Grand Barrage de la Renaissance en Éthiopie : quel écho pour le Niger et son barrage de Kandadji ?
Chantier du barrage de Kandadji L’Éthiopie a franchi une étape historique en inaugurant officiellement le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne (GERD), devenu le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique. Érigé sur le Nil Bleu, cet immense projet symbolise l’ambition d’Addis-Abeba de s’imposer comme puissance énergétique régionale, tout en suscitant de vifs débats diplomatiques.
Une prouesse technique et énergétique
Avec une capacité installée d’environ 5 150 MW, le GERD double pratiquement la production électrique de l’Éthiopie et ouvre la voie à l’exportation d’énergie vers plusieurs pays voisins. Son réservoir, baptisé Nigat Lake (lac de l’Aube), s’étend sur près de 1 900 km² et peut stocker jusqu’à 74 milliards de m³ d’eau.
Financé à plus de 90 % par l’État et la population éthiopienne, le chantier de près de 5 milliards de dollars est désormais présenté par les autorités comme un modèle d’autonomie et de mobilisation nationale.
Un projet aux répercussions régionales
Pour le Premier ministre Abiy Ahmed, l’inauguration du barrage marque « une victoire pour toute l’Afrique », ouvrant la voie à l’industrialisation et à l’électrification rurale. Plusieurs pays de la région envisagent déjà d’importer l’énergie produite.
Mais cette réussite éthiopienne ne fait pas l’unanimité. L’Égypte et le Soudan expriment depuis longtemps leurs inquiétudes quant à l’impact du barrage sur le débit du Nil, vital pour leur sécurité hydrique. Faute d’accord tripartite contraignant, les tensions diplomatiques demeurent vives.
Leçons pour le Niger : l’expérience du GERD face au défi de Kandadji
Au Niger, le barrage de Kandadji, en construction sur le fleuve Niger, poursuit un objectif similaire : garantir l’accès à l’énergie, soutenir l’agriculture irriguée et améliorer la sécurité alimentaire. Bien que d’une envergure moindre que le GERD, Kandadji représente un pilier essentiel de la stratégie nationale de développement.
L’expérience éthiopienne met en lumière trois éléments inspirants pour le Niger :
- l’importance de financements mobilisés localement et durablement sécurisés ;
- la nécessité d’une gestion hydraulique transparente et concertée avec les populations ;
- la valeur d’une coopération régionale renforcée, notamment lorsqu’il s’agit de ressources partagées.
Une dynamique africaine pour la souveraineté énergétique
À travers le GERD, l’Éthiopie illustre qu’un projet porté par une vision claire et une détermination politique peut transformer un pays et influencer toute une région. Pour le Niger, l’avancée du Kandadji s’inscrit dans la même quête de souveraineté énergétique et de résilience économique.
La comparaison invite à réfléchir : en capitalisant sur ses propres ressources et en consolidant ses partenariats, Niamey pourrait accélérer la concrétisation d’un projet stratégique qui, à l’image du GERD, deviendra un symbole national et régional.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)