stature d’autorité morale du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) […] ». En voulant tout gagner on perd tout, avertissait La Fontaine dans ses Fables. Le président français qui, dépité par ce qui se passe au Niger, parle de « trahison politique », tout en étant celui « […] qui le tenait en grande estime, n’a plus parlé au téléphone avec l’exprésident nigérien depuis qu’il a découvert le rôle trouble qui a pu être le sien dans le coup d’Etat contre Bazoum. Macron « a fait le coeur ». De l’Elysée au Quai d’Orsay, en passant par le ministère des Armées, la côte de Mahamadou Issoufou a complètement dévissé pour tomber à zéro »./p>

De la compromission…

Il n’y a donc pas que ces fortunes, ces appartements luxueux parisiens, ces immeubles de haute gamme en bordure du fleuve, presque balnéaires, et tant d’autres domaines qui font douter d’Issoufou et de son socialisme «frelaté», de pacotille. Dans son article « Uranium gate, les dérives de l’ex-président Issoufou » du23 septembre 2023, Francis Sahel fait découvrir d’autres faits qui compromettent davantage l’ex-président nigérien. On apprend en effet, que« Le nom de l’ex-président nigérien apparait par deux fois sur la liste des personnes qui ont touché des rétro-commissions lors de l’achat en 2011 par Orano de 2500 tonnes d’uranium à la Société des patrimoines des mines du Niger (SOPAMIN) ». Démasqué « Sous le nom de code de T3, [selon le même article] l’ex-président a bénéficié d’un premier versement de 2,6 millions de dollars virés sur le compte d’une banque de Dubai. Les enquêteurs américains et français soupçonnent également Mahamadou Issoufou d’avoir été le destinataire, toujours sous le nom de code mystérieux de T3, d’un second versement de 800.000 euros virés sur un compte domicilié dans une banque genevoise. Au total, l’ancien président nigérien, dont les relations d’amitié avec Anne Lauvergeon sont notoirement connues, aurait touché pas moins de 3,4 millions de dollars ». C’est à croire que le socialiste ne venait pas pour construire un pays mais pour faire des affaires et se construire un empire que le CNSP devra rapidement démanteler pour remettre l’Etat dans ses droits partout où, par de tels actes, il aura été spolié. Pire, annonce Sahel, « les retombées financières de la transaction, qui rattrape aujourd’hui l’ex-président Issoufou et avec lui son directeur de l’époque, n’avait pas été inscrite au budget de l’Etat nigérien. Une partie des sommes qui aurait pu revenir au Niger est donc finalement allée sous forme de rétro commissions versées à des personnalités, dont l’ex-président ». Et les Nigériens peuvent enfin comprendre pourquoi Hassoumi Massaoudou s’agite à plaire dans cette affaire du coup d’Etat à la France dont la Justice ne peut s’en prendre à Issoufou, désormais persona non grata en France, sans demander des compte à son ancien directeur de cabinet aussi trempé dans le même dossier. La justice ne peut donc pas s’en prendre à l’ancien président sans associer judiciairement Hassoumi Massoudou qui avait été au coeur de la transaction. Comment cela aurait-il être possible quand on apprend qu’« Une autre partie aurait été versée sur le compte de la SOPAMIN domicilié dans une banque parisienne et sur lequel l’ancien directeur de cabinet du président Issoufou et [ancien] ministre nigérien des Affaires étrangères [en fuite] avait la signature » ? 

Issoufou, l’homme aux mille et un dossiers…

Issoufou Mahamadou, en vérité, est un gaffeur caché. Il se sert de ses hommes liges pour mener sa prédation qui lui a permis, usant de corruption et de détournement, à constituer l’insolente fortune sur laquelle il trône aujourd’hui et dont personne, à l’heure actuelle, ne peut déterminer l’étendue. Il ne faut pas oublier que son enfant, envoyé pour gérer le pétrole nigérien, a aussi fait son job à côté de Papa, que les mamans aussi – qui est con ? – ne chômaient pas dans le wassosso, aspirant aussi, comme mères-courage aux mêmes extravagances. On apprend de Francis Sahel qu’ « Outre l’uranium gate, différents milieux de la société civile nigérienne soutiennent que la signature de gré à gré, dans le cadre du Sommet de l’UA organisé en juillet 2019 à Niamey, de partenariats publics-privés (PPP) avec la Turquie pour la rénovation de l’aéroport international Diori Hamani (152 millions d’euros), l’Hôtel Radisson Blu (37 millions d’euros), l’Hôtel des finances (37 millions d’euros), ont pu alimenter l’origine de la fortune colossale de Mahamadou Issoufou. Depuis son départ de la tête de l’Etat, l’exprésident, devenu, entre autres, médiateur de la CEDEAO au Burkina Faso, président du panel onusien sur le Sahel, mène grand train, voyageant presque exclusivement sur des vols affrétés pour des conférences en Afrique, en Europe, aux Etats-Unis et dans le Golfe. De Bruxelles à Paris et Washington, en passant par Abidjan et Dakar, partout où il passe, les ambassadeurs du Niger sont sommés de mettre à sa disposition un véhicule «digne de son rang». En clair, leur propre véhicule de fonction ». Le peuple regarde le CNSP et attend que les actes suivent la parole. 

La COLDEFF a du pain sur la planche.

Mairiga