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Gouvernance des médias publics au Niger : Deux femmes à la tête des plus grandes entreprises de presse du pays

La promotion de l’égalité hommes et femmes dans le secteur des médias au Niger a connu entre 2021 et le début de l’année 2023 une percée fulgurante. Et pour cause, deux femmes du «quatrième pouvoir» accèdent aux postes de Directrices générales au niveau des deux plus grands organes de presse du pays en l’occurrence la Radio et Télévision du Niger (RTN) dirigée par Mme Toudou Mariama Issaka et l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP) dirigé par Rabiba Aboubacar Bouzou. Journalistes de formation, ces deux femmes battantes sont toutes des «produits» de l’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC) devenu aujourd’hui l’Ecole Supérieure des Sciences de la Communication et de Media (ESCOM). C’est dire que le choix porté par les autorités actuelles sur ces deux femmes pour diriger les deux entreprises publiques de presse est une avancée fort significative.

A l’occasion de la célébration de la fête nationale de la femme nigérienne, ces deux jeunes dames nous plongent dans leur captivant et inspirant  parcours professionnel sans pourtant oublier les défis que leur impose cette lourde et exaltante responsabilité qui pèse désormais sur leurs épaules. Elles scrutent aussi avec minutie les perspectives qui s’offrent à elles pour l’essor de l’entreprise de presse relevant chacune de sa sphère de responsabilité.

«C’est aux femmes de se battre, de saisir toutes les opportunités. Le travail n’a pas de genre», Mme Toudou Mariama Issaka, Directrice Générale de la RTN

Forte de vingt-cinq ans d’expériences dans le domaine des medias, Mme Toudou Mariama Issaka, journaliste de profession a été promue en janvier 2023 à la tête de la Radio et télévision du Niger (RTN), la plus grande structure audiovisuelle de l’Etat. Cette femme qui était journaliste reporter, présentatrice du journal télévisé de 20h30, a séjourné dans tous les grands compartiments de l’institution. C’est avec aisance et pragmatisme, que cette femme des grands défis revient sur ses responsabilités au sein de cette chaine nationale.

A l’instar des jeunes de son âge, Mme Toudou Mariama Issaka a bien voulu s’inscrire à l’Université de Niamey après l’obtention du baccalauréat pour poursuivre ses études au département de Sociologie, mais cette option de départ fut vite déviée lorsqu’ un jour elle causa avec une de ses cousines qui réussit à la convaincre de faire du journalisme. Aussitôt, elle commença à suivre les programmes de la radio et à s’intéresser particulièrement au domaine. Elle chercha des informations concernant la formation avant de s’inscrire à l’IFTIC. Après l’obtention de son diplôme, elle a commencé sa carrière de journaliste-reporter en 1997 dans un media privé, Anfani, avant d’atterrir à l’ORTN  avec le titre de collaboratrice en août 1997. Elle travailla au niveau de la deuxième chaine nationale qui venait d’être créée TAL TV jusqu’en septembre 2001 où elle a été recrutée en tant que journaliste-reporter. De là, elle fut affectée à la station régionale de Zinder en 2002. Le séjour dans cette région n’a duré qu’un an. Elle revient à Niamey plus précisément au niveau de la télévision pour être présentatrice du journal télévisé jusqu’en 2010  où elle a été mise à la disposition du service commercial, bien qu’elle n’a pas reçu de formation en marketing. Les motivations ayant guidé ses supérieurs hiérarchiques étaient de booster ce service en affectant des journalistes qui sont connus pour une meilleure prise en charge des clients.  Selon eux, un visage bien connu peut faire prospérer les choses et améliorer le service. Deux ans après, le service a été érigé en direction commerciale et c’est tout naturellement qu’elle s’est vu confier cette direction, nouvellement créée où elle séjourna pendant dix ans. En 2019 Mme Mariama retourna pour une seconde fois à Tal tv mais en tant que Directrice de cette chaine jusqu’en janvier 2023 où elle a été nommée au poste de Directrice Générale de la RTN.

«Je suis consciente du défi à relever et compte sur le concours du personnel de la RTN déjà qualifié afin d’atteindre l’objectif visé. Etre professionnel, c’est apprendre, découvrir et bénéficier de l’expérience des ainés qui ont réussi et celle du personnel » dit-elle.

Des projets engagés en faveur de l’amélioration de la grille des programmes

Inspirée par une vision merveilleuse du monde numérique en ce 21ème siècle, la DG veut rendre visible leurs activités, pas seulement à la radio et ou à la télé mais également sur les medias sociaux. Oui, dans un souci grandissant de qualité, mais aussi d’innovation, la RTN compte avoir des programmes évolutifs adaptés à cette ère du numérique. D’ores et déjà, un comité a été mis en place et s’attèle pour être plus présent sur les réseaux sociaux. Des programmes qui comportent des informations sur la politique, l’économie, la société, les magazines de développement, de santé, des tranches d’animations sur la jeunesse, le sport et la culture.  «Nous sommes là et nous nous attelons chaque fois que cela est possible à améliorer la qualité de nos services pour répondre aux attentes des téléspectateurs et auditeurs. Nous avons plusieurs idées de reformes axées sur la digitalisation. Bien que datant de moins d’une dizaine d’années, la presse en ligne est en plein essor avec l’incursion à grands pas des réseaux sociaux dans la sphère de l’information. Beaucoup de sites sont sur Facebook, le réseau social le plus utilisé. Il faut que la RTN soit très présente sur les réseaux pour donner plus de visibilités aux informations dynamiques et crédibles», confie Mme Toudou.

L’ORTN est scindé en deux, la RTN ne diffuse plus, elle produit. «C’est pour cela que nous tendons vers l’opérationnalisation d’un changement radical, où la TNT nous impose d’avoir des notions en informatique. Il faut avoir une formation de base et d’autres notions comme le traitement, le montage, envoyer et être diffusé. Bref, c’est une métamorphose, il faut qu’on s’adapte pour évoluer ensemble avec les autres, ce sont des paramètres dont on doit tenir compte. Nous faisons un travail de communication de masse, il faut marquer une présence partout sur la radio, la télé et aussi et surtout sur les réseaux sociaux», explique la DG de la RTN. La révision des grilles est obligatoire pour pouvoir s’adapter au temps. Le comité dédié à ce travail a été mis en place par le ministre de la Communication avec un rapport bien ficelé. Faire des reformes avec la création des chaines. «Nous avons acquis du matériel de pointe, de dernière technologie, mais nous avons juste besoin de formation pour une exploitation rationnelle de ces équipements», a-t-elle fait savoir.

Une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation

Concilier la vie de famille et la vie professionnelle, est bien aisée selon la DG de la RTN. «La femme doit pouvoir travailler partout, il faut juste savoir gérer. Nous gérons tous ensemble, donc le problème ne se pose pas», assure-t-elle. Pour Mme Toudou, la journée nationale de la femme nigérienne est une grande opportunité pour la nigérienne, d’avoir cette journée qui lui est spécialement dédiée. Cette journée est une occasion de réfléchir, d’échanger, de se mobiliser en faveur de la lutte pour les droits des femmes. «Chaque année, les femmes doivent faire le point de ce qui a été fait et ce qui reste à faire sur la question de la place des femmes dans la société. La réussite a dépassé le cap du genre, du sexe, le Niger a évolué, on se donne la vie qu’on veut, on peut vivre sa propre vie», estime la DG de la RTN.

A travers la loi sur le quota, l’Etat du Niger a pris le genre en compte dans tout ce qui est projets et programmes. «C’est aux femmes de se battre, de saisir toutes les opportunités. Le travail n’a pas de genre,  nous sommes dans un pays qui a de l’avenir, qui crée ses opportunités. Nous devons nous fixer des objectifs et chercher à les atteindre», soutient Mme Toudou qui souhaite que la jeune génération aille plus loin que celle d’aujourd’hui dans tous les domaines. «Le seul secret dans la vie, c’est d’avoir confiance en soi. Quand vous êtes engagés, personne ne peut vous casser en mille morceaux. L’objectif c’est de se construire, de faire sa carrière, de tracer et de suivre  son propre chemin», explique la DG de la RTN. Elle invite les jeunes filles à suivre leurs rêves. «Quand on veut, on peut, mais il faut savoir apprendre, faire du bon travail. Quand vous faites du bon travail, vous le faites pour vous-même parce que c’est le travail qui va faire la différence. Les relations peuvent certes aider, la politique peut aider, seuls le travail et la persévérance payent» a relevé Mme Toudou Mariama Issaka. «A mes sœurs qui veulent embrasser la carrière de journaliste, je leur dirai tout simplement, rien n’est impossible, tant qu’on a la vie, on peut tout faire, tout envisager, une chose essentielle c’est d’avoir de l’audace», a-t-elle conseillé.

Par Aissa Abdoulaye Alfary(onep)

Source : http://lesahel.org/