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Il nous faut arrêter de nous faire toujours peur sans grande pertinence ! -Par Hamma Hamadou

 
Hamma Hamadou 01Mes chers frères et sœurs,
J'entends tout et son contraire par rapport à notre avenir post-CEDEAO.
En ces temps de doutes et d'incertitudes quant à notre avenir économique et social suite à notre retrait de la CEDEAO, il est naturel que des craintes et des questionnements émergent dans nos esprits. Cependant, il est primordial que nous ne nous laissions pas emporter par la peur injustifiée, mais que nous faisions preuve de rationalité et d'analyse.

Bien sûr, nul ne souhaite vivre isolé dans notre monde, mais la CEDEAO comme l’UEMOA, ce sont des unions inter-États, essentiellement douanières et économiques. Ces unions, ce ne sont pas des fusions des États membres mais des coalitions d'États aujourd'hui assimilables pour beaucoup à un satellite d'autrui.

En réalité, les échanges commerciaux entre les pays membres de l’espace de la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont faibles.

Selon des publications récentes, sur la période 1994-2019, le Burkina Faso (28,7% des exportations nationales globales contre 21,5% des importations), le Mali (37,8% des exportations contre 36,1% des importations) et le Niger (19,4% des exportations contre 12,2% des importations) étaient tous exportateurs nets intra-UEMOA. De même, sur la période 1975-2019, le Burkina Faso (34,6% des exportations contre 25,9% des importations), le Mali (39,8% des exportations contre 37,9% des importations) et le Niger (32,5% des exportations contre 18,8* des importations) étaient exportateurs nets dans le commerce intra-CEDEAO.

Mais, les pays de l’UEMOA et CEDEAO étaient et sont toujours tous importateurs nets extracommunautaires, à l’exception de la Côte d’Ivoire. Pour l’illustration, les importations des pays membres de l’UEMOA en provenance de la France étaient de 3,7 milliards d’euros quand leurs exportations à destination de la France étaient de 1,4 milliard d’euros en 2022.
La part des échanges intracommunautaires, en 2022, est d'à peine 10% de la valeur totale des échanges commerciaux des pays qui composent l'UEMOA, avec comme principaux biens échangés : le ciment, le sucre, le fer, le zinc, les huiles minérales, l’énergie, les savons, les tabacs, le bois, les matières plastiques, les graisses et huiles animales et végétales, des matières bitumineuses, de l’engrais, du sel, des animaux, des céréales, de l’oignon, de l’igname, du manioc, de la banane...

La Côte d'Ivoire et le Sénégal réalisent plus de 60% des échanges commerciaux de l'espace quand les 3 pays de l’Alliance des États du Sahel -AES- représentent environ 26% de ces échanges.

Le Burkina Faso (9% des importations intra-UEMOA contre 3,7% des exportations intra-UEMOA) et le Mali (1/3 des importations intra-UEMOA contre moins de 10% des exportations intra-UEMOA) sont des importateurs nets intra-UEMOA quand le Niger en est exportateur net (avec plus de 20% des exportations intra-UEMOA pour moins de 10% des importations intra-UEMOA). Ce qui veut dire que la balance commerciale des échanges intracommunautaires est positive pour le Niger et négative pour ses 2 alliés.

Selon les résultats des enquêtes nationales sur les mesures non tarifaires menées par l’agence conjointe de l’OMC et des Nations Unies, en 2021, par exemple, au Mali et au Sénégal, la majorité des difficultés rencontrées par les exportateurs de produits agricoles dans la zone CEDEAO, proviennent des exigences techniques ou d’évaluation de la conformité. Sans entrer dans des calculs savants, il existe une hétérogénéité dans les effets entre les deux blocs sous-régionaux.

Les résultats des deux unions douanières témoignent d’une influence de l’UEMOA sur le commerce intra-zone supérieure à celle de la CEDEAO. Les exportateurs trouvent ces réglementations trop strictes ou difficiles à prendre en compte dans la plupart des cas. La dynamique de l’intégration régionale dans l’UEMOA augmente, elle, de manière significative le commerce intra-zone et extra- zone alors que dans le cas de la CEDEAO, les résultats impliquent des effets de détournement de commerce d’exportation préjudiciables aux pays non membre. Par ailleurs, l’appartenance à l’OMC détourne le commerce intra-bloc des pays de l’Afrique de l’Ouest.

Notons que les principales faiblesses de l’UEMOA sont la faible productivité du capital, des infrastructures peu développées, l’insuffisance de l’offre énergétique, une faible industrialisation et une concurrence fiscale qui bénéficie davantage aux pays du littoral qu’à ceux de l’hinterland. Les 3 pays de l’AES étant aussi les seuls de l’hinterland.

Il est certes indéniable aussi que, pour le moment, notre pays est statistiquement un gagnant net des échanges intracommunautaires (CEDEAO et UEMOA), et cela pourrait susciter des inquiétudes quant à notre situation économique future. Cependant, il est important de garder à l'esprit que les statistiques et les données économiques nous invitent à la nuance et non à la panique.

Certes, notre retrait de cette communauté économique pourrait entraîner des ajustements et des défis à surmonter, mais il est essentiel de considérer également les opportunités qui nous seront offertes. En nous libérant des contraintes et des politiques communes, nous aurons la possibilité de renforcer notre indépendance économique et de développer de nouvelles relations commerciales avec d'autres pays.

Il est vrai que nous devrons faire preuve de créativité, de productivité, de compétitivité et de flexibilité pour maintenir notre position sur la scène économique internationale. Mais n'oublions pas que nous avons des ressources, des talents et un savoir-faire qui nous permettront de surmonter les obstacles et de prospérer.

Soyons confiants en nos capacités, en notre potentiel et en notre résilience. Les périodes de changement sont parfois effrayantes, mais elles offrent également l'opportunité de se réinventer, de se redécouvrir et de devenir meilleurs.
Plus que jamais, nous devons rester solidaires et nous soutenir mutuellement. Ensemble, nous serons en mesure de créer un avenir économique et social solide, prometteur et épanouissant pour notre peuple.

N'oublions pas que nous avons surmonté des défis par le passé et émergé plus forts. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une nouvelle épreuve, mais je suis convaincu que nous en sortirons grandis.

Soyons confiants, mes chers frères et sœurs, en notre capacité à nous adapter, à innover et à saisir les opportunités qui se présentent à nous. L'avenir économique et social de notre pays ne dépend pas uniquement de notre retrait de la CEDEAO, mais du travail acharné, de notre organisation, de la bonne gouvernance et de notre volonté collective à faire face aux défis et à construire un futur meilleur.

Il faut déjà souligner que, selon les projections les plus récentes de la Banque Mondiale et du FMI, les pays de l’AES ont de solides perspectives de croissance économique en 2024.

Ensemble, nous pouvons surmonter les doutes et construire un avenir économique et social prospère pour tous !

Par Hamma HAMADOU