Indignité politique : Le comportement des hommes politiques au Niger
Les partis politiques sont créés pour animer la vie politique de la société dans laquelle vivent des citoyens. Autorisés par le contexte du multipartisme, ils sont consacrés par les lois et règlements de la République, sur la base des droits que les citoyens ont de s’associer librement en fonction de leurs affinités et de leurs idéologies ou, même, des valeurs intrinsèques du leader. L’ambition de tout parti politique digne de ce nom, animé par des leaders et des militants tout aussi sensés être dignes, est de conquérir le pouvoir d’Etat afin de mettre en application son projet politique conçu comme son programme de gestion de l’Etat. Dans la libre concurrence et, à travers des élections démocratiques, autrement libres, inclusives, transparentes. Mais, depuis un certain temps, des hommes politiques et des militants ayant une certaine position dans l’appareil de leurs partis sont utilisés pour nuire à leurs formations politiques, incapables qu’ils sont de s’y imposer par leur charisme, leur capacité à mobiliser les militants autour d’eux, et par leur contribution militante pour le rayonnement du parti. Ils se saisissent de la moindre frustration ou contradiction, mineure soit-elle (ce qui existe partout), pour prendre langue avec l’adversaire, moyennant une contrepartie, généralement sonnante et trébuchante, dans l’espoir de détruire, nuire. Comme si l’adversaire au service duquel ils se mettent n’a pas subi plus de frustrations, d’échecs dans son parti sans pour autant le quitter ou le saboter. En général, ce sont des membres des bureaux politiques, des coordinations au niveau des régions, des départements et des communes, des députés, des élus locaux qui adoptent une telle indigne attitude. Une fois le forfait commis, ils retombent à leur corps défendant dans l’oubli, rejetés par leurs anciens camarades, pire, méprisés par leurs employeurs chez qui ils n’ont aucune dignité parce que s’étant vendus ou ayant servi de simples instruments pour nuire à leur famille politique d’origine. Fin minable tout à fait prévisible. Et que dire des militants de base qui sont toujours restés à leur place, sans même penser à une récompense politique. Ces hommes politiques au comportement indigne, sans aucun respect pour eux-mêmes, manquent de respect également au peuple pour le bonheur duquel ils prétendent oeuvrer. Ils pervertissent de la sorte les valeurs de notre société et les principes démocratiques. Jamais de mémoire d’homme le nomadisme et le mercenariat politiques n’ont atteint un tel degré inquiétant pour la stabilité de notre société. Pourtant en politique, il y a bien une morale parce que la politique vise avant tout le bien-être des hommes. Elle n’est donc pas l’art du mensonge, de la fourberie et de la traitrise, encore moins le lieu de tout faire comme le font croire certains, uniquement mus par leurs intérêts mesquins, et sans vision aucune. Qui conçoit la politique de cette façon, prend le fait, extrême d’ailleurs, pour le droit ; ce qui est pour ce qui doit être. En politique tout n’est pas permis, surtout dans l’Etat de droit,
car l’Etat lui-même est encadré et limité par la loi, malgré sa toute puissance apparente. A plus forte raison le citoyen. Et c’est pourquoi il y a des sanctions, d’abord des militants pour ce genre de comportements indignes, ensuite de la loi. Car, ceux qui achètent comme ceux qui se vendent violent les mêmes règles sociales et juridiques, subissent donc les mêmes sanctions. En attendant, c’est une vérité avérée et enseignée par l’histoire que l’homme politique qui se prostitue avec l’adversaire pour nuire à son propre parti politique n’a aucun avenir. Juste utilisé pour faire le sale boulot pour devenir dès demain la risée de tous. Quand on ne se sent pas chez soi dans un parti politique, quand on ne s’y reconnait pas, on démissionne pour adhérer au parti politique de son choix ou on crée son propre parti. Ainsi faisant, on aura même l’avantage de conserver ses anciennes amitiés car nous sommes membres du même corps social, citoyens d’un même Etat, unis par des liens multiformes. C’est avec ce comportement peu digne que des hommes manoeuvrent actuellement pour la libération de l’espace politique. Activités politiques suspendues depuis les événements du 26 juillet 2023, suite auxquels les nigériens ont décidé de prendre leur destin en main en engageant un combat pour la souveraineté nationale. Du reste, selon des sources crédibles, pour amener les autorités du CNSP à libérer l’espace politique, des partis membres de l’ancienne majorité se réunissent autour de leur gourou pour peaufiner des stratégies. Des stratégies pour amener ou contraindre le CNSP à libérer l’espace pour la reprise des activités politiques. Ce qui trahirait la révolution engagée pour la souveraineté nationale. D’ailleurs, avant de libérer l’espace, le CNSP doit procéder à son assainissement. Car le Niger a trop souffert des agissements de certains membres de sa classe dont le comportement n’honore pas la politique. En tout état de cause, le CNSP doit être vigilant pour ne pas tomber dans le piège de certains hommes politiques qui croient détenir des moyens financiers colossaux pour faire embarquer les nigériens dans le train de Bolloré.
Bisso (Le courrier)