Institut Mamadou Tanja : Un projet académique ou un retour déguisé du MNSD ?
Par définition, l’institut est généralement un centre de recherches scientifique. Il a pour principale fonction la recherche et la création et ses missions peuvent inclure par extension l’enseignement, la formation, le service ou la vulgarisation. C’est un machin pareil que des Nigériens, regroupés sous le label de l’ancien président, Mamadou Tanja, ont créé, intriguant au plus haut point les Nigériens qui s’interrogent sur les véritables desseins des initiateurs de l’institut Mamadou Tanja pour la paix, la démocratie et le développement (IMT/PDD). De conjectures en spéculations, le débat public national s’est subitement enflammé. Au-delà des objectifs déclinés lors du lancement intervenu au Grand hôtel de Niamey, on en sait peu sur cet institut qui réunit une variété de personnalités politiques auxquelles il est difficile de trouver un dénominateur commun. Certes, la plupart d’entre eux sont de proches parents et/ou anciens collaborateurs de l’ancien président Tanja Mamadou pour ne pas dire du Mnsd Nassara.
À quelques petites exceptions près, tous les membres pointés, qu’ils soient du bureau exécutif provisoire ou membres du bureau d’honneur, tous sont reconnus pour être d’anciens militants du Mnsd Nassara. Est-ce un indice suffisant pour épiloguer sur une éventuelle résurgence du parti originel de Mamadou Tanja ? C’est un mince filet de démarcation que certains n’ont pas hésité à enjamber. Mais quel Mnsd lorsqu’on sait que des personnalités sulfureuses comme Tamboura Issoufou occupent dans cet institut des postes stratégiques tandis que l’ancien président de l’Assemblée nationale et ancien Premier ministre Seïni Oumarou trône parmi la liste époustouflante des conseillers. Deux personnalités qui se vouent une inimitié certaine, le sieur Tamboura ne manquant aucune occasion pour se livrer à un lynchage en règle de l’actuel président du Mnsd Nassara.
La longue liste des membres du bureau d’honneur donne l’impression qu’il ne s’agit pas véritablement d’adhésion volontaire de tout ce beau monde, mais plutôt de cooptation sur la base d’affinités sociales et/ou politiques. Autrement, il faut attribuer une palme à ceux qui ont réussi ce casting qui rassemble loups, brebis colombes et bergers.
La vérité sur les desseins de cet institut dont les initiateurs ont fait le baptême de feu dimanche 2 février 2025 n’est pas encore bien cernée. En attendant la formalisation du bureau exécutif et les premiers actes de l’institut pour se faire une opinion précise, nombre d’observateurs opinent sur le fait qu’il s’agit probablement d’une reconstitution du Mnsd. Quoi qu’il en soit, le nouvel institut, une première du genre dans l’espace sociopolitique, a un challenge des plus corsés. Pour promouvoir les valeurs de paix, de démocratie et de développement qu’ils disent être celles de feu Tanja Mamadou, les membres de l’institut auront fort à faire pour gagner en notoriété.
Un institut ayant pour mission essentielle la recherche et la création, celui qui vient de voir le jour et dont l’ancien Premier ministre Mamane Oumarou préside le bureau provisoire aura du mal à ne pas s’écarter des sentiers battus. Ce ne serait pas facile. Secrétaire général du bureau provisoire, Tamboura Issoufou est connu pour ne pas avoir sa langue dans sa poche. Sa présence dans le bureau provisoire, au poste stratégique de secrétaire général augure d’âpres combats politiques ou du moins des débats chauds. L’institut entreprendra-t-il des recherches sur les questions avancées ? Partagera-t-il les résultats de ses recherches ? Pour le moment, on n’en sait rien. Wait and see.
Laboukoye (Le Courrier)