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Gouvernance des partis politiques Faut-il prendre le mouvement ‘’Hamzari’’ au sérieux ?

Apparu, il y a quelques temps, comme un épiphénomène au sein du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS-Tarayya), le mouvement ‘’Hamzari’’, fondé par le frère aîné de l’actuel Ministre des Finances, Ahamat Jidoud, est en train de s’amplifier, au point d’inquiéter les caciques du parti rose. Faut-il le rappeler, ce mouvement se revendique d’un soutien au président Mohamed Bazoum contre la caporalisation de l’appareil du parti par les partisans de l’ex-président de la République, Issoufou Mahamadou. Au début discret, le mouvement a depuis lors pris de l’ampleur avec des meetings populaires organisés par son initiateur, El hadji Amadou Jidoud, sur les terres même du bastion électoral du PNDSTarayya, à savoir Tahoua. Même si, pour le moment, les télévisions ne sont pas présentes pour filmer ces meetings, les images en circulent sur les réseaux sociaux de la place.

Alors, la question que se posent les observateurs de la vie politique nationale est la suivante : doit-on prendre au sérieux le mouvement ‘’Hamzari’’, ou bien, au contraire, ne s’agirait-il là que d’une simple brise passagère estivale, une banale mauvaise humeur d’un militant frustré dont le PNDS-Tarayya est habitué depuis des années ? De tous les partis politiques majeurs nigériens nés de la revendication démocratique de la décennie 90, le PNDS-Tarayya est sans doute le seul qui peut se targuer, aujourd’hui, d’être resté uni et soudé, pendant que les autres formations politiques de sa génération (CDS Rahama, ANDP-Zaman Lahiya, MNSD-Nassara) étaient gagnées par le virus divisionniste au sein de leurs rangs. Non pas que le parti fondé par Issoufou Mahamadou et ses anciens camarades du lycée fût immunisé contre un tel virus, mais parce qu’il avait réussi, très tôt en faisant preuve de beaucoup de résilience et d’imagination créatrice pour booster hors de ses rangs tous les éléments perturbateurs susceptibles d’affecter l’unité et la discipline du parti. C’était déjà le cas avec Aji Kirgam, membre fondateur du parti, ayant été même le candidat proposé par ce parti au poste de Premier Ministre de la Transition post- Conférence Nationale de juillet 1991, qui avait tenté de remettre en cause le leadership d’un certain Issoufou Mahamadou, au lendemain de la déclaration du PNDS annonçant son retrait de l’Alliance des Forces du Changement (AFC), en septembre. La dissidence ainsi créée tourna vite court, car l’auteur avait été exclu du parti. C’était également le cas des Saïdou Sabo, Maître Souley Oumarou, Bagalam et consorts, qui avaient, à leur tour, essayé de remettre en cause la discipline de fer du parti rose, au milieu des années 2000. Là aussi, ce fut échec et mat pour ces frondeurs qui finiront par être exclus du parti.

En voilà pour la petite histoire des tentatives d’assauts contre la cohésion du parti rose qui seront, hélas, restées vaines ! Mais, en ce qui concerne le mouvement ‘’Hamzari’’, il a la particularité de se réclamer de l’obédience du président Bazoum qu’il dit aider dans la réalisation de son programme politique. C’est peutêtre cet aspect des choses qui lui éviterait le même sort qu’avaient connus les autres tentatives de dissidence du passé, c’est-à-dire l’exclusion. Mais, la question que l’on serait tenté de se poser pourrait être celle-ci : pourquoi le président Bazoum laisse silencieux face aux actes et paroles du promoteur de ‘’Hamzari’’ ? Le président Mohamed Bazoum cautionnerait- il, par ce mutisme bruyant, les faits et gestes de Amadou Jidoud ‘’le frondeur’’ ? Pourquoi ne le rappellerait-il pas à l’ordre, si tant était qu’il le désapprouvait ?

Certains caciques du PNDS-Tarayya ne sont guère dupes face à cette situation et en concluent à une possible caution présidentielle. Ainsi, serait née une guerre larvée au sein du parti rose. Les deux camps seraient en train de fourbir leurs armées pour l’hallali final. Peut-être que le temps serait venu pour le PNDSTarayya de goûter à son tour la sauce de l’éclatement que ses adversaires politiques ont longtemps attendu. C’est une loi de la nature, connue sous le nom de l’entropie, formulée en physique thermodynamique par le génial physicien allemand du 19e siècle, Rudolf Clausius, qui signifie, en termes plus prosaïques, que tout corps finira par l’autodestruction. Ainsi, les empires naissent, prospèrent, atteignent leur apogée et finissent par décliner pour disparaître. Il en est de même pour les partis politiques. Après plus d’une décennie de règne sans partage, écrasant littéralement la vie politique nationale, le PNDS-Tarayya n’a plus, aujourd’hui, manifestement, d’adversaire à sa taille. Son seul adversaire est peutêtre le PNDS lui-même, selon une fable bien connue du monstre n’ayant plus rien à se mettre sous sa dent, qui se voit contraint de dévorer sa propre progéniture pour survivre. Et après quoi, sans proie, il mourra de sa belle mort !

IB